Pourquoi Emmanuel Macron s'est-il mêlé de la démission de l'archevêque de Strasbourg ?

par Benoît LEROY
Publié le 27 mai 2023 à 17h12

Source : Sujet TF1 Info

Samedi 27 mai, Emmanuel Macron a entériné la démission de l'archevêque de Strasbourg, Mgr Luc Ravel.
Une situation inédite en France qui existe encore à cause des péripéties de l'histoire.
Loi de 1905, Concordat... TF1info vous explique d'où vient cette exception nationale et jugée parfois désuète.

Le fruit d'un vestige de l'Histoire. Ce samedi 27 mai, la démission de l'archevêque de Strasbourg a été officiellement acceptée par le Vatican et... le président de la République Emmanuel Macron. Un double agrément impératif depuis des siècles et qui perdure alors même que l'État et les instances religieuses sont totalement indépendants sur le reste du territoire français. Une différence qui est critiquée par une partie de l'échiquier politique. 

"Le Saint-Père et (Emmanuel Macron) acceptent conjointement la démission de la charge pastorale de Monseigneur Luc Ravel", a indiqué la Conférence dans un communiqué samedi. Quelques heures plus tôt, l'exécutif avait diffusé son Journal officiel quotidien dans lequel un "décret du Président de la République en date du 24 mai 2023" venait "agréer la démission présentée par Mgr Luc RAVEL, archevêque de Strasbourg".

Pour comprendre cette exception alsacienne, il faut se replonger dans les livres d'histoire. Et pour cause, contrairement au reste de la France, l'Alsace est toujours sous le régime du Concordat. Un texte datant de 1801 et de l'empereur Napoléon Bonaparte. À l'époque, ce traité signé entre la France et le Vatican imposant que les nominations d'archevêques soient réalisées conjointement. Un régime qui a disparu avec la loi de séparation de l'Église et de l'État en 1905... enfin presque. L'Alsace-Moselle en bénéficie toujours aujourd'hui.

Une procédure très codifiée

Cette situation - jugée par certains ubuesque et désuète notamment par Jean-Luc Mélenchon - est due au fait qu'au moment du vote de ce texte législatif, l'Alsace-Moselle appartenait à l'empire allemand. "En 1918, quand l’Alsace-Moselle redevient française, la loi de 1905 n’y est pas appliquée. L’Alsace-Moselle conserve son droit local, ce qui est confirmé par la loi du 1er juin 1924", confirme le Service public.

Si cette procédure est revenue dans l'actualité avec cette démission, elle se répètera dans quelques mois lorsqu'un successeur à Mgr Luc RAVEL sera désigné. Outre l'archevêché de Strasbourg, l'évêché de Metz est aussi soumis à ces règles. "Il faut à la fois une nomination par décret du Président de la République et un agrément donné par Rome. Sans l'un des deux, le nouvel archevêque ne pourra pas exercer", expliquait Francis Messner, directeur de recherche émérite au CNRS en avril.

Pour nommer un archevêque dans cette région, il faut respecter un dispositif précis : un premier décret secret est envoyé au pape, celui-ci nomme religieusement la personne choisie, l'Élysée publie ensuite un second décret en même temps que Rome.


Benoît LEROY

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