Monoprix vend ses Kinder Surprise "pour filles" plus chers que ceux "pour garçons"

Anaïs Condomines
Publié le 11 mars 2016 à 14h30
Monoprix vend ses Kinder Surprise "pour filles" plus chers que ceux "pour garçons"

TAXE ROSE - Dans les magasins Monoprix, les Kinder Surprise destinés aux filles seraient vendus plus chers que ceux réservés aux garçons. C’est en tout cas ce qu’a remarqué un internaute en faisant ses courses. Contactée, la marque s’explique.

Au supermarché, si votre petite fille réclame un Kinder Surprise, vous risquez de devoir payer plus cher que pour son frère. Dix-huit centimes supplémentaires, pour être précis. C’est en tout cas le constat d’un internaute qui s’est étonné dans un post Facebook d’une telle différence de prix.

Initialement repérée par le Huffington Post , sa photo, dont il affirme qu’elle a été prise dans un magasin Monoprix du 11eme arrondissement de Paris, ne laisse pas de place au doute : le lot de trois œufs bleus contenant une surprise "pour garçon" est vendu à 2,90 euros, tandis que le lot rose, "pour filles", revient, lui, à 3,08 euros.

18 cents de chocolat en plus j'espère? Voilà c'est fini les vacances de la journée de la femme de la fille de la vielle femme et de la vieille fille. Kinder :)

Posté par Gauthier Quatelas sur  jeudi 10 mars 2016

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Comment expliquer ces 18 centimes de différence, affichés sans complexe dans les rayons du magasin ? Pour le savoir, metronews a contacté la marque Ferrero, qui commercialise les œufs surprise. Résultat : l’entreprise italienne rejette toute responsabilité. "Nos prix marketing conseillés sont exactement identiques pour ces deux références", nous annonce-t-on. "Seuls les distributeurs conservent toute leur indépendance pour fixer les prix auprès de leur clientèle, selon leur propre appréciation de la situation concurrentielle."

La patate chaude est renvoyée vers le supermarché. Direction le groupe Monoprix, donc. Au bout du fil, notre interlocutrice confirme l’écart de prix entre les deux lots de friandises. Mais tient à préciser d'emblée :  "Il ne s’agit pas de pénaliser les petites filles". "Ce n’est pas une pratique qui est liée au genre des clients". Cette différence, elle l'explique plutôt par " les données intrinsèques des produits et les volumes des ventes." En clair : si les Kinder "pour filles" coûtent plus cher, c’est parce qu’ils se vendent moins bien. 

Monoprix déjà épinglé

Une réponse calibrée et gravée dans le marbre, ressortie mot pour mot à chaque fois que Monoprix se retrouve épinglé sur la "taxe rose". Car ce n'est pas la première fois que le groupe est confronté à ce concept, qui dénonce le fait que les produits destinés spécifiquement aux femmes soient vendus plus chers que leurs équivalents destinés aux hommes.

En novembre 2014, le collectif féministe Georgette Sand lançait une pétition intitulée "Monoprix : stop aux produits plus chers pour les femmes!" . Forte de ses 47.000 signatures, elle a abouti à la remise d'un rapport au Parlement sur  “les différences de prix de certains produits et services selon le genre” et à une concertation entre consommateurs et fabricants qui devrait aboutir d'ici juin 2016. En attendant, on garde un chiffre en tête : selon le magazine américain Forbes, les femmes dépensent en moyenne 1400 dollars de plus que les hommes par an. En France, cette fameuse taxe rose ne dispose pas encore de données chiffrées.

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Anaïs Condomines

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