TRAUMATISME - L’incendie spectaculaire de l’usine Seveso Lubrizol en 2019 à Rouen a engendré des états de nervosité et d’angoisse chez les riverains des communes impactées, selon une étude de Santé Publique France publiée ce lundi.
C’est la santé mentale qui aura le plus pâti du drame. C’est l’une des conclusions de l’étude publiée ce lundi 5 juillet par Santé Publique France. Le rapport révèle les résultats de son dispositif d'évaluation épidémiologique près de deux ans après l'incendie qui a ravagé les entrepôts de Lubrizol et de Normandie Logistique le 26 septembre 2019 à Rouen. Si l’accident n’a pas fait de morts ni de blessés, "il y a une altération de la santé mentale un an après" l'incendie, a souligné Franck Golliot, directeur adjoint de SPF lors d'une réunion sur l'incendie en préfecture.
“Une forte proportion de personnes reporte que les troubles psychologiques ressentis dans les suites de l’incendie étaient encore présents un an après les faits”, précise le rapport, ajoutant que les troubles psychologiques ont été en effet les symptômes “les plus fréquents et parmi les plus durables”.
En cause notamment, l’épais panache de fumée long de plus de 20 km sur 6 km de largeur, formé par la combustion de près de 10.000 tonnes de produits chimiques.
Pour près des deux tiers de la population exposée, l’accident a laissé des marques sur leur santé, puisque 60% des habitants concernés disent “avoir subi au moins un symptôme ou problème de santé”, selon l’agence nationale de santé publique. Elle a enquêté sur environ 5300 personnes, représentatives de 340.000 habitants de 133 communes impactées par le drame.
40% des adultes et 33% des enfants en proie à des troubles psychologiques
“Stress, anxiété, angoisse…” : les adultes sont particulièrement sujets à des troubles psychologiques, “ressentis pendant et après l’incendie”, note le rapport. Ces symptômes concernent 40% des adultes interrogés, tandis que chez les enfants, ces troubles ont été signalés dans 33% des cas.
Cette altération de la santé mentale serait liée selon l’agence nationale à l’exposition à plusieurs pollutions liées à l’incendie, comme les flammes, la fumée, les bruits, les odeurs et les suies.Un volet complémentaire consacré spécifiquement aux conséquences psychologiques de l’accident viendra compléter l’étude début 2022.
Irritations et difficultés respiratoires
L’incendie a également provoqué des irritations chez les personnes exposées. Près de 38% des adultes ont perçu des picotements des narines, de la gorge, de la langue, un écoulement ou une obstruction nasale, tandis que 37% d’entre eux ont subi des maux de tête des malaises ou des vertiges. 15% des sondés ont aussi signalé des difficultés respiratoires.
Mais les deux tiers des sondés environ n’ont pas eu recours à des soins ou des médicaments. Un chiffre corroboré par la direction du CHU de Rouen auprès des Échos : le jour de l’accident et un mois après, seuls un peu plus de 300 personnes s’étaient présentées aux urgences, pour huit hospitalisations au total.
Pas de risque d’exposition à des substances dangereuses selon Santé Publique France
Les riverains auraient en revanche été épargnés d'une “surexposition à long terme” aux substances dangereuses susceptibles de provenir de l'incendie comme les hydrocarbures et les dioxines, a estimé Sébastien Denys lors de la réunion sur l’incendie. Ainsi aucune enquête de biosurveillance n’est nécessaire pour mesurer une contamination à des substances néfastes selon Santé Publique France.
Sur le long terme, un suivi épiémiologique des habitants des 122 communes touchées sera toutefois mis en place, a annoncé l’agence nationale, en s’appuyant sur le Système national des données de santé (SNDS), qui recueille les informations liées au recours aux soins en France. La décision ne satisfait pas les associations de victimes, qui plaident plutôt en faveur d’un registre de santé spécifique portant sur les malformations congénitales et les cancers, d’après actu.fr.
Quant à la pollution produite par l’incendie, les mesures environnementales "ne permettent pas de conclure à une contamination en lien avec l'incendie différenciable d'une pollution industrielle historique", antérieure à l'incendie, a affirmé Sébastien Denys. Sans convaincre toute l’assistance. "Comment expliquez-vous que l'on retrouve du xénène, de l'éthylbenzène et du toluène dans le lait maternel, qu'on observe un pic après l'incendie et qu'ensuite ça diminue ?", a réagi Mme Le Meur, pharmacienne biologiste de l'association Rouen Respire.
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