INTERVIEW - L'officiel des prénoms 2015, la bible des futurs parents, vient de paraître*. Retour avec son auteur, Stéphanie Rapoport, sur les choix les plus en vogue pour les bébés cette année.
Y a-t-il de grands changements dans les tendances de prénoms cette année ?
D'une année sur l'autre, notre Top 20 change peu. L'Ancien Testament est toujours très fort pour les garçons, et les prénoms rétros pour les filles.
Emma (une petite fille sur 72), Léa, Nathan et Lucas continuent de truster les premières places du classement
. Combien de temps un prénom reste-t-il à la mode ?
Il faut une vingtaine d'années pour qu'un prénom qui monte au sommet du Top 20 en sorte. Mais les cycles se rétrécissent de plus en plus. Marie et Jean sont restés les numéros un entre 1900 et 1960. Emma, c'est 9-10 ans de règne, et je ne suis pas sûre que ce prénom soit toujours en tête l'an prochain. Nathan, ce sera moins, peut-être cinq ans au total. C'est toujours le prénom le plus donné chez les garçons mais d'autres montent très fort derrière, comme Léo ou surtout Timéo, un nouveau venu, qui est un vrai bolide. Il pourrait rapidement briguer la première place.
Quelles sont les grandes différences entre les choix des parents parisiens et ceux de province ?
A Paris, vous n'avez pas de prénom comme Timéo ou Lilou, qui n'existaient pas en France au début des années 1990. Je ne sais pas si c'est par snobisme, mais les Parisiens n'aiment pas trop les innovations. Ils vont plutôt se replier sur les valeurs rétro. Le palmarès dans la capitale, c'est Louise, Chloé, Alice, Inès et Sarah chez les filles. Au masculin, les prénoms de l'Ancien Testament sont en pointe avec Gabriel, Adam, Raphaël, puis Louis et Arthur. On a aussi une touche plus cosmopolite à Paris, puisque Mohammed y arrive en 9e position. En revanche, Nathan n'est que 16e. Quand un prénom est très en vogue au niveau national, il truste rarement les premières places à Paris.
Comment expliquez vous cette mode des prénoms rétro ?
Les parents qui ont envie de donner un prénom original ou un peu singulier à leur enfant vont aller piocher dans un registre rétro qui n'est plus porté aujourd'hui. Quand on appelle son enfant Madeleine ou Suzanne, qui commence à frémir, on redonne toute une cure de jouvence au prénom et on est original. C'est en même temps une valeur sûre et un signe d'innovation.
L'originalité, ce sont aussi les prénoms régionaux...
Oui, c'est une des grandes tendances du moment. Ce sont surtout des prénoms bretons qui marchent très fort : Maëlis, Léna, Maël ou Mathéo sont très donnés en France.
Continue-t-on à voir de plus en plus de prénoms apparaître ?
Oui, nettement. Depuis que la législation s'est assouplie en 1993 et que la liberté de choix n'est plus restreinte, le répertoire s'est considérablement élargi. Notamment par la multiplication des variantes ou par le biais d'Internet, qui donne accès à des prénoms du monde entier. Dans mon livre, j'en recense plus de 12.000, mais il y en a plus de 26.000 dans les fichiers de l'Insee. Entre 1993 et aujourd'hui, le répertoire s'est accru d'un tiers de prénoms.
Selon vos statistiques, 6% des parents ont choisi de créer leur propre prénom...
On recense en effet de plus en plus de créations de prénoms. Beaucoup de parents font en particulier des fusions : on aime Mathéo et Mathis et on n'arrive pas à les départager, alors on donne Mathéis. Ce qui est intéressant, c'est que dans 98% des cas, les parents ne regrettent pas leur choix.
Quels conseils donneriez-vous aux futurs parents ?
Un conseil de sens commun. Quand on a un prénom extrêmement connu, comme par exemple Zoé, il est dommage de vouloir être original en rajoutant un e, car l'enfant va devoir toute sa vie épeler son prénom. De manière générale, il faut vraiment faire attention avec les variantes. Johnny ou Jason, ça commence avec un J, pas par "Dj " ou c'est du plus mauvais effet. De la même manière Tom avec un e, ce n'est plus un prénom mais une Tomme de Savoie. Ces créations me fait toujours tiquer. Je les cache un peu ou je les classe en variante, car pour moi c'est une dérive. Je n'ai pas envie de les encourager.
* Editions First
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