Que sait-on du collectif "Les Soulèvements de la Terre", dont Gérald Darmanin demande la dissolution ?

Publié le 29 mars 2023 à 10h57

Source : TF1 Info

Mardi, Gérald Darmanin a annoncé avoir engagé la procédure de dissolution du groupe "Les Soulèvements de la Terre".
Il l'accuse d'être responsable des affrontements autour de la bassine de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, samedi 25 mars.
Que sait-on de ce collectif qui appelle à un "basculement radical" ?

Le mouvement est dans le viseur des autorités depuis quelques mois. En pleine polémique autour des violences policières, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a engagé, mardi 28 mars, la procédure de dissolution contre "Les Soulèvements de la Terre" qu'il tient pour responsable des affrontements qui se sont tenus à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, le week-end dernier lors d'une manifestation interdite contre les méga-bassines. Un groupe "d'ultragauche" qui veut "mettre à bas la démocratie", selon Gérald Darmanin. Mais qui sont réellement les militants des Soulèvements de la Terre ? TF1info fait le point.

Créé à Notre-Dame-des-Landes

Les Soulèvements de la Terre (SLT) est un mouvement créé en 2021. Selon une note du ministère de l'Intérieur, il a été fondé par des "membres de l'ultragauche issue de l'ex-ZAD de Notre-Dame-des-Landes" en Loire-Atlantique. Sur son site internet, le groupe estime, lui, être "une tentative de construire un réseau de luttes locales" qui fédère "des jeunes révoltés" qui ont "grandi avec la catastrophe écologique en toile de fond d'écran et la précarité comme seul horizon". 

Selon ses fondateurs, il regroupe désormais une coalition de syndicats, de paysans, de citoyens, de collectifs, d’ONG, de groupes locaux, décidés à lutter contre le réchauffement climatique. Parmi les signataires de son texte fondateur, on trouve des organisations comme la Confédération Paysanne, les Amis de la Terre ou encore Attac France et Extinction Rebellion. Le mouvement appelle à "un basculement radical", un "soulèvement" qui seul selon lui "pourrait permettre d'enrayer le réchauffement climatique et la 6e extinction massive des espèces déjà en cours". 

Les SLT sont toutefois qualifiés, dans une note du ministère de l'Intérieur datant de mardi, de "groupe d'ultragauche" ayant bâti "le concept de 'désarmement' destiné à faire accepter la pratique de l'écosabotage". Une notion qu'ils ne réfutent pas totalement, voyant le "désarmement", le "démontage" voire le sabotage d'installation comme des options possibles d'actions. Cependant, la coalition refuse les accusations "d'écoterrorisme" affirmant dans un communiqué : "Nous ne sommes pas une 'organisation terroriste'. De même que nous ne sommes pas un 'groupuscule d'ultragauche'. Nous sommes bien plus un mouvement de résistance, composite et désormais largement soutenu".

Contre l'accaparement des terres et l'artificialisation des sols

Reste que les SLT n'hésitent pas à "inciter et participer à la commission de sabotages et dégradations matérielles", selon la note du ministère de l'Intérieur. D'ailleurs, dès sa création en mars 2021, le groupe a appelé à la tenue d'actions fortes contre ses grands axes de lutte : l'accaparement des terres, l'artificialisation des sols et la protection des biens communs, dont l'eau. "Les collectifs qui composent les SLT ont souvent usé tous les recours juridiques et civiques sans être entendus. Ils sont donc décidés à passer à des modes d'action qui empêchent des projets néfastes pour le climat", détaille le mouvement. 

L'organisation fonctionne en "saisons". Tous les six mois, lors "d'interludes", elle structure un calendrier d'actions pour la saison à venir, "marquée à la fois par des actions publiques de masse et des surgissements inopinés", détaillent ses membres. Des actions coup de poing qui inquiètent le gouvernement depuis quelques mois. Dans une note révélée par Le Parisien en décembre dernier, le service central du renseignement territorial alertait sur le "virage radical" des activistes. Une analyse qui faisait suite à plusieurs événements marquants comme celui du 11 décembre, lors duquel plusieurs centaines d'activistes se sont introduits au siège de la société Lafarge de Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône) pour protester contre le non-respect de l'entreprise des valeurs limites d'émission de dioxyde de soufre. Un raid attribué aux SLT par les autorités. Action que le mouvement, lui, n'a pas revendiqué, mais simplement relayé.

Une action qui montre, selon la note intitulée "Les Soulèvements de la Terre, vecteur de radicalité des luttes écologistes" que les militants n'hésitent "pas à affronter les forces de l'ordre pour commettre leurs exactions (dégradations, intrusions, sabotages...)" le tout "équipés de masques à gaz, parapluies, et armés de pierres, mortiers, cocktails Molotov, boules de pétanque..." Un équipement qui fait largement penser aux armes retrouvées en amont de la manifestation de Saint-Soline et aux images diffusées durant les affrontements, avec l'utilisation de mortiers d'artifice et de cocktails Molotov par les manifestants.

Appel à manifester jeudi

Selon les termes de la procédure contradictoire de dissolution, SLT dispose de dix jours pour répondre aux arguments du ministère avant que Gérald Darmanin ne décide de présenter en Conseil des ministres un décret de dissolution. "C'est une tentative de diversion qui vise à faire oublier la politique désastreuse et tragique de maintien de l'ordre à Sainte-Soline", a réagi auprès de l'AFP Basile Dutertre, un des porte-parole de SLT. "Les gens qui ordonnent de tirer sur la foule avec des armes de guerre sont ceux qui nous accusent d'ultra-violence, c'est un retournement sidérant", a également fait valoir Basile Dutertre, qui a rappelé que SLT n'était "pas le seul" à avoir appelé à la manifestation de samedi.

"Une centaine d'organisations l'ont fait, parmi lesquelles l'intersyndicale, la Confédération paysanne, des partis politiques, des associations environnementales", a-t-il énuméré. SLT a appelé à des rassemblements devant les préfectures de toute la France jeudi à 19h "contre la répression à Sainte-Soline".


Annick BERGER

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