Financement, activité, polémique... quatre choses à savoir sur l'ONG de sauvetage SOS Méditerranée

Publié le 12 novembre 2022 à 18h08, mis à jour le 13 novembre 2022 à 9h57

Source : JT 20h WE

SOS Méditerranée a débarqué vendredi les 230 migrants qui se trouvaient à bord de son navire, l'Ocean Viking.
L'ONG a annoncé son intention de repartir en mer "très prochainement".
Zoom sur cette association humanitaire qui ne cesse de faire parler d'elle.

À peine a-t-elle trouvé un port sûr qu'elle compte déjà lever l'ancre. L’ONG SOS Méditerranée a annoncé ce jeudi 11 novembre qu'elle avait l'intention de repartir en mer "très prochainement". Après un "blocage inédit aux portes de l'Europe", elle a fini de débarquer à Toulon les quelque 230 rescapés qui se trouvaient au bord de son navire, l'Ocean Viking. Un débarquement qui a fait couler beaucoup d'encre, créé une crise diplomatique entre Rome et Paris et provoqué une levée de bouclier de la part de la droite et de l'extrême droite. Mais que sait-on de cette ONG humanitaire ? 

Née pendant la crise migratoire

L'ONG est une initiative qui répond "à une situation connue, à laquelle les pouvoirs publics n'apportent pas e réponse adéquate", comme le résumait à l'époque Sophie Beau, co-fondatrice de l'association. Pour comprendre cette genèse, il faut remonter à 2015. On est en pleine "crise migratoire", liée à l'arrivée de nombreux réfugiés fuyants la guerre civile en Syrie, quand l'Italie met fin à l'opération Mare Nostrum. Cette mission militaire et humanitaire, menée par la marine italienne afin de secourir les migrants en mer, est en partie remplacée en novembre 2014 par une opération européenne surnommée "Triton". Sous l'égide de Frontex, l'agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, cette opération vise clairement au contrôle des frontières et non plus au sauvetage en mer, dont elle délègue la responsabilité à la Libye. Face à la détresse des bateaux laissés sans solution en mer Méditerranée, la société civile européenne s'organise. Et des citoyens européens lancent SOS Méditerranée. 

Spécialisée dans le sauvetage en mer

Si la fondatrice française de l'ONG vient de l'humanitaire, son co-fondateur est un capitaine de marine marchande allemand. Un duo qui définit parfaitement la mission que se donne SOS Méditerranée : "porter assistance, sans aucune discrimination et à traiter avec dignité, toute personne en détresse en mer, dans le respect du droit maritime international", comme elle le résume sur son site. La présidence de l'ONG symbolise, elle-aussi, cette volonté de s'inscrire dans le droit maritime. Après le capitaine Klaus Vogel à sa création et l'ancien armateur Francis Vallat, c'est désormais François Thomas, qui fit carrière dans le monde maritime, qui est à la tête de l'association. Deux hommes issus du monde de la navigation qui œuvrent bénévolement pour organiser des opérations de sauvetage. D'abord avec le navire Aquarius, dont l'association se sépare en décembre 2018 après un "harcèlement politique, administratif et judiciaire", puis avec le fameux Ocean Viking, depuis 2019. En tout, l'association affirme avoir sauvé plus de 34.000 personnes des vagues de la mer Méditerranée.

Financée par des collectivités, des entreprises et des particuliers

Pour mener à bien ses missions, le directeur des opérations de SOS Méditerrané, Frédéric Penard, confiait auprès de TF1info qu'il leur faut débourser "14.000 euros par jour". Un coût d'affrètement très élevé, qui demande une gestion financière maitrisée. Pour ce faire, l'ONG peut compter sur des dons privés et publics. Selon son rapport d'activité, en 2021, ses fonds venaient à 89% de dons privés. Il s'agit majoritairement (56%) de particuliers, via des campagnes de financement, mais aussi d'entreprises. L'ONG compte en effet 34.000 donatrices et donateurs, dont 10.000 font un don régulier mensuel. Les 11% restants proviennent directement de subventions publiques. Par exemple, l'ONG a le soutien de nombreuses collectivités locales. En France, au début de l'année, 79 collectivités territoriales - dont Paris, Saint-Nazaire ou encore les Pyrénées-Orientales - avaient fait le choix d'apporter une aide financière à SOS Méditerranée, d’après La Gazette des communes

ZOMM - L'Ocean Viking, le navire de secours des migrants de SOS MéditerranéeSource : Sujet JT LCI

Au cœur des polémiques 

L'ONG est régulièrement accusée par ses détracteurs d'être directement en lien avec les réseaux de passeurs. Si bien qu'en octobre 2018, des militants du groupuscule d'extrême droite Génération Identitaire avaient déployé une banderole "complice du trafic d'êtres humains" au siège de l’ONG à Marseille. Un argument repris par certains élus de la droite et de l'extrême droite. En juillet, SOS Méditerranée avait poursuivi en diffamation le sénateur Stéphane Ravier et l'eurodéputée Nadine Morano pour avoir traité les membres de l'association de "complices des trafiquants d'êtres humains". Pour rappel, l'enquête préliminaire qui avait été ouverte en 2017 par le parquet de Catane pour faire la lumière sur les financements des ONG et leurs liens avec des réseaux de passeurs ne l'a jamais prouvé. Malgré les investigations, aucune preuve tangible n'a jamais été apportée. 

Malgré les polémiques, les blocages des Etats et l’enjeu politique, SOS Mediterranée continue son activité de sauvetage en mer. Une mission qui lui avait d’ailleurs valu en 2017 d’être reconnue comme une "grande cause nationale" par le gouvernement de François Hollande. Grande cause qu’elle compte reprendre "d’ici quelques semaines".


Felicia SIDERIS

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