"Neuf jours sans douche" : un détenu saisit la justice suite au mouvement des surveillants de prison

Anaïs Condomines
Publié le 25 janvier 2018 à 11h07
"Neuf jours sans douche" : un détenu saisit la justice suite au mouvement des surveillants de prison
Source : Illustration / AFP

JUSTICE - Le tribunal administratif de Clermont-Ferrand va examiner vendredi 26 janvier le recours en référé-liberté d'un détenu de la prison de Moulins-Yzeure. Depuis le début du mouvement social des surveillants de prison, il assure ne pas avoir pris de douche depuis neuf jours.

Son avocat y voit une "atteinte fondamentale" à ses conditions de détention. Un détenu incarcéré au centre pénitentiaire de Moulins-Yzeure (Auvergne-Rhône-Alpes) a déposé, mercredi 24 janvier dans la soirée, un recours en référé-liberté contre le ministère de la Justice pour dénoncer les conséquences du mouvement social des surveillants de prison sur son quotidien en cellule.

Selon nos informations, ce recours n'a pas été rejeté par le juge. Une audience aura lieu vendredi 26 janvier, à 10h, au tribunal administratif de Clermont-Ferrand. Preuve - si l'on s'en tient à la procédure propre au référé-liberté - que le juge a estimé un "caractère urgent" à cette requête. 

Pas de douche et de promenade depuis neuf jours

Que reproche le détenu à l'administration pénitentiaire ? Des conditions de détention qui, selon lui, se sont fortement dégradées depuis le début de la "grève" des surveillants de prison. Ainsi, dans le recours que la presse a pu consulter, le détenu assure qu'il "n'a pas pu prendre aucune douche depuis neuf jours" et "n'a pas eu droit à des promenades". Par ailleurs, il indique que les "poubelles de sa cellule ne sont pas collectées" et qu'il "n'a pu suivre aucune activité" ou cantiner.

"Dès qu'il y a une grève dans les transports, on n'hésite pas à parler de 'prise d'otage' des usagers", constate Sylvain Gauché, l'avocat du détenu. "Et là, personne ne crie au scandale. Or, depuis neuf jours, certains détenus vivent une situation dramatique." "Et encore", rajoute-t-il, "mon client n'a pas de problématique de santé particulière". 

En effet, dans certains établissements bloqués par les surveillants, des rendez-vous avec des spécialistes de santé ou encore des heures de formation ont été reportées. C'est ce que constatait en début de semaine l'Observatoire international des prisons (OIP). En face, les syndicats de surveillants assurent qu'il existe un "service minimum" et que, dans le cas où les gardiens avaient "déposé les clefs" (c'est-à-dire n'avaient pas pris leur service), les ERIS, forces de l'ordre formées par l'administration pénitentiaire, étaient censées prendre le relais.

En attendant, cette audience devrait mettre en lumière la situation des détenus dans les prisons bloquées, alors qu'aucun compromis n'a pour l'heure été trouvé entre les syndicats et la place Vendôme.


Anaïs Condomines

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