Inflation : les géants de la grande distribution font campagne contre une proposition de loi

T. D. avec AFP
Publié le 15 janvier 2023 à 18h26

Source : JT 20h Semaine

À travers un communiqué commun, plusieurs enseignes de grande distribution appellent les députés à la "responsabilité".
Elles visent un texte de loi qui doit rééquilibrer les relations commerciales entre fournisseurs et grandes surfaces.
Une modification de la législation se traduirait par une hausse de l'inflation, mettent en garde les signataires.

À travers un communiqué commun, les géants français de la grande distribution se sont mobilisé ce dimanche, afin d'appeler les députés à la "responsabilité". Il s'agit de protester et mettre en garde contre une proposition de loi portée par le député Renaissance du Val-de-Marne Frédéric Descrozaille. Selon neuf groupes du secteur, celle-ci "vise à empêcher la négociation commerciale au profit des très grands industriels et va dramatiquement et durablement alimenter l’inflation". Une mise en garde qui a justifié leur démarche, qualifiée selon leurs termes d'"inédite".

"Alors que de nombreux sujets sociaux mobilisent déjà une partie des citoyens, Auchan, Carrefour, groupe Casino (enseignes Casino, Monoprix, Franprix), Cora, E.Leclerc, Intermarché, Lidl, Netto, Système U appellent l’ensemble des députés (...) à mesurer les effets explosifs de cette proposition de loi", lancent de concert les enseignes.

Un texte pour gommer des déséquilibres commerciaux

Adopté mercredi en commission, ce texte doit être examiné lundi 16 janvier en séance publique, à l'Assemblée nationale. Sur le papier, il cherche, entre autres, à rééquilibrer les relations commerciales qui s'opèrent entre fournisseurs et grandes surfaces, ces dernières achetant leurs produits à des prix fixés suite à des négociations tendues. La nouveauté introduite par le proposition de loi consiste à statuer qu'en cas d'échec des tractations annuelles, le tarif demandé par les fournisseurs prévaut. Et non plus les prix de l'année précédente, tel que le prévoit jusqu'à présent la législation.

Pour la grande distribution, il est inacceptable de laisser un tel texte être voté. S'il était adopté en l'état, le risque serait grand de faire grimper encore le prix des pâtes, de la viande ou des yaourts vendus aux Français, alertent les signataires du communiqué. Une mobilisation qui intervient alors que ces produits ont déjà fait face en 2022 à une vague inflationniste de plus de 5%. "Cette proposition, ouvertement soutenue par les plus gros représentants d’intérêts de l’agro-industrie (Ilec), permettrait aux grands fournisseurs d’imposer unilatéralement leurs tarifs aux distributeurs, annulant la notion même de négociations commerciales", déplorent les distributeurs. Ils ajoutent que le texte "sera inévitablement préjudiciable aux PME (petites et moyennes entreprises, NDLR) françaises".

Par le biais de son cabinet, la ministre déléguée au Commerce Olivia Grégoire admet que la proposition de loi induit "un risque inflationniste". Pour autant, "nous travaillons avec le député et les autres cabinets concernés pour trouver un compromis acceptable par tous", ajoute l'entourage de la représentante du gouvernement. 

Plus véhémente, la présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale, Aurore Bergé, a pris pour cible la grande distribution. "Michel-Edouard Leclerc devrait mieux rémunérer les arboriculteurs plutôt que faire des campagnes de publicité contre cette loi", a-t-elle lancé sur LCI dans le cadre du Grand Jury. "Chez Leclerc le prix de la pomme, c’est 1,25 avec 30 centimes payés au fournisseur. Les hausses des marges de Leclerc sont importantes. Les centrales d’achat sont parties à l’étranger en Belgique. La grande distribution doit prendre sa part et doit rogner sur ses marges", estime-t-elle. À ses yeux, "l’industriel doit pouvoir dire 'j’arrête' si vous n’acceptez pas de revoir les prix d’achat."


T. D. avec AFP

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