LA CHARTE - C'est un sujet dont on a beaucoup entendu parler ces dernières mois lors de chaque semaine de la mode : les mannequins trop jeunes, et/ou trop maigres étaient pointées du doigt. Alors que la France a légiféré sur le sujet, les deux géants LVHM et Kering ont rédigé une charte commune pour protéger les mannequins.
Elle vient d'être rendue publique et devrait entrer en application dans les prochains jours. LVMH et Kering, deux géants du luxe propriétaires de marques comme Dior, Vuitton ou encore Gucci et Saint-Laurent, ont adopté une charte commune pour interdire notamment le recours à des mannequins trop maigres et âgées de moins de 16 ans.
Ce "pacte" a été rendu public, ce mercredi, alors que la Fashion Week de New York démarre jeudi 7 septembre et engage désormais les maisons de luxe sur "le bien-être des mannequins et leurs relations de travail". Une démarche inédite après les nombreuses polémiques sur la jeunesse et l'état de santé des mannequins qui aura pour but de ne plus reproduire les conditions d'un casting de la marque Balenciaga, lors de la fashion week parisienne en février dernier.
Le déclic "Balenciaga" ?
Une centaine de mannequins avaient été forcées d'attendre dans la pénombre d'une cage d'escalier alors que les deux directeurs de casting ... étaient partis déjeuner. C'est James Scully, un directeur de casting concurrent qui avait dénoncé ce traitement "sadique et cruel" dans un post instagram qui avait fait grand bruit à l'époque.
La marque s'était alors désolidarisée de cette affaire en annonçant qu'elle ne travaillerait plus avec l'agence de mannequins responsable. "Balenciaga condamne cet incident et reste profondément engagé à assurer les conditions de travail les plus respectueuses pour les mannequins", disait le communiqué. Un événement qualifié d'"incident" par la maison qui ne devrait plus se reproduire à l'avenir. En tout cas, les maisons de luxe s'y engagent désormais.
Une charte qui "change la donne"
Pour que pareils impairs ne reviennent pas noircir la réputation des deux marques, la charte prévoit donc une série d'engagements destinés à s'appliquer immédiatement dans le monde entier, lors des séances photos pour des campagnes publicitaires et les défilés de mode des marques appartenant à ces deux géants français (Gucci, Bottega Veneta, Saint Laurent, Balenciaga, Alexander McQueen, Christopher Kane, Stella McCartney pour Kering, et Dior, Vuitton, Givenchy, Céline, Kenzo, Fendi, Loewe, Berluti, Pucci, Marc Jacobs et Loro Piana pour LVMH).
"Nous voulions aller vite et frapper fort, pour que les choses bougent vraiment, et essayer d'inciter au maximum les autres acteurs de la profession à nous suivre", a déclaré à l'AFP le PDG de Kering, François-Henri Pinault. Antoine Arnault, membre du conseil d'administration de LVMH et fils du PDG Bernard Arnault, a salué une charte qui "change vraiment la donne".
Un certificat médical plus récent et des tailles de prototypes revues à la hausse : exit le taille 32 !
Les engagements de la charte vont au-delà de ce que prévoit la loi sur l'emploi des mannequins entrée en vigueur en France en mai. La charte requiert ainsi la présentation d'un certificat médical datant de moins de six mois, tandis que la loi prévoit que ce certificat -prenant notamment en compte l'indice de masse corporelle (IMC) du mannequin-, peut remonter jusqu'à deux ans.
Alors que la maigreur des mannequins fait régulièrement polémique, les marques s'engagent également à bannir les tailles les plus petites, inférieures au 34 (taille française) pour les femmes et 44 pour les hommes. "La disposition sur la taille, couplée au certificat médical de moins de six mois, est une mesure très forte qui va nous permettre d'avancer", s'est félicité François-Henri Pinault.
Autre problème, la taille des prototypes des vêtements, ceux que l'on voit sur les mannequins lors des défilés. "Beaucoup de gens ne connaissent même pas l'existence de la taille 32", a reconnu Antoine Arnault. "Mais un certain nombre de créateurs faisaient faire leurs prototypes en 32. C'est maintenant terminé, les tailles seront désormais à partir du 34, ce qui est déjà assez petit", a-t-il déclaré à l'AFP.
Il y a eu des abus
Antoine Arnault
Autre engagement pris dans cette charte, celui qui concerne l'embauche des mannequins mineur(e)s. Les marques s'interdisent désormais d'embaucher des mannequins de moins de 16 ans pour des vêtements destinés à des adultes. "Il y a eu des abus", a estimé Antoine Arnault. "Une jeune fille de 15 ans n'a pas le bagage nécessaire pour affronter le monde difficile de la mode et du mannequinat", a ajouté le patron de l'entreprise, marié au mannequin Natalia Vodianova.
Ni le physique, d'ailleurs. Ce qui vaut régulièrement aux marques d'être pointées du doigt par les consommateurs ou simples observateurs. Car le jeune âge des mannequins est souvent critiqué : des adolescentes de 14 et 15 ans ont foulé dans le passé les podiums de marques prestigieuses et posé pour des campagnes de publicité. La charte encadre les conditions de travail des mannequins, plus particulièrement celles des plus jeunes (16 à 18 ans), et les "situations de nudité ou semi-nudité". Elle prévoit aussi qu'ils aient "accès à une nourriture et à des boissons adaptées à leurs besoins alimentaires".
La mise en oeuvre de ces règles sera supervisée par un comité de suivi instauré par les deux groupes. "Les PDG des marques de mon groupe vont veiller à ce que les mesures soient appliquées partout. Une marque qui ne conformerait pas à la charte devrait me rendre des comptes", a averti François-Henri Pinault, qui souhaite également dans l'avenir "avancer vite" sur la question de la diversité des mannequins. La prochaine étape.
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