Une enquête de l'Institut Montaigne publiée ce jeudi montre qu'une grande majorité de Français restent satisfaits de leur travail.Dans le même temps, près d'un actif sur deux trouve que l'actuel âge légal de départ à la retraite de 62 ans est trop élevé.Comment expliquer ce paradoxe ? Lisa Thomas-Darbois, responsable du pôle Économie et action de l'État de l'Institut Montaigne, nous éclaire.
C'est un paradoxe mis en lumière par l'Institut Montaigne. Dans une enquête publiée ce jeudi, l'organisation, qui réunit notamment des chefs d'entreprises, montre que les Français aiment toujours autant leur travail : plus de trois actifs sur quatre se disent satisfaits de leur emploi.
Dans le même temps, l'opinion ne souhaite pas travailler plus longtemps et rejette massivement le report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans, selon différentes études. Comment interpréter ces résultats ? Lisa Thomas-Darbois, responsable du pôle Économie et action de l'État de l'Institut Montaigne, répond à TF1info.
Une large partie de la population s'oppose aujourd'hui à la réforme des retraites. Les Français n'aiment-ils plus le travail ?
Au contraire. La "valeur travail" n'a pas du tout connu d'effondrement depuis la crise sanitaire, elle reste très ancrée chez les Français. Selon notre enquête, 77% des Français se disent satisfaits de leur travail.
Un sentiment d'inutilité de la réforme
Lisa Thomas-Darbois
Mais pas au point de travailler plus longtemps ?
Les facteurs de satisfaction au travail ne sont pas les mêmes que ceux qui motivent l'insatisfaction. Les Français heureux d'aller au travail ont de très bonnes relations avec leurs collègues, leur manager, se sentent en autonomie, ont un bon équilibre vie professionnelle-vie personnelle... En revanche, dans leurs motifs d'insatisfaction, il y a une faible rémunération et une charge psychique. Ces éléments ne se compensent pas forcément : malgré un point négatif, les Français peuvent aimer le travail.
Malgré ce constat, près de la moitié des actifs (48%) trouvent que l'âge de départ en retraite actuel (62 ans) est déjà trop élevé, et l'opposition contre le passage à 64 ans prend de l'ampleur. Comment l'expliquer ?
La valeur travail ne s'est pas affaiblie, les raisons sont donc beaucoup plus larges. D'autant qu'il n'y a pas une catégorie de population en particulier réfractaire à la réforme des retraites, ni même un métier ou un secteur d'activité. Ce n'est ni un effondrement de la valeur travail, ni une volonté d'arrêter de travailler. Les explications se trouvent dans une crise politique plus globale, avec un sentiment d'inutilité de la réforme, d'injustice sociale, une défiance des élus, plutôt que sur l'insatisfaction des travailleurs.
Une grande partie des salariés (41%) souhaitent aussi aménager leurs conditions de travail avant de partir en retraite...
Et 14% sont également prêts à travailler moins ou sur des fonctions différentes avant leur retraite, quitte à être moins rémunérés. C'est significatif, surtout au moment des débats sur le pouvoir d'achat. On parle beaucoup de la pénibilité physique, mais notre enquête montre que la pénibilité psychique et psychologique est beaucoup plus importante et concerne de nombreux secteurs. 60% des travailleurs estiment que leur charge de travail s'est accrue depuis cinq ans, alors même que la durée du travail n'a pas augmenté. Si vous couplez cela avec certains facteurs comme le manque d'autonomie ou de faibles perspectives professionnelles, alors la population est de plus en plus réfractaire à cette réforme.
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