IMMIGRATION - Les autorités britanniques ont annoncé ce mercredi avoir interpellé 86 migrants qui tentaient de traverser la Manche sur un bateau de fortune. Un chiffre quasiment record qui s'ajoute à une longue liste de tentatives, avortées ou réussies, depuis le début de l'année.
86 migrants qui tentaient de rejoindre l'Angleterre ont été interceptés dans la Manche, entre Douvres et Calais. Cette interpellation, annoncée par les autorités britanniques ce mercredi 11 septembre, est l’une des plus importantes de ces derniers mois. Elle est loin d'être un cas isolé. La police des frontières et de nouveau intervenue ce même mercredi dans la journée, après avoir repéré, cette fois, 21 personnes à bord de deux embarcations. Ces tentatives s'ajoutent à une longue liste d'autres traversées de migrants : depuis le mois de janvier, 1 450 personnes migrantes ont tenté de traverser la Manche depuis les côtes françaises pour rejoindre l’Angleterre, contre 586 sur toute l’année 2018.
La situation dans la Manche n’est certes pas comparable à celle en Méditerranée, mais à Calais et dans ses environs, la traversée de la Manche -autrefois quasiment impensable- est devenue une voie de passage pour ceux qui veulent rejoindre la terre britannique à tout prix. L’une des principales raisons de l'augmentation des traversées : la zone portuaire de plus en plus barricadée rendant encore plus difficile le passage de passagers clandestins par les camions dans le tunnel sous la Manche. En juillet, par exemple, des barbelés ont été posés au dessus des rails qui mènent au Tunnel. À côté d'un port inaccessible, la voie maritime -frontière naturelle qui semblait infranchissable- devient une nouvelle voie pour les réseaux de passeurs : le 29 août dernier, Christophe Castaner a annoncé le démantèlement de "dix filières spécialisées dans les traversées maritimes".
Des embarcations de fortune enfouies sous le sable
Pour organiser les traversées, les réseaux de passeurs dissimulent des embarcations de fortune dans le sable des plages françaises puis font partir les candidats au départ en pleine nuit. Beaucoup ne réussissent pas à gagner l’Angleterre, certains se font même arrêter avant le départ. Aujourd'hui, une grande partie de la côte est largement surveillée par des policiers patrouillant la nuit, des plages de Calais, de Boulogne-sur-Mer jusque plus au sud, vers les plages normandes. Le nombre de succès par rapport au nombre de tentatives est d’ailleurs difficile à estimer. Selon Nord Littoral qui a eu accès aux chiffres de la préfecture, entre janvier et mai 2019, 435 personnes seraient parvenues à rejoindre l’Angleterre tandis que 257 ont été interceptées avant l’arrivée.
S’ils ne font pas appel à des passeurs, certains candidats au départ se débrouillent seuls et n’hésitent pas à construire leur bateau eux-mêmes. Pour rafistoler une barque, cela arrive de partager les frais à plusieurs et de tenter la traversée en groupe. Mais parfois, le voyage se fait en solitaire. Mardi 10 septembre, un homme a été intercepté au large de Calais, à bord d’un kayak. D’autres tentent, au péril de leur vie, de traverser à la nage ce détroit de 33 kilomètres -le plus fréquenté du monde.
[ #operation ] Sauvetage d'un migrant en hypothermie légère au large de Calais (62) grâce au concours de la Gendarmerie maritime et d’un 🚁 de recherche belge ▶️ https://t.co/aO9ZAEzs2p . Il a été pris en charge sain et sauf par le @sdis62 et la PAF62. pic.twitter.com/f9lUBdY4sQ — PREMAR Manche (@premarmanche) September 10, 2019
Brexit et démantèlement, autant de raisons de partir
Au-delà des difficultés à emprunter le Tunnel, par quoi s'explique l'augmentation des passage par la mer ? François Guennoc, vice-président de l’Auberge des Migrants, déclarait à 20 Minutes en novembre dernier : "Quelques personnes ont dû réussir à passer en Angleterre sans se faire prendre. L’info a circulé et certains ont dû se dire : 'Si ça a marché pour eux, pourquoi pas pour moi ?'". Selon l’association Utopia 56 interrogée par LCI, l’ombre d’un Brexit sans accord qui se rapproche, et donc des frontières qui se dessinent, pourrait aussi expliquer cette hausse. À cela s'ajoute le démantèlement progressif des camps de Calais et Grande-Synthe où vivent plusieurs centaines de candidats au passage en Angleterre.
Le 26 août dernier, le corps d’un homme de nationalité irakienne était retrouvé au large de Zeebruges, en Belgique. Parti des côtes françaises, il s’était bricolé une veste de sauvetage artisanale avec des bouteilles de plastique.