SECURITE – Après les attentats de janvier 2015, l’armée a déployé 10.000 militaires sur tout le territoire français dans le cadre de l’opération Sentinelle. Un an après, cette mission d’urgence est vouée à être pérennisée.
Un an après le déploiement de l’opération Sentinelle sur le territoire français, le moral des troupes est terne. S’ils n’ont pas la réputation de se plaindre, les militaires s’inquiètent de la pérennisation de la mission alors que les conditions d’hébergement et de restauration ne sont pas entièrement satisfaisantes. A titre d’exemple, l’un d’entre eux raconte à metronews, sous couvert d’anonymat, que dans les premiers mois ayant suivi les attentats de janvier 2015, lui et ses équipiers se sont retrouvés à "dresser une tente, tant le casernement [qui leur était] affecté était insalubre". "Certains d’entre nous avons même dû nous restaurer sur nos fonds propres", rapporte-t-il. D’autres, encore, ont raconté à France info avoir été contraints de s’inscrire à une salle de sport du 11e arrondissement afin de prendre une douche.
Sédentarisation d’une force d’intervention
Cette mission de sécurisation confiée à l’armée de terre est inédite. En Ile-de-France, entre 4.000 et 7.000 militaires sont déployés quotidiennement. Jamais autant de militaires n’avaient été mobilisés au même moment en région parisienne de façon durable. "Nous avons dû prendre en compte cette mission de sédentarisation d’une force d’intervention à Paris. Avec un impératif de protection et d’autoprotection afin de ne pas être une cible en phase de repos", justifie auprès de metronews le colonel Benoît Brulon, porte-parole de l'opération Sentinelle en Ile-de-France, reconnaissant une "opération logistique importante et contraignante". Une mission en outre où les militaires sont exposés, comme ce fut le cas à Valence en début d'année lorsqu'un homme a foncé avec sa voiture sur des soldats .
"Le régime entre les CRS, gendarmes mobiles et soldats n’est pas le même", détaille un policier au fait du déploiement Sentinelle en Ile-de-France. Les CRS et gendarmes mobiles, habitués à être rapidement déployés au rythme des manifestations, disposent de cantonnements en dur un peu partout en Ile-de-France. "Mais pour les soldats, il y en a très peu. Et on ne peut rien leur prêter puisqu’on est au maximum de nos capacités", poursuit-il. Lorsque les CRS, par exemple, ne trouvent pas de toit existant pour la nuit, ils sont envoyés à l’hôtel, les frais étant pris en charge par leur direction.
"Nos soldats ne se sentent pas efficaces plantés à côté d’une porte"
Mais pour les militaires, rien n’est prévu. Du coup, "les solutions sont trouvées au cas par cas et sur le terrain", renseigne-t-on au sein de Gend XXI, association professionnelle de défense des gendarmes . "Parfois, les collectivités locales, telles que les mairies ou les communautés d’agglomération prennent à leur frais l’hébergement ou la restauration des soldats en prêtant un gymnase ou en préparant des plateaux-repas", ajoute-t-on.
"On a conscience des difficultés. D’autant que cette mission est éprouvante et fatigante. Mais les premiers résultats de cette opération logistique de grande ampleur arrivent", promet le colonel Brulon. L’hébergement n’est pas le seul motif de griefs. "Nos soldats se sentent plus efficaces sur des missions mobiles plutôt que d’être plantés à côté d’une porte", ajoute le porte-parole. Autre critère de bien-être, la reconnaissance sociale. "Si la solidarité de nos concitoyens reste forte globalement, on fait parfois face à des remarques déplacées. Or le moral des soldats est important dans la réussite de cette mission", conclut le colonel Brulon.