DECRYPTAGE - D’après l’Insee, sur les 770.000 bébés nés en France en 2017, six sur dix sont nés de parents non-mariés. Une révolution. Dans les années 1980, il ne s'agissait que d'un enfant sur 10.
C’est un nouveau modèle familial qui est en train de s’imposer : en France, sur les 770 000 bébés nés en 2017, six sur dix sont nés hors mariage. C’est ce que révèle une étude de l’Insee publiée ce mardi, qui insiste sur le fait que le changement est énorme par rapport à il y a quelques années : au début du XXe siècle, c’était le cas de moins d’une naissance sur dix.
Un changement de la sociologie de la famille, au point que la France détient dorénavant le record des naissances hors mariage au sein de l’Union européenne, qui affiche une moyenne de 42,6 % de naissances hors mariage. Si la France caracole donc en tête, les naissances hors mariages sont toutefois devenues majoritaires dans huit pays sur les vingt-huit de l’UE : France, Slovénie, Bulgarie, Estonie, Suède, Danemark, Portugal et Pays-Bas. À l’inverse, dans huit pays, plus des deux tiers des naissances ont lieu dans le mariage. En particulier en Grèce, avoir un bébé sans être marié est rare : moins d’un cas sur dix. En Pologne, trois bébés sur quatre ont des parents mariés.
Quand les bébés nés hors mariage n'avaient pas les mêmes droits
A cela, plusieurs explications, à plusieurs niveaux. En France, le changement est particulièrement frappant. De 1901 à 1978, moins de 10 % des naissances avaient lieu hors mariage, à l’exception de quelques années pendant les deux guerres mondiales. Depuis 1979, la proportion des enfants nés hors mariage dépasse 10 % et ne cesse d’augmenter. Elle a dépassé 20 % en 1986, 40 % en 1997 et atteint 60 % en 2017. En cause, la diffusion du Pacs et des unions libre au détriment du mariage, ainsi que le recul de l’âge du mariage, qui ont rendu les naissances hors mariage majoritaires dès 2006 .
"Celles-ci ont pendant longtemps été perçues comme contraires aux normes sociales et les conceptions hors mariage donnaient souvent lieu à un mariage peu après la conception », note encore l’Insee. Il y a quelques décennies en effet, comme les naissances hors mariage n’étaient pas la norme social, les mères non mariées quand elles étaient enceintes et se mariaient avant la naissance du bébé (63% en 1970). Ce comportement ne concerne plus que 3% des mères aujourd’hui.
Changement de mentalités, donc, qui fait que les enfants hors mariages sont désormais le fait de couples stables, et les enfants hors mariage sont le plus souvent reconnus par leur père : en 1975, seulement 39% des enfants nés hors mariage ont été reconnus par leur père à la naissance, , contre 73% en 1995... et 84% en 2017. Autre raison qui a fait évoluer les choses : plusieurs lois votées depuis 1972, ont peu à peu assuré l’égalité des droits des enfants autrefois dits "légitimes" s’ils étaient nés dans le mariage et "naturels" dans le cas contraire, distinction qui a pris fin en 2009.
Différences culturelles et géographiques
Dans le détail, la part de naissances hors mariage en France varie suivant les régions. Elles sont plus fréquentes dans les départements et régions d’outre-mer (neuf naissances sur dix hors mariage en Guyane et à Mayotte, huit sur 10 en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion) ou encore dans l’Ouest (69 % en Bretagne et 67,8 % en Nouvelle-Aquitaine).
À l’inverse, les naissances hors mariage sont plus rares en Île-de-France : 47 % à Paris, et même 40,4 % dans les Hauts-de-Seine, 43,7 % en Seine-Saint-Denis, 46,7 % dans le Val-de-Marne ; ou encore dans l’Est, notamment les départements frontaliers de l’Allemagne et de la Suisse.
Ces différences de comportement s’expliquent par le fait que les types d’unions sont aussi différents suivant les territoires : le Pacs est plus représenté dans le Sud-Ouest et l’Ouest de la France métropolitaine et le mariage est plus fréquent en Seine-Saint-Denis et dans les Yvelines, ainsi que dans l’Est de la France.
Les naissances en baisse continue
Autre donnée permettant d’expliquer ces faits, les naissances hors mariages sont plus fréquentes chez les jeunes et varient suivant la nationalité des parents, et notamment de la mère : "C’est une pratique courante pour les mères de nationalité française, africaine (hors Maghreb), américaine ou océanienne", indique l’Insee. "En revanche, il s’agit d’un événement peu fréquent parmi celles de nationalité chinoise (24,4 %) et d’une situation assez rare pour les mères de nationalité algérienne, marocaine, tunisienne ou turque."
Hors de ces considérations, il faut sinon noter que les naissances continuent à diminuer : on dénombre 14.000 naissances de moins qu’en 2016 (-1, 8%). Depuis 2014, le nombre de naissances baisse chaque année, au point qu’il se rapproche du point bas des 25 dernières années en France (711 000 naissances en 1994). Le point haut avait été atteint en 2010 avec 802 000 naissances.
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