Pourquoi les écoles Montessori coûtent-elles si cher ?

par Charlotte ANGLADE
Publié le 15 février 2018 à 14h29, mis à jour le 20 février 2018 à 12h44
Pourquoi les écoles Montessori coûtent-elles si cher ?

Source : monkeybusinessimages / Thinkstock

ÉDUCATION - La pédagogie Montessori attire de plus en plus de parents, désireux de trouver une alternative à l'école publique. Malgré tout, inscrire ses enfants dans ces écoles représente un coût conséquent. LCI a cherché à savoir pourquoi.

Il y a 111 ans, en 1907, ouvrait la première salle de classe Montessori. Imaginée par la célèbre pédagogue italienne, Maria Montessori, elle s’adressait aux enfants d’un quartier pauvre de Rome. Aujourd’hui pourtant, les écoles qui appliquent la méthode éducative sont onéreuses. Pour la scolarisation d’un enfant, il faut compter en moyenne 500 euros par mois. LCI a demandé à l’Association Montessori de France (AMF) les raisons d’un tel revirement.

Des tarifs variant du simple au triple

"C’est très simple !, assure Diane Vandaele, cheffe de projet à l’AMF, à LCI. C'est parce qu'il s’agit d’écoles privées hors contrat." Ne bénéficiant d'aucun soutien financier de l’Education nationale, les établissements doivent s'arranger pour payer par leurs propres moyens les locaux, les salaires (compris entre 1500 et 1800 euros net par mois, selon notre interlocutrice), le matériel, les repas, etc. Autant de dépenses qui se répercutent sur les coûts d'inscription. "C'est comme une petite entreprise", résume Diane Vandaele.

En moyenne, la scolarisation d'un enfant dans une école Montessori coûte 500 euros par mois. Mais les tarifs sont très aléatoires d'une école à une autre. L'école maternelle Montessori de Vincennes, par exemple, demande 700 euros de frais d'inscription puis 675 euros par mois. A l'école de Bergerac, en Dordogne, les frais d'inscription sont trois fois moins élevés (250 euros) et les frais de scolarité deux fois moins (350 euros/mois).

Pour Diane Vandaele, ces différences de prix s'expliqueraient surtout par le montant du loyer dont doivent s'acquitter les écoles. "Il y a aussi des écoles qui ont 30 ans d'existence et qui sont propriétaires de leurs bâtiment. Les situations sont très variées, commente-t-elle. Je peux en tout cas vous affirmer qu'aujourd'hui, il n'y a aucune école Montessori qui fait des bénéfices excessifs. Ça n'existe pas. Tous les directeurs avec lesquels on travaille ont du mal à boucler leurs fins de mois."

Vers des évolutions positives

Même si l'AMF dit regretter le coût élevé des écoles Montessori, elle affirme que passer un établissement sous contrat avec l'Etat n'est pour l'heure pas envisageable étant donné des "contraintes pédagogiques qui ne sont pas compatibles avec l'Education nationale". Malgré cette impasse, l'Association Montessori de France nourrit beaucoup d'espoir vis-à-vis du gouvernement, qu'elle a rencontré fin 2017. "Le ministre de l'Education nationale est très ouvert aux expérimentations, il connaît très bien la pédagogie Montessori. On sent que ça bouge et qu'il y a des ouvertures qu'on n'avait pas jusqu'à présent", se réjouit Diane Vandaele qui aimerait que l'école publique "s'empare" de la pédagogie. "De plus en plus de professeurs de l'Education nationale se forment d'ailleurs à Montessori et s'en servent en classe dans la mesure du possible", ajoute-t-elle. 

D'autre part, certaines initiatives montées par des éducateurs Montessori tendent à rendre plus accessible ce type d'éducation. La Fédération des écoles Montessori 21, par exemple, qui existe depuis trois ans, développe un nouveau système économique qui prend en compte le quotien familial. Ainsi, les familles aisées paient davantage que les plus défavorisées. "Il y a des familles qui vont payer 90 euros par mois, et il y a des familles qui vont payer 800 euros", explique Diane Vandaele. Les parents sont aussi invités, sur une base d'environ deux heures par semaine, à participer au fonctionnement de l'école pour en réduire les frais (et partager du temps avec leurs enfants). Pour l'heure, cinq écoles de ce type ont ouvert à Paris, Châtenay-Malabry (95), Sèvres et Nanterre (92). Un autre établissement ouvrira à Marseille à la rentrée 2018.


Charlotte ANGLADE

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