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"Need your help" : des appels à l'aide ont-ils été inscrits sur les vêtements d'une marque chinoise ?

Publié le 16 juin 2022 à 19h02
JT Perso

Source : JT 13h WE

Des vidéos virales affirment que les vêtements de la marque chinoise Shein cachent un appel à l'aide.
Elles montrent des étiquettes avec la phrase "need your help", inscrite en anglais.
En réalité, cet appel à l'aide n'en est pas un.

Un cri de détresse envoyé depuis la Chine, vers l'Occident. Comme on lancerait une bouteille à la mer. Selon plusieurs vidéos publiées début juin et devenues virales, les vêtements de la marque Shein cacheraient un appel à l'aide. Sur l'étiquette, de jeunes femmes disent avoir trouvé les mots "need your help", inscrits en anglais. Un message qui, pensent-elles, aurait été volontairement dissimulé par les travailleurs de cette entreprise chinoise et qu'elles dénoncent dans des vidéos faisant des millions de vues, notamment sur TikTok. 

Un coup de pub d'autant plus mauvais que le réseau social s'avère le terrain conquis de l'entreprise chinoise, où elle réalise une publicité particulièrement agressive. Cette marque d'"ultra-fast fashion", qui s'inspire des modèles de marques comme Zara, Mango ou de grandes marques de luxe, afin de les vendre à très petits prix, est en effet devenue le géant de la mode en ligne en ciblant les plus jeunes via des influenceuses. Le hashtag "shein" compte ainsi plus de 30,4 milliards de vues sur la plateforme préférée des ados ! 

Une simple consigne de lavage

Ainsi, en recherchant le nom de la marque sur le réseau social chinois, on ne retrouve plus seulement les traditionnels "haul tiktok" – cette tendance qui consiste à se filmer avec son "butin" de vêtements commandés à bas prix – ou les clips rythmés d'adolescentes qui se prêtent aux essayages… Désormais apparaissent aussi les visages de jeunes femmes "choquées" par une découverte. 

À chaque fois, elles montrent la même chose : l'étiquette de leur vêtement. "Je pensais que ces étiquettes étaient fausses, mais j'ai vérifié ma commande récente et ...", écrit ainsi l'une d'elle, laissant sa phrase en suspens avant de montrer son étiquette. Une vidéo vue plus de 5,3 millions de fois et devenue virale jusqu'en France. Si certaines photos utilisées ne permettent pas de savoir avec certitude la marque du vêtement à laquelle cette étiquette est cousue, d'autres montrent très clairement la marque "Shein".

L'une des vidéos sur TikTok qui affirme que les vêtements Shein cachent un appel à l'aide
L'une des vidéos sur TikTok qui affirme que les vêtements Shein cachent un appel à l'aide - TikTok

Seulement, ces quelques mots sont vraisemblablement décontextualisés. Ils font partie d'une phrase plus longue, qui pourrait être traduite ainsi : "En raison d'une technologie pour économiser l'eau, nous avons besoin de votre aide pour laver avec un détergent doux la première fois afin de rendre le produit plus doux." En fait, il ne s'agit pas d'un appel au secours, mais d'instructions de lavage très mal traduites. 

Dans une vidéo sur son propre compte TikTok, la marque corrobore cette hypothèse. "Notre objectif était de rappeler aux clients de contribuer à adoucir ce tissu en utilisant un adoucissant lors du premier lavage du vêtement", explique l'entreprise, décrivant une "confusion concernant l'étiquette d'un de [leur] produits". "Le tissu est imprimé numériquement, un procédé qui réduit l'utilisation de l'eau, par opposition à l'impression textile traditionnelle, gourmande en eau", précise la marque, avant de souligner son "code de conduite strict pour les fournisseurs", qui leur interdit de "recourir au travail forcé". 

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Si cette déclaration vise à éteindre la rumeur d'un appel à l'aide inscrit sur les étiquettes, elle peine toutefois à réellement convaincre quant à la politique de l'entreprise en matière de droit du travail. En novembre dernier, l'ONG suisse Public Eye révélait en effet que les salariés des usines de la marque en Chine étaient surexploités. 

En provenance des régions les plus pauvres du pays, ils travaillaient en moyenne onze à douze heures par jour. Soit 75 heures par semaine avec un seul jour de congé par mois. Par ailleurs, les enquêtrices chinoises mandatées sur place par Public Eye dévoilaient que de nombreux ateliers ne respectaient pas les consignes élémentaires en matière de sécurité. Certains n'avaient pas d'issues de secours, ni de fenêtres. Une cadence infernale de production qui permet à la marque d'ajouter chaque jour 6000 nouveaux articles à son site.

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Felicia SIDERIS

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