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Comment le label "Pavillon bleu" est-il décerné aux plages de l'Hexagone ?

Publié le 16 juillet 2022 à 16h51

Source : JT 20h WE

Ce label international est détenu par plus de 500 plages et ports de France, distingués notamment pour leur propreté.
Mais c’est loin d'être le seul critère exigé pour obtenir ce sésame, apprécié des touristes.

Le nom du label est familier pour de nombreux vacanciers, mais la manière de l'attribuer l’est souvent moins. Sur les zones littorales Pavillon Bleu, "il n’y a pas de bactéries" dans l’eau et "c’est plus rassurant", explique dans le reportage en tête d'article une baigneuse de la plage de Dieppe, en Seine-Maritime, qui bénéficie du statut. 

Elle vise juste : la qualité de l'eau est le point primordial pour l'obtention du label. L’inspection s'effectue chaque année, à partir d’analyses bactériologiques effectuées par l'Agence régionale de santé. "On impose au minimum cinq prélèvements par saison, explique le contrôleur de l'appellation Adrien Lomüller, et les résultats doivent être excellents sur les quatre dernières années".

Propreté, accessibilité, sécurité... un rigoureux protocole à suivre

La propreté des eaux de baignade n'est qu'un des 45 critères exigés : l’auditeur-conseil passe aussi en revue les sanitaires, la sécurité et l'accessibilité. À Dieppe par exemple, des tapis roulés et déroulés en fonction des marées facilitent la circulation sur cette plage de galets, mais aussi des caillebotis en bois. Un service est également proposé pour déplacer en fauteuil adapté les personnes à mobilité réduite, même au bord de l’eau.

Lancée en 1985 par l’association écologiste Teragir, cette appellation recense les meilleurs sites de baignade en France : cette année, on compte sur la carte du label pas moins de 410 plages sur 196 communes et 115 ports de plaisance. Le registre du Pavillon bleu, présent dans 49 pays, se rallonge d’une dizaine de sites chaque année. 

À Dieppe, le port aussi est labellisé Pavillon bleu depuis 12 ans. Une distinction rigoureusement préservée : trois fois par semaine, des nettoyeurs arpentent les eaux sur un bateau spécialement dédié pour ramasser les déchets à l’épuisette et ainsi lutter contre la pollution. 

Ces efforts offrent des retombées pour toute la commune selon Christelle Merville, chargée de mission environnement et sûreté pour le port : "Les plaisanciers peuvent regarder la carte [du label] et planifier leurs escales. Quand il y a des plaisanciers, on sait qu’ils vont aller dans les restaurants et consommer dans les commerces. C’est vraiment à l’échelle globale du port de Dieppe et de l’agglomération dieppoise que ça rayonne." 

Si aucune donnée précise n’existe quant aux répercussions économiques du dispositif, certains plaisanciers s’en montrent très satisfaits. Le label rassure quant à "l’avenir de mes petits enfants, parce que la mer est un terrain de jeu malheureusement très pollué", témoigne l’un d’eux. 

La majorité des 525 plages et ports français qui détiennent ce label international est située sur le littoral, mais 30% des lauréats sont dans les terres, le long des rivières ou des lacs. 

Un label au bilan contrasté : indispensable pour certains sites, pas rentable pour d'autres

Au lac de Gurson en Dordogne, l’effet Pavillon bleu s’est véritablement fait ressentir en 2016 lorsque la Base de loisirs a perdu l'appellation à la suite d'une pollution de l'eau. "Il y a une baisse clairement de fréquentation sur la partie baignade, sur les commerces saisonniers, également de restauration, liée à cet acharnement sur les réseaux sociaux disant que la qualité de l'eau est mauvaise", relate Christophe Boussarie, responsable au service paysage-maîtrise d’œuvre au Conseil départemental de la Dordogne. Un écart rattrapé puisque depuis, le site répond de nouveau aux critères, notamment de préservation de l'environnement. 

À bord d’un bateau électrique, des sauveteurs patrouillent pour s’assurer du bon respect du règlement, par exemple l’interdiction des chiens de se baigner. Les poubelles ont quant à elles été remplacées par des bacs de tri, placés en retrait. La station d’épuration fait aussi la fierté de la base : les eaux usées sont déversées sur un plan de roseaux, avec "aucun produit chimique rajouté, c’est totalement naturel" grâce à un filtre qui dégrade les matières récupérées, assure le gardien Jean-Daniel Poza. 

Mais pour certaines communes, la course au Pavillon bleu représente beaucoup de dépenses pour trop peu de retombées. Dans le village de Naujac-sur-Mer en Gironde, le maire a choisi de renoncer au label. "Aujourd'hui, je ne vois pas la nécessité de payer pour un label qui ne nous apporte à l’heure actuelle aucune plus-value, estime le maire Yves Barreau. On répond largement à tous les critères pour obtenir ce label sans avoir besoin de payer". 

La candidature coûte entre 1 000 et 2 500 euros selon la taille de la commune. Même si aucun test ne vérifie désormais la propreté du littoral, le pari d'abandonner le label n'a pourtant pas été perdant ici : les commerces aux alentours de la plage attirent toujours autant de touristes et le camping est aujourd'hui rempli à plus de 80%.


La rédaction de TF1info

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