POLÉMIQUE - Les relations entre la maire de Paris et l’Etat à propos des migrants étaient déjà tendues. Elles le sont un peu plus depuis la mort par noyade de deux d'entre eux ces derniers jours dans la capitale. Au milieu, l'association France Terre d'Asile appelle les deux protagonistes à trouver rapidement un terrain d'entente.
"La responsabilité de l’Etat est première, mais ce qui importe aujourd’hui, c’est de se mettre d’urgence autour de la table. La Ville a fait un certain nombre de choses, l’Etat doit prendre ses responsabilités et c’est ensemble qu'ils doivent résoudre le problème. Pas en se renvoyant la balle. Il y a une forme d’indignité à vouloir procéder ainsi." Voilà ce qu'a confié à LCI ce vendredi Pierre Henry, directeur général de l'association France Terre d'Asile, quelque peu lassé par la "guéguerre" entre la maire de Paris Anne Hidalgo et le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb à propos des migrants à Paris.
Les tensions entre la Ville de Paris et l'Etat au sujet des sans-papiers et des campements présents dans les rues de la capitale ne sont pas nouvelles. Dans un courrier adressé le 27 mars à Gérard Collomb, Anne Hidalgo dénonçait déjà "la densité des campements" et "l’étroitesse de certains passages entre les tentes et les canaux, parfois réduite à 50 centimètres", générant "des risques très significatifs de noyade" à certains endroits. Et ces tensions ont été ravivées par la mort de deux migrants, justement par noyade, les 6 et 8 mai derniers. Selon l'édile, ces deux drames imposent à l'Etat de mener "au plus vite" une opération de "mise à l’abri des migrants présents dans ces campements parisiens".
"La commune reste garante de la salubrité et la propreté de son espace."
Gérard Collomb
L'exécutif lui a répondu, ce mercredi 9 mai : "Vous vous êtes émue ce jour dans la presse de la situation 'inhumaine'
dans laquelle se trouvent les migrants présents dans les campements parisiens. Vous avez souhaité rappeler à l'Etat ses responsabilités et mettez en cause la prétendue décision de l'Etat de mettre fin au dispositif du centre de premier accueil, estimant qu'elle serait à l'origine de la reconstitution de campements. Je ne peux que vous faire part de mon désaccord sur l'ensemble de ces points", écrit le ministre de l'Intérieur.
"La mobilisation de l'Etat a été sans faille s'agissant de la prise en charge des migrants en Ile-de-France", affirme Gérard Collomb. "La commune reste garante de la salubrité et la propreté de son espace" continue le ministre, qui invite la maire de Paris à faire usage de ses "compétences" et "d’entamer les procédures judiciaires" pour permettre à l’Etat de "mener à bien" l’évacuation.
Une réponse du gouvernement qui a poussé la mairie, via l'adjoint au Logement Ian Brossat, à réagir de nouveau. "C’est une compétence de l’Etat, personne ne peut nous dire (…) que c’est à nous de faire le job. La maire de Paris a écrit au préfet en indiquant six sites qui permettraient de créer des centaines de places d’hébergement, pourquoi l’Etat ne fait rien ?" a-t-il déclaré ce vendredi sur RMC. "Je finis par me dire qu’un certain nombre de responsables politiques jouent le pourrissement. (…) Le rôle de l’Etat, ce n'est pas de compter les morts, c’est de faire en sorte qu’on en finisse avec le chaos."
France Terre d'Asile souhaite que "ce petit jeu" cesse
Au milieu de ces échanges peu cordiaux, les associations continuent quant à elle de faire leur travail auprès des populations concernées. Mais Pierre Henry demande donc aux protagonistes à tout faire pour s'entendre et "sans arrières pensées". "Il est évident qu’aujourd’hui, l’Etat a une responsabilité première dans la prise en charge de ces populations. La solution, elle n’est sans doute pas de les instrumentaliser mais de travailler en commun", dit-il.
Le directeur général de l'association Terre d'Asile a également analysé la teneur des échanges entre Gérard Collomb et Anne Hidalgo, qu'il juge par ailleurs "insupportable" : "En clair, le ministre de l’Intérieur dit 'Demandez l’expulsion'. La maire de Paris dit 'Je ne demanderai pas l’expulsion, je vous demande la mise à l’abri'. Et évidemment la maire de Paris ne va pas aller demander l’expulsion parce qu’elle a la crainte d’avoir un emploi des forces de police inapproprié. Et le ministre de l’Intérieur joue là-dessus pour dire 'Demandez donc l’expulsion, de cette façon, s’il y a un incident, il y aura une responsabilité partagée'. Ce sont des petits jeux qui ne sont pas acceptables. C’est quoi la démonstration ? A quoi veut-on arriver ? Il faut cesser ce petit jeu."
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