CONTESTATION - Les organisateurs de "La Fête à Macron" annoncent une "manifestation familiale, bon enfant". Derrière la mobilisation de samedi 5 mai, beaucoup d’anciens de Nuit Debout, dont le député François Ruffin, et l’économiste Frédéric Lordon.
Ils veulent faire... la "fête à Macron". Comment ça ? Faire la fête pour Macron ? Lui faire "sa fête" ? Appellation pas anodine, qui joue malicieusement sur le double sens de cette phrase, sans pour autant préciser lequel il faut prendre en compte. Ce qui est sûr, c’est qu’à l’appel du député FI François Ruffin, de l'économiste Frédéric Lordon, autre figure médiatique du mouvement Nuit Debout , et d’autres anciens de ce mouvement, se tient samedi une mobilisation pour marquer le premier anniversaire de l’investiture d'Emmanuel Macron à la présidence de la République. Ce qui est sûr, c'est que cette "fête à Macron" ne vise pas à lui envoyer des fleurs.
Ce qui est sûr aussi, c’est que si, partout, les organisateurs proclament que la manifestation sera "festive", "joyeuse", "non-violente", et "bon enfant", ils ont une pression accrue depuis les violences de mardi 1er mai, qui a braqué les projecteurs de politiques et des médias sur la prochaine manifestation jusque-là plus confidentielle, ou en tout cas cantonnée aux réseaux Nuit Debout, NPA, et FI : la leur.
Qui est derrière la "Fête à Macron" ?
C’est François Ruffin, le médiatique député de France insoumise, qui est souvent mis en avant pour parler de cette "Fête à Macron". Il est en effet derrière l’idée, qu’il avait lancée le 4 avril avec l’économiste Frédéric Lordon, et d’autres anciens de Nuit Debout. Depuis, plusieurs partis de gauche (LFI, PCF, NPA, Génération-s), des syndicats (chimie-CGT, Sud santé, Sud-PTT...), des associations (Attac, Les amis de la terre, Sans-papiers...), ont annoncé leur participation.
Mais surtout, ils sont un collectif, nommé "Comité du 5 mai", d’une vingtaine de personnes, en charge de l’organisation. Ils veulent, à la manière de Nuit Debout, éviter toute personnalisation du mouvement. François Ruffin s’est d’ailleurs fait un malin plaisir de ne pas venir à la conférence de presse de présentation, mercredi 2 mai, laissant les journalistes, un tant soit peu sur leur faim. De la même manière, l’autre figure médiatique, l’économiste Frédéric Lordon, s'il était bien là, s’est placé tout en bout de table, s'est présenté en dernier. Montrant la volonté de mettre en avant d’autres profils, plus anonymes.
Derrière les têtes d’affiches qui ne veulent donc pas être affichées, ce petit collectif, indépendants, mais qui évoluent peu ou prou dans des cercles qui se croisent. "Il y a beaucoup de gens de Nuit Debout, d’autres qui connaissent François Ruffin ou Frédéric Lordon", explique Johanna Silva, une des organisatrices. Autour de la table lors de la conférence de presse, un intermittent du spectacle, une infirmière, un chercheur, une graphiste, un journaliste syndiqué, une lycéenne, un autre qui se décrit comme un "précaire du privé", un "citoyen révolté", un "militant activiste pour les sans-papiers"... Chacun dit parler en son nom propre, ne représenter aucun parti ou syndicat. "Nous participons tous aux mêmes luttes, mais ce n'est pas structuré", raconte Johanna Silva. "Notre structure à nous est un fil de discussion Télégram". En gros, l’idée est la "bienveillance envers tous les gens qui luttent". Un intermittent rebondit : "Chacun arrive avec ses revendications, ses colères, ses espoirs, parce qu’on a la nécessité de changer le monde, on ne peut pas rester comme ça."
Le but de la Fête à Macron ?
Tout est dit dans le titre : "La fête à Macron et son monde" : "Macron, c’est le symbole des financiers, des banquiers, d’une politique qui favorise les riches", expliquent les organisateurs. "On veut protester contre Macron et son monde, c’est-à-dire tous ceux qui sont derrière lui."
Dans le mouvement, est mis en avant l’esprit unitaire, l’idée de rassemblement des luttes,. Avec l’idée, aussi, de réfléchir à de nouvelles formes d'actions. Avec l'expérience que peut apporter Nuit Debout. "Il y a un nombre sans précédents de secteurs de la société, de groupes sociaux, parfois très inattendus, jetés dans des souffrance inouïes. Il nous semblait qu’il était temps que ces secteurs cessent de souffrir chacun par devers soi, qu’il leur soit proposé quelque chose pour se rassembler", constate ainsi Frédéric Lordon, volontiers théoricien des modes d’actions. "Cette initiative du 5 mai a vocation de dégager la cause commune qui les agresse tous. Une des idées est que si nous voulons avoir quelques chances de gagner, il faut décheminotiser le conflit des cheminots, sans rien retirer aux cheminots."
Quel va être le programme de la Fête à Macron ?
Le rendez-vous est fixé dès 12 h à Opéra pour un pique-nique et "former notre joyeux cortège". Sont notamment prévues des prises de parole de François Ruffin, de l’actrice Corinne Masiero puis de "lutteurs", cheminots, étudiants, personnels hospitaliers... Se tiendra également un concert d’Orchestre Debout. A 14 h, le cortège partira vers la place de la Bastille. L’arrivée est prévue à 18 h, avec de nouvelles prises de paroles, avant un concert du groupe Soviet Suprem.
Quatre chars dans le défilé
S’ils mettent en avant l’esprit festif, familial, non violent, les organisateurs revendiquent surtout la différence. D’ailleurs, ils ne veulent pas appeler l’événement une "manifestation", c’est une "marche" : "On veut que ce soit une manif’ différente, une marche, car on en a marre des défilés syndicaux", raconte Johanna Silva.
Dans la forme, le cortège qui se formera entre la rue de l’Opéra et celle du 4-Septembre, s’annonce plutôt structuré : dans le carré de tête, pas de tête d’affiches, mais une mise en avant des "lutteurs". Il sera en effet composé des "représentants des luttes au sens large", Ehpad, Air France, RATP, étudiants, hospitaliers. Les politiques, eux, seront priés de la jouer discret, et de se fondre dans le reste du cortège. François Ruffin y compris.
Petite touche personnalisée, des chars s’inséreront dans le cortège. Dans un esprit carnaval, donc, mais avec un message bien clair, à l’attention d’Emmanuel Macron, qui sera représenté sur chacun d’eux. "Il y aura quatre chars, le char Jupiter, le char Dracula, le char Napoléon, avec des matraques géantes et des flingues géants. Chacun vise à montrer le monde de Macron, le capital, la violence, le libéralisme", détaille une organisatrice. "Le dernier char, représentera notre monde, ce sera le char résistance, qui montrera toutes les alternatives qui existent."
Et plus généralement, l’inventivité est laissée à tout un chacun pour cette manif’ qu’ils appellent aussi "pot-au-feu". "Une manif’ pot-au-feu, c’est chacun arrive avec quelque chose, chacun peut ramener sa pancarte, sa banderole, son drapeau, on met tous nos ingrédients dedans, et c’est comme ça qu’on fait monter la sauce. Et on a bien l’intention de faire sauter le couvercle."
La comm' montre aussi l'esprit du mouvement, cocasse, bon enfant, un univers coloré diablement efficace, mêlant confettis et figures grimaçantes de Macron, affiches pop et ludiques, reprenant parfois les graphismes de mai 68. Tout ça diffusé via les réseaux, Youtube, Facebook, Twitter, appuyé aussi sur des médias comme Le Média, ou Fakir, le journal créé par François Ruffin...
A quelle mobilisation doit-on s'attendre ?
Difficile à savoir. Lors de la conférence de presse, les organisateurs ont annoncé qu’une centaine de comités locaux allaient venir à Paris. Des étudiants annoncent aussi leur participation "de toute la France", avec un "niveau de mobilisation pas connu depuis longtemps". Pour autant, aux journalistes qui demandaient une estimation des effectifs attendus, ils se refusent à donner tout chiffre mais laissent entendre que la mobilisation sera forte, notamment en mettant en avant la demande de la préfecture de changer de lieu de départ.
C’est aussi ce qu’a dit François Ruffin, via une vidéo publiée sur les réseaux, mêlant humour et discours décalé, comme à son habitude. "Là, on a un souci : c’est qu’il y a trop de monde", dit-il. "C’est un problème. La préfecture nous a alertés. On comptait faire un pique-nique au Louvre, et ils se sont rendus compte que ce n’est pas une surboum entre copains, mais que des milliers de personnes s’étaient inscrits. Donc deux solutions, soit vous arrêtez de venir, soit on change le lieu de départ !"
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