Premier cas autochtone de coronavirus en Allemagne : "Ça change la donne"

Propos recueillis par Amandine Rebourg
Publié le 28 janvier 2020 à 18h20
Premier cas autochtone de coronavirus en Allemagne : "Ça change la donne"
Source : Thomas SAMSON / AFP

ÉPIDÉMIE - L'Allemagne a identifié un premier cas de contamination interhumaine au coronavirus. C'est le 1er cas d'un patient non infecté en Chine. LCI a demandé au Dr Gérald Kierzek ce qu'impliquait cette nouvelle donne et la façon dont pourraient être prises en charge les Français rapatriés.

Ce mardi 28 janvier, l’Allemagne a révélé qu'elle avait identifié un premier malade infecté par le nouveau coronavirus. Selon les autorités sanitaires de Bavière, où il est hospitalisé, ce patient de 33 ans a été contaminé par une collègue arrivée de Chine. Il s’agit du premier cas autochtone de contamination interhumaine sur le sol européen, c’est-à-dire d’une contamination sans avoir voyagé en Chine ou avoir été en contact avec une personne malade.  

LCI a demandé à son spécialiste, le Docteur Gérald Kierzek, ce que changeait cette nouvelle information et comment pourrait être prises en charge les Français qui reviennent de Chine.

LCI : Que signifie ce cas de contamination autochtone en Allemagne, pour les médecins ?

Docteur Gérald Kierzek : Le fait qu’il y ait la transmission interhumaine, on le savait. Mais la transmission avec un cas de contact (Ndlr : une personne porteuse du virus), le premier cas autochtone, ça change la donne.  Avec ce cas, nos critères de diagnostic et de tri au Samu et aux urgences sont désormais différents et il y a un grand nombre de personnes potentiellement en contact avec des personnes qui reviennent de Chine, sans être malade.

Par exemple, un réceptionniste qui est en contact avec des gens qui viennent de Chine, n’était pas un cas possible, mais aujourd’hui, il pourrait le devenir et cela change la donne. Cela risque d’augmenter le nombre de cas possible. Et qui dit augmenter le nombre de cas possibles, dit augmenter l’isolement des personnes. Et là, se posent la question de savoir où l’on met ces personnes. Nous risquons de ne pas avoir le nombre de chambres suffisantes.

Pour les gens rapatriés, le fait qu’ils aient été en contact sur le territoire et qu’ils rentrent dans un même avion nécessite qu’il faille aller au-delà des recommandations et leur faire porter un masque, même s’ils n’ont pas de symptômes. Il faudra les mettre dans une chambre ou un lieu de "quarantaine » pendant une quinzaine de jours, le temps maximal d’incubation du virus. Et cela va poser le problème du choix du lieu d’hébergement de ces personnes.

 

Cela change-t-il quelque chose pour le cas des Français rapatriés ?

Pour les gens rapatriés, le fait qu’ils aient été en contact sur le territoire et qu’ils rentrent dans un même avion nécessite qu’il faille aller au-delà des recommandations et leur faire porter un masque, même s’ils n’ont pas de symptômes. Il faudra les mettre dans une chambre ou un lieu de « quarantaine" » pendant une quinzaine de jours, le temps maximal d’incubation du virus. Et cela va poser le problème du choix du lieu d’hébergement de ces personnes.

 

Les Français seront rapatriés en avion. Existe-t-il un risque de transmission ?

Dans l’avion, j’imagine qu’ils auront des masques. Ils ne servent pas à se protéger mais à éviter de contaminer les autres. Si on équipe tout le monde de masques, cela cassera la transmission.

 

Concrètement, comment va se passer cette période de quatorze jours à l’isolement ?

Cette quatorzaine c’est une simple surveillance de température avec des personnes elles-mêmes protégées avec un dispositif respiratoire efficace pour éviter de contaminer des soignants et au moindre symptôme, ils seront exfiltrés et hospitalisés au besoin. Il y a différents stades : je n’ai pas le coronavirus, j’ai le coronavirus sans symptôme, j’ai le coronavirus avec symptômes mineurs ou j’ai le coronavirus avec des symptômes majeurs. Cette gradation va devoir être évaluée et durant ces 14 jours, on va pouvoir faire la part des choses. Le risque étant que si certains n’ont pas de coronavirus parmi ces rapatriés, ils pourraient être contaminés lors de la quatorzaine en raison du confinement en un même lieu.

A combien évaluez-vous le nombre de personnels soignants nécessaires pour s’occuper des Français rapatriés ?

Il faudra le moins de personnels possibles dans cette quatorzaine. En effet, moins on expose les gens en première ligne, moins on a de chance de les contaminer. Idéalement, il faudrait qu’il n’y ait pas de contact, des personnes équipées avec des tenues. Il n’y a pas besoin d’avoir de soins quotidiens. Il suffit de prendre la température. 

En résumé, soit le coronavirus est dangereux, avec une mortalité ou des complications graves y compris chez des gens sans antécédents et là, il faut se protéger à tout prix du virus pour éviter la propagation, soit c’est un virus plutôt type grippe et à ce moment-là, ce que je crois, il faudra faire retomber la pression car on ne pourra pas hospitaliser tout le monde !


Propos recueillis par Amandine Rebourg

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