A LA LOUPE - Invité dimanche soir sur LCI à commenter les propos d'Emmanuel Macron, le député insoumis Eric Coquerel a laissé entendre que la police s'était montrée complaisante à l'égard des militants de Génération identitaire qui avaient déployé une banderole hostile aux manifestants, la veille, place de la République.
"Sans ordre républicain, il n'y a ni sécurité, ni liberté. Et cet ordre, ce sont les policiers et gendarmes sur notre sol qui l'assurent. Ils sont exposés à des risques quotidiens en notre nom". Face à un mouvement de colère d'une partie des policiers, accusés de racisme et de violences abusives ces dernières semaines Emmanuel Macron a estimé dimanche 14 juin que "les forces de l'ordre méritent le soutien de la puissance publique et la reconnaissance de la Nation".
Une sortie qui n'a pas échappé à Eric Coquerel, invité de LCI pour commenter l'allocution présidentielle. "Je ne sais pas ce que c'est moi l'ordre républicain. (…) Je ne sais pas trop de quoi parle Emmanuel Macron. S'il entend par là le fait qu'il faut donner des moyens humains, des moyens matériels, des moyens en terme de salaire à la police où je rappelle que le taux de suicide est absolument effroyable, oui", a commencé l'élu de Seine-Saint-Denis, reprenant quelques unes des cris d'alerte des représentants des forces de l'ordre.
"Eux-même disent qu'ils ont été exfiltrés"
Pour aussitôt apporter un bémol, en écho aux événements du 13 juin, place de la République : "Si la question de rendre hommage à la police c'est de ne pas supporter le fait qu'on évoque des comptes Facebook sur lesquels vous avez plusieurs milliers de personnes, le fait qu'il y a des réseaux suprématistes, racistes qui travaillent dans la police, les mêmes peut-être d'ailleurs qui ont laissé les militants d'extrême-droite qui ont mis leur banderole samedi place de la République s'en aller tranquillement, sans garde à vue - eux-mêmes disent qu'ils ont été exfiltrés. Je suis très inquiet de ce point de vue-là sur le message envoyé. Ça ne me rassure pas".
Eric Coquerel fait ici référence à la poignée de militants du groupuscule d'extrême droite Génération identitaire qui, samedi 13 juin, en plein rassemblement place de la République dénonçant le racisme et la violence dans la police, avait déployé une banderole du haut d'un immeuble jouxtant la manifestation. Sur la banderole, ce message, à caractère hautement provocateur dans le contexte : "Justice pour les victimes du racisme anti-blanc #Whitelivesmatter".
Peu après, un porte-parole de Génération identitaire, Clément Martin, revendiquait cet acte dans un communiqué.
#Communiqué ➡ Génération Identitaire s’invite à la manifestation d’Assa Traoré et réclame justice pour les victimes du racisme anti-blanc ! #StopAuxTraoré pic.twitter.com/GEK8YgHNhh — Clément Martin 🇬🇷 (@_ClMartin) June 13, 2020
Le même tweetait un peu plus tard : "Les jeunes identitaires ont été embarqués par la police après avoir repoussé les racailles sur le toit. Bravo à eux !"
Les jeunes identitaires ont été embarqués par la police après avoir repoussé les racailles sur le toit. Bravo à eux ! 👉Soutenez-nous ⬇️ https://t.co/5ReZgqdlJn 👉Rejoins-nous ⬇️ https://t.co/NfYJRoO2FH #StopAuxTraore #GenerationAdama pic.twitter.com/e48SglnvXn — Clément Martin 🇬🇷 (@_ClMartin) June 13, 2020
Le journaliste Taha Bouhafs, engagé sur les thématiques de violences et de racisme dans la police, se fend également d'un commentaire de la photo, qu'il a trouvée sur un autre réseau. "Sur Instagram, les militants de génération identitaire postent une photo d’eux mêmes dans un fourgon de police en se vantant d’avoir été exfiltrés par les forces de l’ordre. Ils identifient même leurs pseudos Instagram", écrit ce dernier sur son compte Twitter. Un message qui sous-entend une connivence entre les policiers et les interpellés.
Sur Instagram les militants de génération identitaire postent une photo d’eux mêmes dans un fourgon de police en se vantant d’avoir été exfiltrés par les forces de l’ordre. Ils identifient même leurs pseudos Instagram. pic.twitter.com/W6sGIhSoMa — Taha Bouhafs 🔻 (@T_Bouhafs) June 13, 2020
La préfecture de police de Paris, interrogée à ce sujet, a confirmé 39 interpellations au cours et après la manifestation de samedi demandant "Justice pour Adama", dont douze personnes qui auraient participé à l'action de Génération identitaire. "Il y a eu pour ces 12 personnes des vérifications d'identité mais pas de poursuite. On peut ne pas être d'accord avec ces propos mais en soi, il n'y a pas eu d'infraction", indique une source judiciaire à LCI.
Comme indiqué par un "cadre" de l'association, aucun des membres du groupe d'extrême-droite interpellé n'a été placé en garde à vue ou n'a été poursuivi.
Les militants identitaires sont libres ! Merci à tous pour votre soutien. #StopAuxTraoré #GenerationAdama #AssaTraoré pic.twitter.com/2cbPaXByCV — Johan Teissier (@JohanTeissier) June 13, 2020
"Non, la police n'est pas de mèche avec Génération identitaire"
Cette absence de poursuites signifie-t-elle pour autant que les militants identitaires ont été "exfiltrés", comme le dit Eric Coquerel ? Non, se défendent les forces de l'ordre auprès de LCI. "Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de garde à vue qu'il y a eu une exfiltration comme l'insinuent certains, commente une source policière. Non, la police n'est pas de mèche avec Génération identitaire. Oui, il y a des racistes dans la police, oui il y a des 'brebis galeuses', comme dans tous les secteurs. Mais on ne peut pas dire tout et n'importe quoi".
Selon nos informations, 23 personnes ont été placées en garde à vue samedi après la manifestation place de la République. Parmi elles, deux mineurs et 21 majeures. Aucun de Génération identitaire.
Sur les 21 gardes à vue de majeurs, 4 ont fait l'objet d'un classement sans suite, tandis que deux personnes devaient être déférées ce lundi matin pour "violences et outrages sur personne dépositaire de l'autorité publique", une procédure a fait l'objet d'une levée de garde à vue car il n'y avait pas d'interprète (la personne sera convoquée plus tard) et 14 étaient toujours en garde vue dimanche soir.
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