Comment reconnaître une bonne école Montessori ?

par Charlotte ANGLADE
Publié le 19 février 2018 à 10h30, mis à jour le 9 mars 2018 à 17h34
Comment reconnaître une bonne école Montessori ?
Source : Thinkstock

PRÉCAUTIONS - Alternative à l'éducation dispensée par l'école publique, la méthode Montessori tente de plus en plus de parents. Cependant, la pédagogie n'étant encadrée par aucune institution, chacune des écoles est libre de l’appréhender comme elle l'entend. LCI vous indique tout ce dont il faut vous assurer avant d'inscrire votre enfant dans un établissement Montessori.

"Aujourd'hui, n'importe qui peut ouvrir une école Montessori, c'est vrai." Erreur ou grande preuve d'humanisme, Maria Montessori, célèbre pédagogue italienne du XXe siècle, n'a jamais déposé son nom, considérant que sa méthode éducative appartenait à tous. Et alors qu'il existe environ 200 écoles Montessori en France, rien ne permet de savoir si ce qu'elles enseignent est conforme à la philosophie de la spécialiste. Face à ce constat, LCI a demandé à l'Association Montessori de France (AMF) comment bien choisir le futur établissement de ses enfants.

"Comme Montessori, ça part un peu dans tous les sens, l'Association Montessori de France, et l'Association Montessori Internationale [AMI, ndlr], à laquelle nous sommes affiliés, sommes un peu garants d'un cadre", explique à LCI Diane Vandaele, cheffe de projet à l'AMF. L'association considère qu'il y a quatre "piliers fondamentaux" dont le respect doit être vérifié par les parents avant l'inscription de leurs enfants dans une école : la formation des enseignants, les temps de travail accordés aux enfants, le matériel et le nombre d'élèves présents dans une classe. Car "dire qu'on applique la pédagogie Montessori et ne pas le faire sur plusieurs paramètres, on s'aperçoit que ça ne fonctionne pas", insiste la spécialiste.

1. La formation des éducateurs

Le point le plus important est celui du parcours des éducateurs. Pour être sûr que votre enfant soit bien encadré, vous devez vérifier que la classe qu'il doit fréquenter comporte au moins un éducateur formé AMI. C'est-à-dire ayant effectué son apprentissage dans un centre reconnu par l'Association Montessori Internationale. Car tout comme les écoles, n'importe qui peut ouvrir un centre de formation Montessori sans forcément avoir bonne connaissance de la pédagogie. Diane Vandaele le reconnaît, ces lieux d'apprentissage sont "plus ou moins bons". En tout, les centres de formation AMI se comptent au nombre de deux en France : l'Institut supérieur Maria Montessori présent à Nogent-sur-Marne (94), Lyon et Montpellier, et le centre de formation Montessori Francophonie à Archamps, en Haute-Savoie.

2. Le temps de travail

Au-delà de la qualité des enseignants, les parents doivent également se renseigner quant au temps de travail accordé aux enfants. Selon la pédagogie Montessori, des plages de travail "d'au moins 2h30 à 3h le matin et l'après-midi" doivent être mises en place sans pause "pour que l'enfant ait le temps de se poser, de trouver son activité, de la répéter, de se concentrer", explique celle qui était auparavant éducatrice Montessori. Selon elle, ce long temps accordé au travail ne poserait "aucun problème" puisque les enfants "sont tout le temps en mouvement" et peuvent discuter avec leurs camarades "quand ils le veulent". Il serait même indispensable dans la progression des élèves Montessori.

3. Le matériel

Langage, géographie, mathématiques, vie pratique, développement des sens... Le matériel Montessori a été développé pour permettre à chaque tranche d'âge (0-3 ans, 3-6 ans, 6-12 ans) de s'épanouir et d'acquérir des connaissances par l'expérience. La mise à disposition de ces outils éducatifs au complet dans les salles de classe est donc primordiale pour que l'enfant ne manque aucun volet de son apprentissage. De nombreux fabricants s'étant emparés du concept Montessori sans en comprendre forcément tous les tenants et les aboutissants, il doit également être certifié par l'AMI.

4. Le nombre d'élèves

Contrairement aux réformes engagées dans l'école publique, qui visent entre autres à réduire le nombre d'élèves par classe, la pédagogie Montessori préfère les classes à gros effectif. Ainsi, de 3 à 6 ans, les enfants sont en général "30 à 35 par classe", affirme Diane Vandaele. Ils peuvent être "jusqu'à 45" de 6 à 12 ans. "L'idée c'est bien que, dans une classe 3-6 ou 6-12, tous les enfants soient mélangés parce que ça crée une dynamique, une émulation entre les enfants", indique la cheffe de projet au sein de l'association.

Les éducateurs, qui gèrent des enfants de tout âge, cherchent donc à ce que les plus petits s'identifient aux plus grands en les observant, et à ce que les plus grands évoluent davantage en travaillant avec les plus petits. "Un enfant qui est capable de réexpliquer un concept à un autre enfant plus petit, pour nous, c'est clair qu'il a acquis le concept. Et surtout, il voit le chemin qu'il a parcouru. Tout ça travaille sur la confiance en soi, l'estime de soi", souligne la spécialiste. En visitant une école, un parent ne doit donc pas être étonné de tomber sur des groupes d'une quarantaine d'élèves dans la même salle. C'est un aspect essentiel de la philosophie Montessori.

Une charte, gage de qualité

En 2007, l'AMF et l'Institut Supérieur Maria Montessori ont élaboré ensemble une Charte des Etablissements Montessori de France pour "favoriser leur reconnaissance et leur représentativité auprès de l’opinion, des médias et des pouvoirs publics". Les écoles qui y adhèrent doivent avoir plus de trois ans d'existence et s'engager à respecter pleinement la philosophie de la pédagogie, dont les quatre points essentiels évoqués plus haut. Aujourd'hui, seules 13 écoles situées en France métropolitaine et à la Réunion sont signataires du projet. Elles seules ont le droit d'arborer le logo de l'AMF et de l'AMI.


Charlotte ANGLADE

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