La colère des Gilets jaunes

Les Gilets jaunes des groupes Facebook auront-ils bientôt un "représentant officiel" ?

Publié le 21 mars 2019 à 13h52, mis à jour le 21 mars 2019 à 16h35
JT Perso

Source : 24H PUJADAS, L'info en questions

GILET JAUNE - Dans une publication sur Facebook, Éric Drouet a jugé ce mercredi qu'il était temps de trouver un "représentant officiel". Une initiative qui ne fait pas l'unanimité.

Ils ne l’auront jamais assez dit : "les Gilets jaunes n’ont pas de leader". Mais quid d’un représentant officiel ? La question a été mise sur la table par Éric Drouet ce mercredi 20 mars. Celui qui fut à l’initiative du premier "acte" juge qu’il est désormais devenu essentiel d’avoir un porte-parole pour la suite. Une initiative largement saluée, mais aussi quelque peu controversée. 

Si certains Gilets jaunes sortent du lot, par leurs nombreuses apparitions dans les médias ou par le suivi de leurs "lives" sur Facebook, aucun d’eux n’a pu prétendre être le porte-parole officiel de ce mouvement inédit. Et ceux qui ont osé s’autoproclamer comme tel ont depuis perdu toute crédibilité auprès de leurs pairs. On se rappelle par exemple des cas de Jacline Mouraud, Christophe Chalençon ou plus récemment Ingrid Levavasseur

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Mais face à ce qu’ils considèrent comme des "attaques" du gouvernement, notamment après les propos de Christophe Castaner jugeant que Maxime Nicolle et Éric Drouet devaient être tenus responsables des dégradations commises sur les Champs-Élysées, il semble plus que jamais nécessaire pour eux d’avoir un représentant pouvant défendre le mouvement, en particulier dans les médias. Ce mercredi, Éric Drouet écrivait même que "le temps presse". 

Capture d'écran d'un sondage mis en ligne par Eric Drouet sur Facebook le mercredi 20 mars dans lequel il propose François Boulo comme représentant des Gilets jaunes
Capture d'écran d'un sondage mis en ligne par Eric Drouet sur Facebook le mercredi 20 mars dans lequel il propose François Boulo comme représentant des Gilets jaunes - Capture d'écran / FACEBOOK

Comme il en a désormais l'habitude, le Gilet jaune a dès lors proposé son idée dans un sondage. Et a mis en avant François Boulo. Cet avocat de 33 ans, initialement élu porte-parole par les Gilets jaunes de Rouen, est salué dans les groupes pour son flegme et sa connaissance des dossiers. Preuve de sa notoriété, il avait été élu, en janvier, "personnalité préférée" des groupes Facebook [la question avait été posée sur Compteur officiel de Gilets jaunes, qui dénombre 1.840.000 membres]. C’est donc sans surprise que, à peine quinze minutes après le partage du questionnaire, ils étaient 3000 à voter en sa faveur. 

"On ne peut pas décapiter un mouvement sans tête"

Problème : quelques heures après son lancement, l'initiative a été abandonnée. Et les publications supprimées. Et pour cause, comme très souvent, il y a désaccord. Maxime Nicolle est ainsi monté au créneau dès le soir même. S’il a pris ses précautions en écrivant qu'il s'agissait bien d'un "avis personnel", il a tout de même partagé auprès des membres de son groupe qu’il ne "souhait[ait] pas être représentant ou en avoir un". Une position qu’a toujours tenue celui qui s’est fait connaître sous le pseudo Fly Rider, expliquant de nombreuses fois que, d'après lui, "on ne peut pas décapiter un mouvement sans tête". 

Capture d'écran d'une publication de Maxime Nicolle datant du 21 mars
Capture d'écran d'une publication de Maxime Nicolle datant du 21 mars - Capture d'écran / FACEBOOK

Sauf que cette fois-ci, les Gilets jaunes ne semblent pas d'accord avec l'opinion de cette figure historique. S'ils paraissent, comme par le passé, partagés sur la question, la grande majorité des commentaires sous la publication trouve que la suggestion est bonne, et même primordiale. "J'en ai marre de nous voir imposer des faux Gilets jaunes dans les médias", fustige un internaute. "Il est temps d’avoir un groupe pour nous représenter ça ne peut pas durer comme ça", confie un autre. 

Devant ces réactions, Éric Drouet a tenu à défendre son projet et à rassurer les plus réticents. Ceux qui, d’après lui, ont un "blocage avec le terme représentant". "Trouvez un autre terme si vous voulez mais il nous faut bien quelqu'un capable de nous défendre face aux médias", écrit-il sur Facebook. "Vous préférez vous faire salir sans pouvoir répondre parce que ‘on ne veut pas de représentant’ ?", demande-t-il à ces Gilets jaunes réfractaires.

Capture d'écran d'une publication Facebook d'Eric Drouet, le 20 mars
Capture d'écran d'une publication Facebook d'Eric Drouet, le 20 mars - Capture d'écran / FACEBOOK

Le routier de 34 ans rappelle également que le rôle du porte-parole sera exclusivement la communication. Il ne prendra "pas de décision (...) sans l’accord de tout le monde". Et évidemment, au moindre faux pas, il sera congédié. "Le premier qui fait de la merde on peut aussi le virer." 

Si le débat paraît encore loin d’être tranché, il est néanmoins déjà possible de se faire une idée du côté vers lequel penche la balance avec une comparaison des "likes" : alors que Maxime Nicolle en affichait 1800 jeudi en fin de matinée, Éric Drouet récoltait, lui, 6100 pouces levés. 


Felicia SIDERIS

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