Du cancer à la vaccination, l'inlassable combat d'Axel Kahn pour la science

par Laure GIUILY
Publié le 6 juillet 2021 à 17h25

Source : TF1 Info

COMBAT - Décédé à l'âge de 76 ans, le médecin généticien Axel Kahn aura consacré une large partie de sa vie à la recherche, défendant jusqu'au bout l'importance de la science.

"Rendre hommage à l'homme, c’est d'abord épouser ses combats, saluer cette vie qui avait valeur d'exemple et faire nôtres ses engagements", a réagi presque immédiatement le Premier ministre à l'annonce d'Axel Kahn. L'ancien président de la Ligue contre le cancer, lui-même atteint de cette terrible maladie et dont l'état de santé s'était fortement dégradé ces dernières semaines, est décédé ce mardi 6 juillet, laissant derrière lui une vie de combat pour la science et la recherche.

Un touche-à-tout

Né le 5 septembre 1944 en Touraine, ce travailleur acharné a accumulé les fonctions et les titres. Docteur en médecine avec une spécialité en hématologie à 30 ans et docteur en sciences à 32, il devient chercheur à l'Inserm tout en exerçant la médecine jusqu'en 1992 et en assurant la rédaction en chef de la revue scientifique franco-québécoise Médecine/sciences. 

Pour occuper le peu de temps libre qu'il lui reste, il est membre correspondant de l'Académie des sciences à partir de 1990, président de la commission du génie biomoléculaire du ministère de l’Agriculture pendant presque dix ans, de 1988 à 1997, et président du Comité consultatif national d'éthique de 1992 à 2004. 

Spécialiste des maladies génétiques, notamment hématologiques, ses travaux portaient sur des sujets aussi divers que le cancer du foie, l'expression des gènes ou la thérapie génique. Ils avaient fait l'objet de près de 600 articles dans des revues internationales ainsi que de nombreux ouvrages, avant de se tourner vers des recherches plus axées sur l'éthique et la philosophie, comme l'illustre son dernier livre, "Et le bien dans tout ça ?" (Éditions Stock), paru en 2021. 

"Je suis un homme d'engagement"

En 2002, le généticien participe à la création de l'Institut Cochin, gigantesque laboratoire regroupant 600 personnes, axé sur les recherches biomédicales. Il en devient d'ailleurs le premier directeur jusqu'en 2007. Il a 63 ans quand il passe le relais, pour prendre la tête de l'Université Paris Descartes jusqu'en 2011. En 2019, il devient président de la Ligue nationale contre le cancer, cause pour laquelle il se battra jusqu'à sa mort.

Il revient sur le devant de la scène lors de la pandémie du Covid-19. Fervent défenseur de la vaccination, dès le mois de janvier, il plaide, au micro d'Eric Brunet pour la vaccination du personnel médical : "de manière égoïste en tant que Français, j'ai besoin de soignants capables de me soigner, donc j'ai besoin de soignants protégés."

"Continuez mon combat"

Régulièrement invité sur les plateaux télé, il monte au front pour défendre la vaccination, s'insurge contre les complotistes et "antivax" et surtout alerte sur les retards de diagnostics ou de prises en charge de cancer lié à la pandémie. En mars, il déplore micro de Jean-Michel Aphatie, tous ces patients, "entre 3000 et 10.000 morts du cancer qui n'auraient pas dû mourir de cancer", s'ils avaient été diagnostiqués à temps. "Ça m'accable, mais je ne suis pas résigné, je me bats de toutes mes forces."

"Se battre de toutes ses forces" pour les autres, mais aussi contre sa maladie. La Ligue contre le cancer avait annoncé le 11 mai que son président allait se mettre en retrait en raison d'un "cancer qui s'est aggravé récemment". Lors une interview bouleversante accordée à France Inter au mois de mai dernier, où il s'épanche avec sérénité sur son combat contre une mort inéluctable, il a demandé à chacun des ligueurs de continuer son combat contre le cancer. "Je compte sur vous."


Laure GIUILY

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