Nouvelle action choc des avocats contre les retraites : ils s'allongent au sol à la cour d'appel de Paris

Publié le 10 janvier 2020 à 11h11, mis à jour le 17 janvier 2020 à 18h49

Source : TF1 Info

COLÈRE - Annulation d'audiences, permanences pas assurées, robes retirées... Pour se faire entendre, les avocats qui ont rejoint lundi les rangs de la contestation enchaînent les opérations coup de poing. Le Conseil national des barreaux, à l'initiative de la mobilisation, a appelé à une grève "dure" face à gouvernement qu'il estime sourd à sa situation.

La justice à l'arrêt. A l’initiative du Conseil national des barreaux (CNB), les avocats multiplient les actions choc à travers la France depuis le 8 janvier. Selon l’établissement, qui représente 70.000 magistrats, c’est même la totalité des barreaux qui ont mené des actions contre la réforme des retraites. 

De Marseille à Caen, une mobilisation "massive"

Une réussite pour le Conseil qui appelait à une grève "dure" depuis lundi. Parmi les actions de blocages, des renvois d'audiences, des permanences fermées et des suspensions de désignations d'avocats en matière d'aide juridictionnelle. Alors, dans les cours et les tribunaux, les affaires étaient renvoyées. Et les tribunaux occupés. 

Une mobilisation "massive" pour un secteur d’activité habituellement discret, afin de s’opposer au projet de réforme des retraites qui supprimera leur régime. Celui-ci prévoit notamment que la caisse autonome de cette profession, qui "s'autofinance" – et est même excédentaire – soit dissoute dans le régime universel. Ce qui impliquerait, selon la profession "un doublement des cotisations à 28% et la baisse des pensions".

Contre le "passage en force" de la réforme

Ainsi, lundi, c’est à Marseille que plus de 500 avocats ont investi les marches du palais de justice. Devant l'établissement, où les audiences étaient annulées et les permanences pas assurées, le bâtonnier Yann Arnoux-Pollak a expliqué cette action. Cité par La Provence, il a dénoncé "un passage en force" en forme de "déclaration de guerre" du gouvernement. Vêtu d’un rabat de couleur rouge sur sa robe, le magistrat a aussi regretté "l'absence de vraie concertation" avec la profession. 

Plus emblématique encore de ce dialogue rompu, l’action des avocats à Caen. Dans le hall du palais de justice, ils ont retiré leurs robes devant la garde des Sceaux. L’image de ces robes empilées sous les yeux de Nicole Belloubet est devenue un symbole de leur mobilisation.  

Même action à la cour d'appel de Paris, cette fois, le 10 janvier. Par dizaines, les "robes noires" se sont allongées au sol pour "dénoncer une réforme qui va tuer leur profession".

Moins original, mais tout aussi fort, c’est à Valence qu’une cinquantaine de grévistes ont empêché la tenue de l'audience des référés. Au palais de justice de la préfecture de la Drôme, le procureur et la présidente ont été empêchés d’entrer dans la salle. Une action que cette dernière, qui n’avait pas été informée, regrette. "J'ai été un peu trahie, et le procureur également", a-t-elle déclaré à nos confrères de France Bleu. "Une telle situation, pour moi, n'est pas acceptable. Quand on interdit à des justiciables l'entrée d'une salle d'audience, ce n'est pas pacifique."

Je ne suis pas fermée à la discussion
Christiane Féral-Schuhl, présidente du CNB

Un argument qui fait écho à celui avancé par Nicolle Belloubet le matin même. Reconnaissant que les avocats ont une "capacité de blocage" de tout le système judiciaire, la ministre a regretté cette action au micro de RMC. "Il y a des justiciables qui sont ici en cause et ils méritent d'être défendus", a souligné la ministre. 

Si son invitation à "venir à [sa] rencontre pour continuer de dialoguer" a été entendue, la ministre n'a pas convaincu. "Nous sommes une profession libérale, nous n'avons pas l'habitude de faire grève", a ainsi souligné Christiane Féral-Schuhl, présidente du Conseil national des barreaux, auprès de l’AFP. Une façon de montrer la détermination de ses pairs, "acculés à cette situation". "Je ne suis pas fermée à la discussion", a-t-elle tenu à souligner, avant de faire savoir qu'elle avait tout de même une ligne rouge. "On m'a indiqué jusqu'à hier soir qu'il n'y avait de négociation possible que si on acceptait le régime universel et pour nous, c'est non."


Felicia SIDERIS

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