"Plus personne à la rue d'ici la fin de l'année" : les annonces de Macron en matière d'immigration sont-elles réalisables ?

Anaïs Condomines
Publié le 28 juillet 2017 à 17h02
"Plus personne à la rue d'ici la fin de l'année" : les annonces de Macron en matière d'immigration sont-elles réalisables ?
Source : Sipa Press / Yann Bohac

MIGRATIONS - Emmanuel Macron a annoncé sa volonté, jeudi 27 juillet, de ne plus voir "personne dans la rue d'ici la fin de l'année". Une déclaration d'intentions qui donne de l'espoir aux associations de terrain... à condition de moyens considérables. LCI fait le point.

C'est un nouveau plan de bataille. Le jeudi 27 juillet à Orléans, le président Emmanuel Macron a fait part de ses intentions en matière d’intégration et d’immigration. Le but affiché ? Sur le papier, il est clair : que d’ici la fin de l’année, plus une femme ou un homme ne soit à la rue. En somme, un logement digne pour tous. 

Pour y parvenir, plusieurs annonces. D’abord, rétablir l’accueil d’urgence, afin d’organiser une prise en charge "dès la première minute" des migrants dans l’attente du traitement de leur dossier. Dans l’idée, ils pourraient être hébergés dans des centres créés à cet effet ou dans des immeubles vides réquisitionnés pour l’occasion ; la question, pour l’heure, n’est pas tranchée. 

Deuxième volet d'action : la reconduite à la frontière des "migrants économiques" dont le refus de la demande d’asile devrait être notifiée rapidement, afin d’organiser un "renvoi digne". Un processus qui suppose une révision en profondeur des dispositifs d’examen des dossiers, notamment à l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides). Dernier axe, enfin : la mise en place de missions au Tchad, au Niger et en Italie afin d’aller sélectionner les demandeurs d’asile sur place et "éviter" aux autres "de prendre des risques inconsidérés" au cours d'une traversée a priori vaine. 

Emmanuel Macron : "Je ne veux plus de femmes et d'hommes dans les rues"Source : Sujet JT LCI
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Nous attendons de réels efforts et non des coups de sparadrap à droite et à gauche
Geneviève Jacques, présidente de la Cimade

Le plan est ambitieux, mais la formule en rappelle étrangement une autre. Celle d'un certain Nicolas Sarkozy, prononcée en 2006. Il promettait alors : "D'ici à deux ans, plus personne ne sera obligé de dormir sur le trottoir". Force est de constater que les faits lui ont donné tort. Emmanuel Macron s'en sortira-t-il mieux ? Alors qu'en 2016, près de 100.000 personnes ont déposé en France une demande d'asile, ces annonces sont-elles réalisables ? 

"On voudrait y croire" explique à LCI Geneviève Jacques, présidente de la Cimade, association d'accompagnement des personnes étrangères dans la défense de leurs droits. "C'est une annonce qui est bienvenue face au scandale des personnes laissées sans solution, dans l'attente de pouvoir déposer leur premier dossier." Même son de cloche du côté d'Amnesty International. Jean-François  Dubost, responsable du programme protection des populations, souhaite lui aussi qu'il ne s'agisse pas de "paroles en l'air". "On espère qu'il n'a pas fait ces annonces sans consultation avec le ministère de l'Intérieur et du Logement" poursuit-il.

Car le secret de la réussite, selon ces associations, est bien là : dans une mobilisation massive et simultanée de nombreux services. Pour Geneviève Jacques, une mise à l'abri complète ne sera possible "que si les communes et l'administration" jouent le jeu. "Les centres de premier accueil doivent se multiplier partout en France, et pas seulement à Paris" estime-t-elle. Autre raison d'un potentiel échec : un nombre constant de fonctionnaires en préfecture. " A Paris actuellement, rappelle la présidente de la Cimade, le délai d'attente varie de 25 à 90 jours... pour déposer une demande d'asile. C'est en préfecture qu'est le vrai goulot d'étranglement et c'est ce qui explique la situation dans le nord de Paris. En bref, nous attendons de réels efforts et non des coups de sparadra à droite et à gauche." Un point de vue partagé par Amnesty International, qui complète : "C'est toujours faisable, c'est une question de moyens et de volonté. On a eu le discours de volonté, espérons que les moyens suivent."


Anaïs Condomines

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