Les particuliers victimes de coupures d'EDF sont-ils des "dommages collatéraux", comme le dit Philippe Martinez ?

par Claire CAMBIER
Publié le 20 décembre 2019 à 13h05

Source : TF1 Info

A LA LOUPE - Des grévistes sont à l'origine de plusieurs coupures d'électricité depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites. Philippe Martinez, qui soutient ses actions, a assuré ce vendredi sur LCI que les particuliers impactés n'étaient pas les cibles, ces coupures ne viseraient que les grandes entreprises et institutions publiques. Pourtant, les responsables de la CGT Energie ne tiennent pas le même discours.

Après les transports, l'accès à l'énergie est devenu un nouvel outil de revendication pour les grévistes. Depuis le début du mouvement, les coupures d'électricité se multiplient. Ce mardi 17 décembre, au moins 170.000 foyers ont été privés d'électricité à Lyon, Nantes ou encore Orléans, selon le réseau de Transport de l'Electricité (RTE). Au-delà des particuliers, des hôpitaux ont été touchés. L'hôpital de Dax a notamment réagi en portant plainte après une coupure volontaire survenue le 14 décembre.

Interrogés sur ces actions revendiquées par la CGT, Philippe Martinez s'est excusé auprès des citoyens. "Nous avons répété que c’étaient les grandes entreprises, les préfectures, les lieux de gouvernance qui sont visés", a-t-il assuré sur LCI ce vendredi 20 décembre. "Les citoyens qui sont touchés parce qu’ils habitent à côté de ces lieux publics, en souffrent aussi, et ce ne sont pas les cibles", a ajouté le patron du syndicat.

Dit-il vrai ? Ces propos entrent en tout cas en contradiction avec ceux des responsables CGT RTE. Nous avions interrogé ce mardi Francis Casanova. Ce délégué syndical central CGT chez RTE assumait, lui, totalement ses désagréments : "Gêner l'ensemble des usagers est devenu le seul moyen de se faire entendre". "Ces coupures n'ont pas ciblé que des particuliers, relativisait-il cependant, à Lyon par exemple, la coupure (du 17 décembre) a impacté l'usine Safran".

Plus difficile toutefois d'envisager des coupures ciblées sur de grandes entreprises à Montluçon où des "actes de malveillance" ont également été réalisées, selon Enedis.

Ce jeudi, le secrétaire fédéral de la CGT Energie tenait un discours équivalent. Interrogé sur LCI sur les "risques inconsidérées" que pouvaient causer ces coupures, notamment lorsqu'elles touchent des établissements de santé, Laurent Hérédia estimait qu'il "y a des modalités maintenant qui dépassent ce qui était mis en œuvre auparavant, mais c’est aujourd’hui la décision des salariés sur le terrain, qu’on assume effectivement parce que c’est décidé collectivement." Quitte à contredire le discours tenu par le secrétaire général de la CGT. Des opérations coups de poing nécessaires, selon lui, car le service minimum que doivent assurer les entreprises publiques de distribution de l'électricité limite l'impact des grèves.

Là encore, le syndicaliste indique que l'exécutif ne laisse pas le choix aux grévistes : "Le gouvernement n’entend rien (…), ça force mécaniquement la population à appuyer plus fort sur le terrain." 

Pour contrecarrer les critiques, Philippe Martinez a tenu à saluer les actions de militants engagés qui, plutôt que de couper le courant, le rétablissent "à ceux qui n'on plus assez de ressources pour se payer un bien commun qui est l'énergie", regrettant au passage que "plus de 10 millions de personnes en France" soient en précarité énergétique.

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