Menhirs détruits à Carnac : le permis de construire du magasin de bricolage était bien légal, confirme le préfet

par M.L (avec AFP)
Publié le 12 juin 2023 à 15h17

Source : JT 20h WE

Le maire de Carnac se retrouve au cœur d'une polémique depuis quelques semaines, accusé d'avoir laissé détruire de petits menhirs de la commune bretonne pour y implanter un magasin de bricolage.
Prenant sa défense, le préfet du Morbihan Pascal Bolot confirme dans un communiqué que le permis de construire de l'enseigne était bien légal.
Il "condamne" également les "attaques et menaces" essuyées par l'édile.

Alors que la polémique ne cesse d'enfler à Carnac, les autorités se défendent. Dans un communiqué publié dimanche, la préfecture du Morbihan est revenue sur les protestations de défenseurs du patrimoine qui secouent le village breton, depuis qu'un billet de blog d'un archéologue amateur avait affirmé au début du mois de juin qu'une quarantaine de petits menhirs avaient été récemment détruits pour y construire un magasin de bricolage. Le préfet Pascal Bolot y confirme notamment "le caractère légal du permis de construire".

"Déposé en 2022, il est conforme au plan local d’urbanisme (PLU) de la commune et respecte les zonages", insiste-t-il. Le projet a reçu les "avis favorables" de plusieurs instances, à savoir "la commission départementale d'aménagement commercial (CDAC), l’architecte des Bâtiments de France (ABF), la mission régionale des activités environnementales (MRAe)", détaille le préfet. Quant à l'étude d'impact du site, elle "n’a relevé aucune observation liée à la présence de vestiges". "Enfin, le préfet souligne le fait que le dossier a été reçu au contrôle de légalité de la préfecture du Morbihan et qu’il n'a soulevé aucune observation", conclue le communiqué.

"Comportements inacceptables"

La préfecture cite également la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) de Bretagne, qui a souligné le "caractère encore incertain et dans tous les cas non majeur des vestiges" trouvés lors des fouilles préventives de 2015. Le maire Olivier Lepick avait attesté de son côté avoir "parfaitement respecté la législation" et invoqué lui aussi "la faible valeur archéologique" des objets retrouvés.

Dans son communiqué, Pascal Bolot déplore aussi une vague de pressions subies par cet édile, à qui il a apporté son "entier soutien". "Le maire de la commune fait l'objet d'attaques et de menaces, en particulier sur les réseaux sociaux", écrit-il, signalant aussi des "dégradations" sur le magasin de bricolage lui-même et "sur la façade de l'église". Olivier Lepick avait en effet annoncé dimanche que l'église Saint-Cornély, classée aux monuments historiques, avait été taguée, notamment avec les inscriptions "Tout raser comme les menhirs" selon des photos diffusées par l'élu. 

Il avait également indiqué vendredi à l'AFP que son domicile avait été placé sous la protection de la gendarmerie à la suite de menaces et d'insultes. Le préfet, qui s'est rendu sur place dimanche, "condamne ces agissements ainsi que les comportements inacceptables dont l'élu et sa famille sont victimes" et "a demandé à la gendarmerie de faire preuve à son égard de la plus grande des vigilances", selon le communiqué.

Pour un chercheur proche du dossier qui s'est exprimé sous anonymat auprès de l'AFP, la question de la valeur archéologique des menhirs "restera en suspens", faute de fouilles complémentaires. Suite à la destruction, une association de défense du patrimoine, Koun Breizh ("Mémoire bretonne", en breton), a annoncé avoir déposé une plainte contre X, non pas pour "mettre en cause tel ou tel élu", mais pour "éclairer le processus de décision qui a abouti à ces destructions malgré toutes les formes de protection prévues par la loi", a expliqué à l'AFP son président Yvon Ollivier.


M.L (avec AFP)

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