Nouveau tarif de consultation chez le médecin : "C'est du bricolage", déplore le syndicat UFML

Publié le 24 avril 2023 à 18h30, mis à jour le 25 avril 2023 à 10h02

Source : JT 20h Semaine

Les médecins libéraux ont appris lundi que leurs consultations augmenteront de 1,50 euro à l'automne.
L'Union française pour une médecine libre dénonce du "bricolage alors que le système de santé est à terre".
Le syndicat vise toujours un doublement du tarif de la consultation pour créer un "choc d'attractivité".

"L'arbitre" a tranché. Désignée pour solder le différent entre médecins et Sécu, l'ancienne inspectrice des affaires sociales, Annick Morel, a annoncé son verdict ce lundi en fin de matinée. Deux mois après l'échec de leur négociation avec l'Assurance maladie, les six syndicats de médecins libéraux ont appris que leurs consultations augmenteront de 1,50 euro à l'automne, pour atteindre 26,50 euros. Les mêmes qui, durant des mois, ont réclamé, grèves et manifestations à l'appui, des tarifs de consultations de 30 à 50 euros minimum. En vain.

Pour rappel, fin février, ces derniers avaient refusé en bloc la proposition de l'Assurance maladie, portant le tarif de base des généralistes à 26,50 euros, que la haute fonctionnaire a pourtant choisi de conserver. "On est très loin de ce qu'on demandait", réagit Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre (UFML), un syndicat de médecins généralistes, soulignant que "c'est un euphémisme".

"Il va y avoir des morts"

Mais, cela ne semble pour autant pas être une surprise. "On ne s'attendait pas à autre chose, l'arbitrage revient à la base, au sol même, justement dans le but de relancer les négociations, donc c'est pas étonnant que ce soit très bas", poursuit le Dr Marty. "Ceci étant, on ne s'attend pas à ce que le gouvernement aille beaucoup plus loin", déplore le médecin syndicaliste, pour qui il y a pourtant urgence. 

"Les négociations doivent reprendre tout de suite, hier même", insiste-il. "Mais dans des bonnes conditions et non pas avec un négociateur qui méprise son partenaire comme cela a été le cas jusque-là", espère-t-il, ajoutant qu'il attend notamment "des chiffres et des statistiques communiqués suffisamment en amont des réunions pour pouvoir être analysés".

En attendant, selon lui, "c'est du bricolage alors que le système de santé est à terre", s'insurge-t-il. "Les urgences débordent ou ferment, les médecins de terrain ne peuvent pas répondre à la demande de soins et tout ce qu'on fait c'est nous donner un bon chez monsieur bricolage", martèle-t-il, alertant sur le fait qu'"il va y avoir des morts".

"Ce qu'on veut c'est une médecine de qualité, où l'on donne du temps aux gens, donc en faisant installer des médecins ; et la seule solution pour cela c'est de rendre la médecine libérale attractive", insiste-t-il.

1.500 intentions de déconventionnement

"Si le gouvernement ne le fait pas, alors on fera nous-mêmes ce qu'ils ne veulent pas faire en misant sur le déconventionnement collectif", prévient-il, soulignant que le syndicat a déjà enregistré 1.500 intentions de déconventionnement et qu'il en vise 10.000 à 15.000 dans les 14 à 18 prochains mois. Cet objectif atteint, l'étape suivante consistera, détaille-t-il, à demander au gouvernement : "est-ce que vous être prêts à renégocier le tarif de base des généralistes pour garder ces médecins conventionnés ?".

Le doublement du tarif de la consultation visé par les médecins libéraux entend créer un "choc d'attractivité" alors que la problématique des déserts médicaux ne cesse de s'accentuer. "On y croit encore, ce qui a été mal traduit à l'époque c'est qu'on ne vise pas atteindre ces 50 euros tout de suite immédiatement, il faut contractualiser en combien d'années on les atteints, c'est un objectif", reprécise-t-il.  Et d'insister : "On estime qu'il y a 15.000 à 20.000  médecins formés en France qui attendent juste de s'installer."

De son côté, le ministre de la Santé, François Braun, a d'ores et déjà fait savoir dans un communiqué qu'il "approuvera dans les jours qui viennent" le règlement arbitral présenté ce matin comportant "des avancées importantes pour l'amélioration de la santé des Français". La hausse de 5% à 6% des tarifs de base devrait donc intervenir fin octobre ou début novembre.


Audrey LE GUELLEC

Tout
TF1 Info