PRÉCARITÉ - François Hollande n'aura pas réussi à inverser la courbe du "mal-logement" au cours de son quinquennat. Selon le rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre, le nombre de personnes confrontées à la crise du logement continue d'augmenter en France.
Les chiffres du mal-logement viennent d’être dévoilés dans le rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre. La situation, déjà très difficile, s’aggrave : 3.96 millions de personnes sont mal logées et 14,6 millions touchées par la crise du logement (locataires en situations d'impayés, propriétaires occupant un logement dans une copropriété en difficulté, etc.), selon les chiffres du rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre, qui a été remis lundi au président de la République.
En matière de lutte contre le mal-logement, le bilan de François Hollande est en "demi-teinte", juge la Fondation. Ce constat intervient au terme d’un quinquennat qui s’annonçait pourtant prometteur. Le président de la République s’était engagé en 2012 sur un "Contrat social pour une nouvelle politique du logement". Mais si "des graines ont été indéniablement semées", relève le rapport, "le nombre de personnes confrontées à la crise du logement continue d'augmenter " en 2017.
Les expulsions locatives en hausse de 24% en 2015
Sur le plan de l'immobilier, "alors que le président de la République avait fixé l'objectif de 500.000 constructions neuves par an, dont 150.000 logements sociaux, on ne peut que constater à la fin de ce quinquennat que le compte n'y est pas", pointe du doigt la Fondation. "Depuis 2012, moins de 400.000 logements sont mis en chantier chaque année, malgré une remontée de la production au cours de la dernière année du quinquennat", précise-t-elle.
La Fondation Abbé Pierre regrette également que "les expulsions locatives surviennent encore avec le concours de la force publique sans relogement, contrairement aux engagements présidentiels". Le rapport note d’ailleurs un "bond spectaculaire annuel de 24% en 2015". Certes, le nombre de places d’hébergement d’urgence a augmenté de 50% sous le mandat Hollande, avec 40.000 places supplémentaires, mais il a porté principalement sur des nuitées en hôtel.
15 propositions pour combattre le mal-logement
Parmi les points positifs, la Fondation Abbé Pierre estime, en revanche, que la loi portée par Cécile Duflot "a participé à un rééquilibrage des rapports entre bailleurs et locataires de logements loués vides ou meublés et protège davantage les locataires menacés d’expulsion, en prolongeant la trêve hivernale". Le rapport cite également l'encadrement des loyers qui a des "effets concrets et directs, sonnants et trébuchants, pour les ménages", et qu'il est "indispensable de renforcer".
Afin de combattre efficacement le mal-logement, la Fondation Abbé Pierre émet quinze propositions, parmi lesquelles la production de 150.000 logements sociaux par an accessibles aux plus modestes, la mobilisation du parc privé à des fins sociales, la mise en place d'une politique plus précoce de prévention des expulsions ou encore la résorption des "passoires thermiques" (logements mal isolés).
Ce mardi 31 janvier, les principaux candidats à la présidentielle, à l'exception de Marine Le Pen avec qui la Fondation est en "désaccord profond", débattront de ces sujets à La Défense. Sont annoncés Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron et Benoît Hamon. Pour renverser la tendance, "il faut complètement changer d'échelle", martèle Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre.