L'état-major français a indiqué que les forces de l'opération Barkhane avaient officiellement confié mardi la gestion d'une base du Nord du pays aux forces maliennes.Une étape centrale dans le retrait des troupes du Mali, où monte ces derniers mois un sentiment antifrançais.
Un passage de flambeau décisif : l'armée française a officiellement remis mardi aux forces armées maliennes (FAMa) les clés de la base de Gossi, dans le nord du Mali. Une étape majeure du départ de la force antidjihadiste Barkhane du pays, a indiqué l'état-major français. "Le transfert de la base avancée de Gossi est effectif depuis la fin de matinée", a déclaré son porte-parole, le colonel Pascal Ianni, précisant que la base accueillait 300 soldats de l'Hexagone.
Le déménagement a représenté quelque 400 containers, et le poste "a été restitué en l'état avec tous les dispositifs défensifs, tous les équipements (...) ainsi que des infrastructures de casernement", a-t-il ajouté au cours d'un point-presse, assurant n'avoir "pas fait table rase". Cette base était "opérationnelle depuis 2018" et a permis d'exercer une "pression forte sur les groupes armés dans la région", ajoute un communiqué des forces françaises. "La cohabitation entre la force Barkhane et la population a été exemplaire", ont-elles assuré.
Un transfert "dans la transparence la plus totale"
Barkhane au Sahel, la plus grosse opération extérieure actuelle de la France, lancée en 2014, a mobilisé jusqu'à 5500 hommes sur le terrain en 2020 et avait entamé sa mue l'été dernier sur décision d'Emmanuel Macron, qui prévoyait de ramener ce nombre à 2500 ou 3000 d'ici 2023. Paris a ensuite décidé en février un retrait militaire total du Mali, dans un contexte sécuritaire dégradé et une crise diplomatique entre Paris et Bamako, où une junte militaire a pris le pouvoir. Quelque 4600 soldats français sont toujours actuellement déployés au Sahel, dont 2500 au Mali.
Le colonel Ianni a précisé mardi qu'un état des lieux "documenté" de la base de Gossi avait été dressé, et que ce transfert a été réalisé "dans la transparence la plus totale afin de nous prémunir d’éventuelles accusations". "Nous ne pourrons pas être attaqués et être accusés d’avoir fait les choses de manière malhonnête ou illicite", a-t-il lancé. Une allusion au sentiment antifrançais qui a gagné du terrain dans la région : la France a fait l'objet de campagnes de dénigrement sur les réseaux sociaux, qui l'accusaient "de participer à des trafics (…), d’armer les terroristes, voire de commettre des exactions", selon le militaire.
Selon lui, aucune contrepartie n'a été demandée à Bamako quant à l'utilisation à l'avenir de la base par les mercenaires du groupe russe Wagner, présents au Mali depuis plusieurs mois selon les Occidentaux. Bamako évoque pour sa part de simples conseillers russes. "Les Maliens sont libres de faire ce qu'ils souhaitent", a insisté le porte-parole.
Le colonel Ianni a par ailleurs indiqué que six suspects avaient été interpellés à Adiora, à une trentaine de kilomètres au nord de Gossi, et "sont actuellement interrogés par la force Barkhane", précisant que l’opération visait le GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), lié à Al-Qaïda. Dimanche, des tweets avaient fait état "d'enlèvements" de villageois.
Les forces françaises devront ensuite rétrocéder les emprises de Ménaka et Gao "dans les prochains mois". Paris a plusieurs fois réaffirmé qu'elle n'entendait pas cesser son combat contre les jihadistes qui sévissent dans la région et souhaitait travailler avec les pays voisins du Golfe de Guinée et d'Afrique de l'Ouest, où ils menacent de se disséminer.