ÇA BUZZ - Faire réfléchir, donner des clés pour comprendre l'actualité, les faits… Osons causer, lancé par trois amis chercheurs en juin dernier, commence à se faire une jolie place sur Youtube. L'idée : expliquer en profondeur des faits d'actualité plus ou moins chaude. Présentations.
"Wesh, wesh, les amis, ça va ?" Il démarre toujours comme ça, Ludo. Détendu, grand sourire sous ses cheveux bouclés, il commence à parler. Il est bavard, Ludo. Aujourd'hui, il est branché sur les blocages du mouvement contre la loi Travail, et notamment les "prises d'otages", évoquées par les médias. Et il pose la question : "Mais la rhétorique de la prise d'otage est-elle vraiment adaptée ? Qui sont vraiment les preneurs d'otages ?" Et là, en 3 minutes, il fait le récap' de trois mois de mouvement social. Rappelle que cette loi est soutenue par la Commission européenne, qui encourage les pays à libéraliser leur marché, que c'est aussi un souhait du Medef. Demande, innocemment : "Pourquoi les médias n'utilisent pas les mêmes métaphores guerrières quand Monsanto continue à 'prendre en otage' notre santé en vendant son glyphosate, un pesticide prouvé cancérigène ?"
A trois, c'est mieux
Ecouter Ludo, c'est comme une discussion d'apéro entre potes, en plus intello. Sauf que Ludo est en vidéo, plus précisément sur les vidéos d'Osons causer, diffusées sur Youtube et Facebook . Et cette vidéo, postée il y a quelques jours, a déjà été partagée 165 000 fois sur Facebook. Osons causer a été lancée en juin dernier par trois amis, trois colocataires, Ludo, Xavier et Stéphane. Tous des diplômés profil universitaire, en philo, socio ou docteur en psycho, tous un peu précaire, tous motivés.
Au téléphone, Ludo a la voix enrouée. Mais enjouée, toujours. "On a travaillé jusque tard hier pour finir notre vidéo ce de matin", explique-t-il en se marrant. Pendant que les deux autres sont au café, il explique : "'Osons causer', est né de nos trois envies et sensibilités. Xavier voulait créer une chaîne Youtube de vulgarisation en sciences sociales; Stéphane, lui, voulait apporter un contrepoint idéologique aux vidéos type Alain Soral, confusionnistes ou conspirationnistes qui cartonnent sur Internet; et moi, je suis plus touche-à-tout, j'essaie d'articuler politiquement les faits." Osons causer a été un mix de tout ça, à cheval entre l'actu, la vulgarisation des sciences sociales, et l'articulation d'idées politiques.
"Il faut du sourire, du délire"
Pour parler devant la caméra, c'est Ludo qui s'y est collé. "J'adore causer, je n'ai pas trop de problème à faire de longs discours", rigole-t-il. Le ton est aussi trouvé : celui d'un ami, en langage parlé. "C'était notre choix de départ : parler comme ton pote !"Ah oui, et positif, toujours. "Il faut du sourire, du délire", explique Ludo."Pour convaincre, il faut de l'enthousiasme et de la ferveur, sinon, ça ne marche pas". Et ça marche. Aussi, les trois amis savent accrocher. La première vidéo mise en ligne, c'était
"Pourquoi les Arabes sont des voleurs"
. Ont suivi
"Pourquoi 10 milliardaires contrôlent notre information"
, ou encore
"Pourquoi l'Arabie Saoudite produit du djihadisme"
. Incitation à cliquer, titres provoc', c'est sûr et c'est assumé. Mais une fois cliqué, la vidéo déroule 20 minutes d'intervention, où Ludovic, de son canapé, essaie de poser les faits, décortiquer, analyser le langage employé…
"Au début, c'était pas terrible"
Expliquer. Et après, à chacun de se faire son idée. L'objectif est ambitieux : "On veut donner des armes d'esprit critique, d'autodéfense intellectuelle aux gens, défricher des informations." Sur le format, sur la prise de parole, les coloc' d'Osons causer tâtonnent encore. Expérimentent. "Au début, c'était pas terrible", reconnaît Ludo. "Les premières vidéos n'étaient pas assez claires. On essayait de faire une très bonne dissertation, très pointue, en oubliant un peu qu'on parlait pour un public. On essaie de mieux réfléchir nos produits." La mobilisation contre la Loi Travail a aussi poussé Osons causer à développer les vidéos plus courtes, deux ou trois minutes, plus ancrées sur l'actualité chaude (voir encadré).
Le carton du 49.3
Voilà pour la forme. Sur le fond, les trois ne s'interdisent rien, osent parler de tout. "Nos critères, c'est ce qui est important pour l'intérêt général, avec un petit ratio entre ce qui est d'actualité et donc qui a une "importance urgente", et ce qui 'est pas d'actu, mais qui est important en soi", explique Ludo. Au programme des prochaines semaines donc, mondialisation, Tafta, tribunaux d'arbitrage, agroindustrie, et pourquoi pas un peu d'économie avec de la création monétaire, ou du marché de la relance.
Et sur leurs deux plateformes, Youtube et Facebook, les vidéos cartonnent. "Nos vidéos font en moyenne 40 000 vues, avec des pics à plus de 100 000." Certaines dézinguent tout : la vidéo sur le 49.3 a passé les 6 millions de vues. Le groupe jouit d'ailleurs d'une belle petite troupe de fidèles, qui grossit tranquillement : "On a été très tôt frappé de voir à quel point notre à quel point notre communauté était intelligente et compréhensive, on a été frappés par la qualité des échanges", constate Ludovic. Et, récompense suprême, l'équipe d'Osons causer commence à croiser des fans "dans la vraie vie". "Au cours de Nuit Debout, des internautes nous ont sauté dessus, comme si on était leurs potes. C'est génial, c'est exactement ce qu'on voulait !"
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