Lubrizol fait appel à des "olfacteurs" pour traquer les odeurs suspectes

V.F
Publié le 25 septembre 2020 à 17h48

Source : TF1 Info

EFFLUVES TENACES - Il y a un an pratiquement jour pour jour, l'usine Lubrizol s'enflammait à Rouen. Alors qu'on ne sait toujours pas ce qui a provoqué la catastrophe, certains stigmates sont encore perceptibles, comme des odeurs. Pour tenter de les identifier, l'entreprise Lubrizol fait appel à des "olfacteurs".

Traquer les odeurs, c'est devenue la priorité d'Hélène. Depuis un an, cette salariée de l'usine Lubrizol multiplie ses tournées, désormais quotidiennes, avec un seul outil : son nez. Elle est ce qu'on appelle une "olfacteuse", capable après des années de pratique d'identifier en quelques secondes une quarantaine de références chimiques. 

Son travail consiste à décortiquer les mauvaises odeurs, qui un an après l'incendie, reviennent encore par moment dans l'agglomération rouennaise. Dès qu'il y a une plainte signalée par les riverains, elle se rend sur place, caractérise l'odeur, en détermine l'intensité et essaye de voir si elle provient de Lubrizol ou non. Et ce n’est pas toujours le cas. 

"Nos réactions aux odeurs sont totalement individuelles, subjectives, et donc nous on va caractériser de façon objective ces molécules. Par exemple, la semaine dernière, il y a eu des signalements et on a pu déterminer que la source de ces odeurs soufrées n'était pas les activités de Lubrizol mais des remontées d'égouts", explique-t-elle.

Des résultats rassurants

Parallèlement, pour agir à la source, une cinquantaine de salariés de l'usine suivent une formation de six mois pour apprendre à reconnaître les odeurs. Ils deviennent opérants lorsqu'ils reconnaissent au moins 75% des 50 odeurs de référence. Un dispositif qui existait bien avant l'incendie. Il avait été mis en place par Lubrizol après deux incidents de pollution olfactive en 1975 et en 1989.

Aujourd'hui, un an après la catastrophe, l'achèvement du nettoyage des entrepôts incendiés devrait signer, selon la direction, "la fin des odeurs" subies par les habitants. Pourtant, dans les faits, c'est une autre histoire. De nombreux riverains se plaignent en effet de maux chroniques. Mais comment les expliquer ? 

Pour le savoir, sur neuf points de la ville autour des bâtiments incendiés, une campagne de prélèvements inédite continue d'être menée actuellement. "Des tubes à diffusion permettent d'absorber la pollution, ensuite ils sont envoyés dans un laboratoire pour analyser les composés", indique véronique Delmas, la directrice générale d'ATMO Normandie, l'observatoire de la qualité de l'air. 120 substances sont ainsi passées en revue, comme le benzène ou les composés souffrés.

Et d'après cette scientifique, tous les polluants détectables ont été recherchés. Et les résultats sont, selon elle, rassurants : "On n'a rien mesuré d'anormal au niveau des concentrations. Par contre, même si ce n'est pas toxique, ce qu'on peut savoir c'est qu'une odeur en elle-même peut être très gênante, et peut même générer des symptômes tels que nausées ou maux de tête sur les personnes sensibles", poursuit Véronique Delmas. 

A Rouen, l'achèvement du nettoyage des entrepôts incendiés signe, selon la direction de Lubrizol, "la fin des odeurs" subies par les habitants. "Un tel incendie ne peut plus se reproduire aujourd'hui parce que nous avons réduit de 80% l'inventaire de produits conditionnés", assurait également mardi la présidente de Lubrizol France Isabelle Striga. Lubrizol fabrique et distribue des additifs pour lubrifiants.


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