AMBIANCE - Près d’un demi-million de personnes se sont rassemblées à Paris entre la place de la Concorde (VIIIe) et la place de la République (Xe), à l'appel des organisations LGTI pour une Marche des Fiertés sous le soleil, révélant derrière la surface fun et culturellement riche de vraies angoisses, légitimes, après de récentes manifestations de haine.
Près d’un demi million de personnes étaient invités ce samedi à suivre des chars décorés par 87 organisations (associations, entreprises, syndicats et pour la première fois un char de la Ville de Paris, un char pour personnes à mobilité réduite, un char "gouine/trans"), à danser sur de la techno, de la house, du r n'b et à faire la fête pour revendiquer leur identité et dire haut et fort, le temps d'une journée, ce qui ne passe plus en France, en 2018. Pas juste pour le fun donc.
Le mot d’ordre de ce grand rendez-vous annuel de la communauté LGBTI, parti de la place de la Concorde (VIIIe) à la place de la République (Xe) : la lutte contre les discriminations dans le sport et dans la vie quotidienne. Les revendications étaient plus denses, plus militantes, plus politiques, révélant toute la complexité de la lutte actuelle contre le poison homophobe.
Une fête, certes, mais pas seulement
La fête, bien sûr, était là. Les occasions de se grimer et de se perruquer, aussi. Des drapeaux, des sifflets, des bracelets, des boas, des éventails, des oreilles de chat ou encore des colliers arc-en-ciel kawai. D'autant que, par le plus beau des hasards, le match France-Argentine était diffusé dans les nombreux bars-restaurants jalonnant les rues empruntées par les chars - les footeux bleu-blanc-rouge acclamant leur équipe finissaient par rejoindre ceux qui marchaient pour leurs fiertés aux couleurs de l'arc-en-ciel, transformant la capitale en un immense dance-floor, dans une communion jamais vue et une liesse communicative.
Mais la fête ne saurait estomper le climat actuel, chargé en homophobie, quelques jours après la découverte de tags anti-LGBT dans le Marais, les passages à piétons vandalisés près de l'Hôtel de Ville ou encore la dégradation de banderoles de l'Assemblée nationale. Ajoutez la récente étude de l'Ifop présentée mercredi 27 juin, où on lisait que plus de la moitié (53%) des personnes se définissant comme homosexuelle, bisexuelle ou transgenre avaient déjà été victimes d'une agression, physique ou verbale.
La loi doit protéger, la société s’habituer, les agressions dûment réprimées.
Christiane Taubira sur Twitter
"Il y a clairement un climat homophobe", nous confie une jeune femme enserrant son amie. "On pense que tout est acquis en 2018, il y a toujours des combats à mener et je ne veux pas me résoudre à vivre dans un pays où je crains de tenir une main aimée dans la rue". En d'autres termes, il y a une nécessité de marcher pour reconquérir une fierté.
LGBT VS Poutine
Dans la Marche embrasée, de nombreuses pancartes s'élèvent et proclament, revendiquent. "S’aimer entre égaux n’est pas si différent", "Sortez les juges de nos culottes", "PMA sans père et sans reproche". Le cortège de tête dénonce le "pinkwashing", cette forme de récupération politique où l'on se préoccupe plus d'avoir une "image publique progressiste" que de l'avancée d'une cause : "On veut rendre la pride antiraciste/anticapitaliste/féministe, on veut la rendre politique", revendique l'association FièrEs. Des provocations en amusent certains, irritent d'autres (Jeanne d'Arc cagoulée, "parce qu'elle est queer" assène une des manifestantes, hilare). Et, en dépit de l'enthousiasme provoqué par le match France-Argentine, personne n'oublie que la Coupe du monde de football se déroule dans un pays où les homosexuels sont contraints de vivre cachés. Une loi datant de 2013, dite "anti-propagande homosexuelle", interdit ainsi la "promotion des relations sexuelles non traditionnelles auprès des mineurs".
De toute évidence, il y avait beaucoup de choses à dire pendant cette Marche des Fiertés, organisée par l’Inter-LGBT (Interassociative lesbienne, gaie, bi et trans) et guidée cette année par un slogan jugé timoré visant à lutter contre la "loi du silence" dans le milieu sportif. On l'a bien compris en amont de la Marche des Fiertés, lorsque les différentes associations ont pris la parole, insistant sur les discriminations et les violences subies par les personnes LGBTQI+ et ce dans tous les milieux.
Homophobie, PMA, loi asile-immigration... grandes préoccupations
Parmi elles, l'association de lutte contre le VIH et les hépatites virales AIDES a tancé la loi asile-immigration : "La France, territoire de liberté revendiqué, doit montrer l'exemple [...]. On revendique très clairement que cette loi asile-immigration est une abomination, elle ne permettrait pas l'intégration, la valorisation de l'accueil pour tous. Nous sommes dans cette marche pour faire valoir cette parole de solidarité".
Les discriminations dans la loi nourrissent l'homophobie, on ne doit pas s'étonner qu'il y ait un tel niveau d'homophobie dans le pays si les lois ne sont pas effectives.
Joël Deumier, président de SOS homophobie
Joël Deumier, président de SOS homophobie, a dressé de son côté un état des lieux accablant de la banalisation de l'homophobie : "Pédé, enculé, gouine restent les insultes les plus citées en cour de récréation en 2018, affirme-t-il, en amont de la manifestation. Et aujourd'hui nous sommes là pour revendiquer l'égalité des droits. Une véritable lutte contre les discriminations anti-LGBT".
Son slogan pour cette Marche des fiertés 2018 ? "PMA, l'égalité n'attend pas" : "Cela fait trop longtemps que nous attendons l'extension de la PMA, uniquement autorisée pour les couples hétérosexuels (...) les discriminations dans la loi nourrissent l'homophobie, on ne doit pas s'étonner qu'il y ait un tel niveau d'homophobie dans le pays si les lois ne sont pas effectives. Nous demandons au président de la république et à la majorité actuelle d'étendre la PMA et la filiation dès la rentrée et de tenir son engagement et d'entendre les Français majoritairement favorables à la PMA (près de 75%). Combien de temps allons-nous tolérer que des centaines de femmes partent chaque année faire des PMA à l'étranger ou des PMA artisanales à leur risque et péril ?" Une manière de ne pas baisser la garde, l’avis final du comité d’éthique sur la question devant être donné à la rentrée 2018, après s'y être dit favorable en juin 2017.
Sur Twitter, Emmanuel Macron a, de son côté, affirmé son soutien au Marche des Fiertés, assurant que "le combat continue pour chacun puisse librement être soi et aimer".
Ce samedi soir, sur la place de la République, plusieurs personnes vont se succéder sur scène, notamment pour annoncer les actions qui seront menées par les associations dans les prochains mois. De nombreux artistes, comme Rebeka Warrior, le collectif gay-queer Gang Bambi, Arnaud Rebotini (compositeur de la bande-son de 120 battements par minute) ou encore Kiddy Smile viendront enflammer les fiers marcheurs. Comme autant d'hymnes à l'amour dans ce monde cerné par les ténèbres.
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