DÉTRESSE - Plus d'une centaine de familles sans domicile ont installé leurs tentes sur le parvis de l'Hôtel de Ville, à Paris, dans la nuit de lundi à mardi. L'association d'aide aux migrants Utopia 56, derrière l'opération, réclame des solutions pérennes de la part de la mairie.
Une centaine de tentes de camping, collées les unes aux autres. Des familles, des enfants. Cela pourrait être une jolie scène de vacances, mais les tentes ont été plantées sur les dalles froides de l'esplanade de l'Hotel de Ville de Paris, dans la nuit de lundi à mardi, pour faire réagir la mairie. Les familles sont exilées et à la rue. Ces abris de fortune sont leur seul toit. C'est déjà la rentrée, l'hiver approche et leur situation précaire a déjà été signalée plusieurs fois, en vain. Par cette opération, l'association d'aide aux migrants Utopia 56 veut obtenir des actions concrètes de la part des politiques : elle exige "des solutions d’hébergement dignes, pérennes et inconditionnelles".
Un hébergement pérenne réclamé pour 145 familles
L’objectif est clair : "mettre fin à cette situation indigne" pour ces 107 familles, explique Utopia 56 dans son communiqué. Cette opération était leur dernière chance d'attirer l'attention d'Anne Hidalgo, "après un mois d’alertes auprès des services de la mairie de Paris et de la préfecture d’Ile-de-France restées sans réponse", selon les militants. "Utopia 56 a envoyé près de 30 e-mails aux institutions chargées de protéger ces familles, sans qu’aucune solution ne leur soit proposée".
L'association décrit de nombreuses difficultés pour venir au secours des personnes exilées arrivant à Paris, sans aide des pouvoirs publics. Depuis trois ans, elle compte sur "un réseau d’hébergeur.se.s solidaires, composé d’environ 250 habitant.e.s francilien.ne.s qui accueillent chez eux les femmes seules, familles et couples à la rue". Mais cela ne suffit plus devant le nombre croissant de demandes.
Ce soir, 107 familles à la rue ont pris place devant la mairie de Paris. @Anne_Hidalgo @IanBrossat Cela fait 1 mois qu’on vous alerte, maintenant qu’allez-vous faire ? pic.twitter.com/Uh1cr6FIBR — Utopia 56 (@Utopia_56) August 31, 2020
Le nombre de nouvelles places d'accueil toujours insuffisant
Utopia 56 accuse les élus parisiens de mener "une politique délibérée d'invisibilisation" de la situation de ces personnes exilées arrivant sur la capitale. "La seule réponse apportée à l’urgence" est selon l'association "sécuritaire et policière : harcèlement, gazage, destruction de matériel". Les militants affirment que "chaque nuit les forces de police ont été déployées pour déloger les familles installées sous tente et les repousser en dehors de Paris". Ils regrettent que les autorités préfèrent "déplacer le problème au lieu de le régler" et réclament l'augmentation du nombre de places dans les dispositifs d'hébergement.
Selon la mairie de Paris, 7000 places ont été créées dans la capitale ces six dernières années. La ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, a affirmé jeudi dernier que le gouvernement souhaitait porter le nombre total de places d'hébergement pérennes à 166.000 dans toute la France.
En attendant, "faute de places ouvertes dans les dispositifs de droit commun", l'association a été sollicitée par 145 familles seulement sur le mois d’août, "soit 361 personnes dont 147 enfants, avec parmi eux 56 de moins de trois ans".
#HotelDeVille La préfecture de Police procède à l’évacuation des tentes illégalement installées cette nuit. Aucune tolérance pour les occupations irrégulières de l’espace public à #Paris . Des solutions de mise à l’abri sont proposées. pic.twitter.com/ZjB1iLMRVW — Préfecture de Police (@prefpolice) September 1, 2020
Ce mardi 1er septembre en milieu de matinée, les forces de l'ordre sont intervenues pour faire évacuer le parvis de l'Hôtel de Ville. Sur Twitter, la Préfecture de police a pris un ton intransigeant : "Aucune tolérance pour les occupations irrégulières de l’espace public à Paris. Des solutions de mise à l’abri sont proposées", a-t-elle annoncée dès le début de l'opération. Tout juste dix minutes plus tard, elle déclarait l'évacuation terminée, et répétait que "les campements illégaux ne sont pas tolérés" dans la ville. Si "aucun droit de se maintenir sur l'espace public ne peut leur être reconnu", insiste les autorités, elles assurent tout de même que "les personnes installées de manière illicite vont être mises à l'abri".
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