AH OUI QUAND MÊME - C'est un fait : les jouets sont de moins en moins unisexes et de plus en plus déclinés en version fille-rose et garçon-bleu. Pour le vérifier, petit tour des catalogues de Noël 2017.
A cette période de l'année, c’est difficile de passer à côté : Noël arrive, les rayons de jouet s’installent, les grands magasins sont désormais séparés en deux zones, bien distinctes : une bleue, et une rose. Il faut choisir son camp. Filles-princesses en rose, ou garçons-héros en bleu ?
Merci aux grands magasins de nous rappeler comment savoir si on est une fille ou un garçon... pic.twitter.com/vIh659hFtQ — Raphaël Goetter (@goetter) 17 novembre 2017
Un rapport du Sénat de 2014 intitulé "Jouets, la première initiation à l’égalité" rappelait que cette séparation des univers de jeux des filles et des garçons est en fait une évolution très récente.
Les raisons à cette différenciation si marquée sont souvent marketing. Alors qu’avant, beaucoup de jeux étaient unisexes, les décliner en version rose et bleu permet d’en vendre... deux fois plus. Car ainsi, les jouets bleu ou rose se transmettent moins facilement au sein de la fratrie, de frère en sœur ou inversement. Le phénomène, poursuit le rapport, a été aggravé par la généralisation des licences, qui consistent en l’exploitation commerciale d’une marque ou d’un personnage. Ces licences favorisent les stéréotypes masculins et féminins, car le marketing, indique le rapport, distingue les licences filles (Hello Kitty, Barbie pour n’en citer que quelques-unes) et les licences garçons (IronMan, Spiderman, etc...). Ajoutez à ça la volonté de faire une offre la plus standardisée possible pour pouvoir exporter dans le monde entier, et vous obtenez des jouets de plus en plus sexués.
Bleu et rose
Depuis quelques années, mouvement de consommateurs ou féministes tentent d’alerter. Sans grand succès, apparemment. Pour vérifier, LCI est allé feuilleter les catalogues de trois grandes enseignes. Toys’r’us, La Grande Récré et Joué Club. Et vous montre les 15 exemples de jouets qui, dans votre enfance, étaient unisexes. Et ont aujourd’hui été bariolés en rose et bleu. Pourquoi pas. Mais si on aime le vert et le orange, on fait comment ?
1. Le vélo. Typique de la licence, il y a le vélo Spiderman, pour les garçons ou Reine des neiges. En bleu et rouge, ou bleu ciel et rose bonbon.
2. Dans le genre matériel roulant, on a aussi ça pour la voiturette...
3. La trottinette...
4. ...ou même le quad. Car oui les filles peuvent faire du quad, mais à condition qu'il soit rose.
5. Même pour les patins à roulette, il faut choisir son camp.
6. Et le ballon sauteur ? Avant il était jaune ou rouge. Maintenant, il est Cars, ou princesse Disney.
7. Le cheval à bascule. Avant, il y avait le cheval à bascule pour tous. Voici maintenant le Amigo le cheval, pour les garçons et la licorne à bascule, pour les filles.
8. Votre enfant veut une tente ? Il devra choisir entre la tente de princesse, ou celle du chevalier.
9. Les appareils photos également...
10. Et même les guitares...
11. Les grandes marques, essayant de se diversifier, ont elle aussi créé des univers filles et garçons très marqués, qui n’existaient pas avant. Comme les Playmobils, avec voitures de police, hélicoptères, gendarmes pour les garçons, et princesses, châteaux pour les filles.
12. Ou les Legos, comme à travers leur gamme Lego Friends. Avec surtout, à chaque fois, des tons très marqués : mauve, rose, jaune poussin, framboise...
13. Ces couleurs différenciées s'imposent partout, dès le plus jeune âge comme avec les Barils, un jeux d’assemblage.
14. Les jeux de société, évidemment, s'y mettent aussi, notamment le Monopoly. On ne résiste pas à vous ressortir cette version lancée en 2008, le Monopoly Rose, dans lequel les rues sont remplacés par des boutiques de vêtements, des centres commerciaux, ou des factures d’électricité à payer. Impossible à retrouver aujourd’hui, visiblement, il n’aura pas séduit.
15. Soyons tout de même juste. Quelques pages de catalogues tentent de mêler les deux univers. En introduisant par exemple, un petit garçon dans l'univers des filles...
Ou en développant, par exemple, des gammes de poupées visiblement davantage destinées aux petits garçons. Comme ici, la poupée "Marcel", sans cheveux.
Ou des poupées dans les tons bleus. Histoire que le message soit limpide !
Et même... si, si, on a trouvé, en tout petit au bas d'une page, une petite fille plongée dans un jeu scientifique.
Cette question peut paraître superficielle. Et pourtant note le rapport du Sénat, elle a des conséquences bien réelles, le jouet ayant chez l’enfant un rôle important dans la construction de son identité. Une différenciation trop marquée favoriserait, selon le rapport, une "assignation à la réussite et à la compétition chez les petits garçons", et "à la docilité et au conformisme chez les petites filles " et donc est "porteuse d'inégalités dans les rapports entre hommes et femmes" ou encore "une limitation du champ de l'orientation professionnelle des filles". A un autre niveau, cette nette séparation des univers de jeu "limite les chances de 'vivre ensemble' pour les hommes et les femmes de demain".
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