Il y a trois ans jour pour jour, le monde assistait, médusé, à l'incendie de Notre-Dame de Paris.Le chantier de la cathédrale, qui a déjà retrouvé de sa superbe, est entré dans sa dernière ligne droite.
Notre Dame de Paris sort la tête de l'eau. Trois ans après avoir été ravagée par les flammes, la cathédrale – qui accueille Emmanuel Macron ce vendredi après-midi pour l'anniversaire de l'incendie - a retrouvé de sa superbe. Et ce grâce au travail quotidien d'une armée d'artisans au cœur d'une forêt d'échafaudages. Leur objectif ? Une réouverture en 2024. D'ici là, le chantier va entrer dans sa dernière ligne droite.
Ces jours-ci, l'édifice a retrouvé sa teinte d'origine. "Le dépoussiérage et le nettoyage intérieurs des voûtes, des murs et du sol" qui devrait s'achever sous peu, tout comme la préparation des voûtes à leur reconstruction, "ont redonné à la cathédrale sa blancheur originelle", s'est félicité l'établissement public chargé du chantier de restauration.
L'orgue en cours de nettoyage
Le lieu sécurisé (cintrage des 28 arcs-boutants, démontage de l’échafaudage qui entourait la flèche, déblaiement des gravats, dépollution des 450 tonnes de plomb partiellement vaporisé dans l'atmosphère...), l'heure est à la restauration dans des ateliers de métiers d'art partout en France. Notamment pour le grand orgue : l'appareil de 1733 - et le plus grand de France - a été épargné par le feu, mais recouvert de poussière de plomb. Il a été démonté, à l'instar des vitraux, et est en cours de nettoyage, comme le reporter de TF1 Michel Izard le montrait le mois dernier dans la vidéo ci-dessous :
L'orgue sera remonté en 2023, opération qui durera quatre mois. Six mois supplémentaires seront nécessaires pour son accordage et son harmonisation.
Un millier de chênes abattus pour la flèche
En outre, 22 tableaux grand format des XVII et XVIIIe siècles sont eux aussi en cours de restauration. Plusieurs statues, déjà restaurées, sont d'ores et déjà exposées à la cité de l'architecture et du patrimoine à Paris. Une autre étape clé du chantier a débuté mercredi : l'extraction des pierres qui permettront de reconstruire les voûtes détruites ou endommagées (vidéo ci-dessous). Deux chantiers tests ont été menés entre septembre 2020 et avril 2021 dans les chapelles intérieures de la cathédrale, 24 en tout, pour définir les techniques qui permettront de leur redonner leurs couleurs d'origine.
Il faudra encore attendre un peu pour le lancement des travaux de reconstruction de la charpente médiévale de la nef et du chœur, ainsi que de la flèche de Viollet-le-Duc, à l'ossature en bois de chêne massif, qui devrait poindre dans le ciel de Paris à partir du printemps 2023, selon l'établissement public. Un millier de chênes issus de forêts publiques et privées ont déjà été sciés en prévision. L'échafaudage de 600 tonnes qui servira à reconstruire la flèche va bientôt être monté, un défi technique.
Un mystérieux sarcophage bientôt ausculté
Le diocèse entend profiter de la restauration de Notre-Dame pour offrir une nouvelle jeunesse à son aménagement intérieur en intégrant de l'art contemporain aux maîtres anciens tels les frères Le Nain ou Charles Le Brun, de la lumière à hauteur de visage, des bancs mobiles pour remplacer les chaises séculaires et des phrases bibliques projetées sur les murs. La crypte, située sous la cathédrale, doit aussi servir d'espace de stockage avec un accès facilité par l'installation d'un élévateur.
En attendant la fin de ce chantier titanesque, Notre-Dame va (peut-être) dévoiler un de ses derniers mystères. Le sous-sol de la cathédrale a réservé bien des surprises, à l’image du visage sculpté il y a 800 ans, débris d’un portail du Moyen-Âge orné de statues, que l'on croyait disparu mais que l'on voit émerger des fouilles dans la vidéo en tête de cet article. Mais surtout, ce reportage diffusé ce vendredi au 13H de TF1 montre le sarcophage anthropomorphe de plomb, datant probablement du XIVe siècle, qui a été récemment mis au jour. À l'intérieur, un corps, probablement celui d'un chanoine, un prêtre du chapitre de la cathédrale. Enfoui à 20 mètres sous terre, dans la partie ouest de la croisée du transept, il était dans un bon état de conservation. Il sera bientôt ouvert à l'Institut médico-légal de Toulouse.