À LA LOUPE - Les Gilets jaunes de Nouvelle-Aquitaine s'étaient réunis à Cognac ce samedi 6 avril. Suite à une interpellation musclée d'un manifestant, des heurts ont éclaté entre forces de l'ordre et Gilets jaunes. Bilan : au moins trois manifestants, et six agents blessés. Les Gilets jaunes dénoncent des violences policières.
Plusieurs vidéos postées sur les groupes Facebook des réseaux sociaux montrent de violents affrontements entre Gilets jaunes et forces de l'ordre survenus ce samedi 6 avril à Cognac, lors de l'"acte 21". Elles montrent l'arrestation musclée d'un manifestant, traîné ensuite au sol et qui finit par convulser. D'autres images montrent un autre homme à terre blessé à la tête. L'une de ces vidéos, postée sur la page "La Révolte n'a pas de visage", a été visionnée plus de 170.000 fois et comptabilise plus de 8.000 partages depuis ce week-end.
"Insoutenable vidéo, comment Castaner et Macron peuvent dire que la violence policière n'existe pas ?", s'indigne Mina dans les commentaires. "On voit très bien, sur cette vidéo, comment cet homme a été brutalisé par la police. J espère que la famille va porter plainte", la rejoint Juliette.
Que s'est-il passé ce jour-là ? A La Loupe a tenté d'en savoir plus. Nous avons d'abord pu localiser la scène. Elle s'est déroulée en face de la boulangerie La Fromantière au croisement entre l'avenue Victor Hugo et la rue Balzac, à Cognac (Charente). La devanture de cette enseigne est bien visible sur la vidéo ci-dessus.
Selon un témoin, l'incident est survenu en fin de rassemblement. "La manifestation était presque finie, on était en train de retourner à nos voitures", assure Denis, un manifestant de Barbezieux, une commune située à une trentaine de kilomètres de Cognac. Des Gilets jaunes de la région, venus d'Angoulême, de la Rochelle ou encore de Niort, s'étaient donné rendez-vous à partir de 14 heures dans la commune. La manifestation s'était déroulée sans heurts jusque-là, "même lorsque l'on est allé devant la sous-préfecture", indique Denis.
Un autre manifestant nous confirme qu'il s'agissait de "la fin de manifestation". "On remontait tranquillement", nous indique-t-il. Selon lui, des "petites tensions avec la compagnie de Cognac et Angoulême", sans gravité, avaient tout de même rythmé la journée.
C'est à ce moment-là qu'un jeune homme a été interpellé par les forces de l'ordre présentes. Selon les informations récoltées auprès de Gilets jaunes, le jeune homme, la vingtaine, se prénomme Julien et est originaire de la Rochelle. Il aurait été arrêté pour avoir voulu enregistrer des images. La Préfecture nous indique de son côté que l'arrestation faisait suite à "des outrages et des insultes à l'encontre des policiers". Si le contexte n'est pas clair, la suite est visible sur les images.
Denis filmait la scène à l'aide d'une GoPro (vidéo visible en tête de l'article). Selon lui, l'homme qui le met au sol est un membre de la Brigade Anti-Criminalité, car il ne porte pas d'uniforme. Une information qui ne nous a pas été confirmée par les forces de l'ordre, mais les policiers qui l'entourent arborent des casques à bandes bleues et des tenues de maintien de l’ordre de la police, soit l"uniforme des compagnies départementales d'intervention. Les CRS ont eux des casques à bandes jaunes.
"J’ai vu le policier de la BAC le mettre par terre et lui sauter dessus", décrit-il. "Le policier lui mettait la main sur la tête, pour le maintenir contre le sol, ensuite il a mis son genou sur la tête. On s’est tous précipité pour essayer de la sortir, on a poussé. J'ai alors vu un policier qui lui mettait des coups de pieds." Pour faire reculer les manifestants, un agent diffuse alors au niveau des visages du gaz lacrymogène, comme les différentes images le montrent.
Autre témoin de la scène, Dimitri Petit a lui aussi vu Julien, un manifestant qu'il a déjà croisé à plusieurs reprises lors de manifestations, à terre. Selon ce dernier, il était "inconscient et recevait des coups de pieds d'un policier" avant d'être "traîné au sol". Mais ce manifestant de la première heure a dû reculer face aux gaz lacrymogènes.
La suite est visible sur les différentes vidéos. Les forces de l'ordre semblent dépassées : l'homme est traîné au sol, sa jambe s'accroche au pare-choc d'une voiture. Des street medics viennent finalement à son secours alors qu'il semble pris de convulsions.
S'il s'agit du blessé le plus grave de cet incident, d'autre manifestants ont été touchés. Sur la vidéo ci-dessus, un jeune homme, prénommé Quentin, gît au sol, il est blessé à la tête. Selon certains Gilets jaunes, il aurait reçu un coup de matraque. Malgré nos sollicitations, nous n'avons pas eu de retour de sa part mais le jeune homme de 18 ans confirmait lors dans un échange sur Facebook avoir "reçu gratuitement un coup de matraque au crane" alors qu'il était allongé au sol.
Dimitri aperçoit également deux jeunes filles mineures, incommodées par les gaz. Il décide de leur porter secours et leur fournit notamment du sérum physiologique. Mais l'une d'elle panique, "elle voit flou, elle est tremblante, elle ne sent plus ses membres", nous rapporte le manifestant. Il parvient à la mettre "en sécurité dans la boulangerie" et demande la venue des pompiers. Il apprendra plus tard qu'il s'agissait d'une crise de panique. La jeune femme de 16 ans est également asthmatique.
Prénommée Alyssa, elle l'a ensuite remercié sur Facebook. Elle indiquait le dimanche soir avoir "encore du mal à respirer", "mal au poumon et encore envie de vomir". Le jeune homme blessé à la tête, Quentin, a de son côté été pris en charge par des street medics.
Julien a, quant à lui, été conduit aux urgences de l'hôpital de Cognac. Il en est sorti samedi soir selon des informations fournis par des Gilets jaunes. Dans un message relayé sur des groupes Facebook de Gilets jaunes, une personne indique que le jeune homme avait "18 de tension et 160 pulsations par minute".
Ce mardi matin, le jeune homme de 35 ans a été placé en garde à vue. Parti de l'hôpital sans prévenir les médecins, il y aurait laissé ses papiers dont sa carte bleu, ce qui a permis aux forces de l'ordre de l'identifier rapportent nos confrères de France Bleu La Rochelle.
Selon la Préfecture de police, "6 fonctionnaires de police ont été blessés" dont un mordu au mollet. "Le Parquet a ouvert une enquête pour ces faits, sur lesquels il ne revient pas à la préfecture de communiquer", ajoute-t-elle. Contacté à plusieurs reprises, le parquet n'a pour l'heure pas donner suite.
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