Obésité : un médecin sur deux a des préjugés liés au poids, dénonce la présidente d'un collectif d'associations

par Marius BOCQUET
Publié le 4 mars 2023 à 17h45

Source : TF1 Info

Un professionnel de santé sur deux est "grossophobe" selon la présidente du Collectif National des Associations d'Obèses.
Elle s'appuie sur l'étude d'un médecin généraliste, mené auprès de 1800 internes en médecine.
Ce dernier parle de "préjugés liés au poids" et décrit un problème plus global.

Près d'un professionnel de santé sur deux serait "grossophobe", selon la présidente du Collectif National des Associations d'Obèses (CNAO) ce samedi matin. "Les professionnels de santé sont démunis à nous prendre en charge et ils sont en partie grossophobes à 53 %", a déclaré Anne-Sophie Joly au micro de RMC à l'occasion de la journée mondiale contre l'obésité ce 4 mars, évoquant une étude réalisée par le médecin généraliste Antoine Epin auprès de 1800 étudiants en médecine.

La présidente du collectif d'associations dénonce le manque de formation des professionnels de santé, "médicaux et paramédicaux", sur le sujet. À ses yeux, "ça ne fait que renforcer le rejet qu'ils ont vis-à-vis de nous parce qu'ils ne connaissent pas la pathologie", pourtant "reconnue par l'OMS depuis 25 ans". Anne-Sophie Joly réclame donc une meilleure formation des médecins, la reconnaissance de l'obésité comme maladie chronique et un plan obésité interministériel.

"Mal proportionné", "non endurant", mange trop"

Selon elle, la grossophobie des professionnels de santé à l'égard des personnes obèses passe par des avis comme "mangez un peu moins" ou "faites plus de sport". "Ils se disent que la personne obèse va bien, qu'elle va beaucoup trop bien" du fait de sa corpulence, déclare-t-elle auprès de TF1Info.

Dans le détail, l'étude du docteur Antoine Epin, menée en 2022, montre que "51,4% des étudiants de 3e cycle expriment une discrimination relative au poids". Ces internes en médecine attribuent principalement aux patients obèses les caractéristiques "non séduisant", "mal proportionné", "ayant une faible maîtrise de soi", "non endurant", "inactif", "aimant la nourriture", "mangeant trop", "anxieux", "ayant une faible estime de soi" et "lent", révèlent les réponses au questionnaire.

Le médecin généraliste, qui lui refuse de parler de "grossophobie" mais évoque des "préjugés liés au poids", estime néanmoins que "la discrimination est globale" et que seul le corps médical n'est pas "à pointer du doigt". "Le problème doit être traité de manière structurelle", déclare Antoine Epin à TF1Info. "Nous devons balayer devant notre porte", assure-t-il tout de même en tant que membre du personnel médical, afin que cette remise en cause puisse ensuite "transpirer dans le reste de la société".


Marius BOCQUET

Tout
TF1 Info