#MeetooInceste : "Briser le silence est important car un problème dont on ne parle pas n’en est pas un"

Publié le 18 janvier 2021 à 18h25, mis à jour le 26 janvier 2021 à 20h53
#MeetooInceste : "Briser le silence est important car un problème dont on ne parle pas n’en est pas un"
Source : iStock

CRIMES SEXUELS - Depuis plusieurs jours, des milliers de victimes d'inceste témoignent sur Twitter sous le mot-clé #MeetooInceste. Parmi elles, Floriane et Sonia expliquent pourquoi cette libération de la parole était primordiale.

Ce lundi 18 janvier, peu après 8 heures, Floriane a publié son tout premier tweet. "J’ai été abusée jusqu’à mes 12 ans. Mon bourreau : mon 'oncle'. Mon calvaire a commencé vers l’âge de 6 ans", peut-on lire. Depuis ce samedi 16 janvier, accompagnés du hashtag #MeetooInceste, les témoignages de victimes d’inceste affluent sur le réseau social, plusieurs jours après la sortie du livre La Familia grande de Camille Kouchner. 

Depuis sa publication, le message de Floriane a reçu des centaines de "likes" et de "retweets". "Je suis surprise du nombre de personnes qui ont réagi à mon message", a-t-elle expliqué à LCI. "Ça fait du bien. Je me dis 'tiens, il se passe enfin quelque chose'", ajoute la mère de famille, âgée de 45 ans.

Floriane a été victime de son oncle maternel, de 6 à 12 ans. "Ma maman tenait une brasserie dans le nord de la France. Elle travaillait beaucoup donc j’allais souvent chez ma grand-mère maternelle, où vivait également mon oncle. Il a commencé par des jeux, des attouchements. Il profitait des moments où j’étais seule pour abuser de moi", raconte-t-elle. Alors qu'à ses 10-11 ans elle essaye d'alerter sa grand-mère, cette dernière lui rétorque que c'est de sa faute, qu'elle n'est qu'une enfant que personne ne croira. Elle se tait. Quelques années plus tard, alors qu'elle a déménagé avec sa sœur et sa maman dans le sud de la France, cette dernière veut envoyer ses filles en vacances chez leur grand-mère. Floriane refuse et avoue tout ; la famille éclate.

"Les personnes qui osent témoigner aident les futures victimes"

Briser le silence, c'est l'une des clés pour lutter contre l'inceste et déconstruire petit à petit le tabou qui l'entoure. C'est en lisant des témoignages que Floriane a réussi à se reconstruire. "Ils sont extrêmement important, ils montrent que dans ce combat nous ne sommes pas seul(e)s", assure-t-elle. "Il faut donc qu'ils continuent d'affluer, que ça s’amplifie. Les personnes qui osent témoigner aident les futures victimes. Et il faut que les bourreaux puissent se dire 'attention danger'. Le fait qu'à tout moment la vérité puisse être dévoilée les fera peut-être réfléchir."

"Témoigner, c’est une thérapie", abonde Sonia, 23 ans, victime d'attouchements de la part de son cousin à l'âge de 8 ans, et violée par son oncle à l'âge de 13 ans. "Les victimes sont envahies par la culpabilité, la solitude. Elles ont l'impression d'être seules à vivre ce qu'elles vivent, d'être différentes, de perdre leur humanité. Donc chaque témoignage leur apporte de la force. Entre nous nous devons nous soutenir, et pour moi ça passe par la libération de la parole", ajoute la jeune femme, qui a révélé avoir été violée pour la première fois en mai 2019 sur Twitter. 

 

"Briser le silence est important car un problème dont on ne parle pas n’en est pas un", estime-t-elle. Selon Sonia, pour les victimes, "le besoin de parler est plus qu’urgent". Et malgré les "commentaires virulents" qui peuvent parfois accompagner les témoignages postées sur Twitter, elle voit dans les réseaux sociaux un espace où la "solidarité" et la "sororité" peuvent aider.


Justine FAURE

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