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Plusieurs heures d'attente devant les bureaux de vote : y a-t-il eu des dysfonctionnements ?

Publié le 12 avril 2022 à 18h11, mis à jour le 12 avril 2022 à 18h21
Des électeurs attendent dans un bureau de vote à Bordeaux, lors du premier tour de l'élection présidentielle, le 10 avril 2022

Des électeurs attendent dans un bureau de vote à Bordeaux, lors du premier tour de l'élection présidentielle, le 10 avril 2022

Source : Philippe LOPEZ / AFP

Certains Français ont attendu de longues heures devant leur bureau de vote avant de glisser leur bulletin dans l'urne, ce dimanche.
Pourtant, les chiffres de l'abstention montrent que les électeurs étaient moins nombreux à se rendre aux urnes qu'en 2017.
Les villes se défendent de tout dysfonctionnement et plaident des raisons "multifactorielles".

Certains y voient un "problème démocratique évident". Ce dimanche 10 avril, des électeurs ont dû patienter plusieurs heures devant leur bureau de vote. Parfois, les files d’attente étaient si longues que les plus impatients ont même décidé de ne pas voter. Des photos de ces files d'attente démesurées ont ainsi été prises à Paris, mais aussi à Rennes ou à Lille. Pourtant, avec un taux d'abstention de 26,7%, les Français étaient moins nombreux à se rendre aux urnes qu'en 2017.

De quoi pousser les observateurs les plus sceptiques à y voir la preuve d'un complot. "Des files d'attente impressionnantes et les médias annoncent un taux de participation en baisse, ça pue l'arnaque", a ainsi écrit un internaute. Alors, que s'est-il réellement passé ? 

Un "fort manque d'assesseurs" par endroit

Dans la capitale, cette situation a concerné 33 bureaux répartis sur neuf arrondissements, selon le décompte de la Ville de Paris. Parmi eux, celui d'un journaliste qui s'est plaint d'avoir attendu "au moins une heure" pour voter dans le 18ᵉ arrondissement de la capitale. "Des gens abandonnent", a-t-il témoigné sur Twitter, décrivant un "grave problème d'organisation". Pourtant, il y avait dans la capitale trois bureaux de vote de plus qu'en 2017, selon la municipalité, pour seulement 5% d'inscrits en plus sur la même période.

Par ailleurs, la Ville de Paris explique auprès de TF1 info avoir tout fait pour pallier le manque de ressources humaines mobilisées par les candidats à l'élection présidentielle. Pour rappel, comme le prévoit la loi, les assesseurs bénévoles sont "prioritairement désignés par les candidats". Or, comme en a témoigné le maire du 17ᵉ  arrondissement dans les pages du Parisien, "sur les douze candidats, seuls cinq nous ont fourni des assesseurs". Idem dans le 19ᵉ arrondissement, qui a constaté "un fort manque d'assesseurs pour aider à tenir les bureaux de vote". La ville a donc dû remédier à ce manque de ressources humaines en formant "296 assesseurs citoyens volontaires". Chiffre auquel il faut ajouter ces 450 agents mobilisés pour prêter main forte dans les bureaux les plus importants de la ville.

À Lille aussi, où trois bureaux sur 127 ont connu le même problème, la Ville assure "que les moyens humains et techniques déployés étaient habituels". 

Des électeurs très tardifs

Les collectivités n'ont donc rien à se reprocher. Alors comment expliquer cette longue attente pour certains électeurs ?  La Ville de Paris et celle de Lille avancent plusieurs motifs. Tout d'abord, la première souligne que les procurations étaient nombreuses et quelques cartes d'électeurs n'avaient pas été distribuées. Deux facteurs qui ralentissent le passage. "La prise en charge des votes par procuration rallonge le processus de vote et l'absence de carte d'électeur nécessite de rechercher" plus longtemps dans la liste électorale, corrobore la Mairie du 19ᵉ.  

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En plus, avec le beau temps, de nombreux électeurs ont choisi d'attendre la fin de journée pour exercer leur droit de vote. Très exactement, les taux de participations "à 16h et à 20h ont fortement progressé comparativement aux chiffres de 2017", selon la Ville de Paris. De quoi générer un "effet de congestion", pour reprendre ses mots. 

Par ailleurs, que ce soit Paris où Lille, les autorités notent un "effet de loupe" sur cette problématique, qui n'a concernée que très peu de bureaux. 33 à Paris, sur les 899 de la capitale, soit 3%. Un pourcentage similaire à celui qu'on retrouve à Lille.

REPORTAGE - Comment les assesseurs s'assurent du bon déroulé du scrutinSource : JT 13h WE

Pas de réel "dysfonctionnement", donc. Mais un ensemble de facteurs qui ont ralenti le vote dans quelques bureaux. En sera-t-il de même pour le second tour ? Difficile de le savoir. La Ville de Lille promet en tout cas qu'une "attention renforcée sera portée à l'organisation de ces trois bureaux pour le second tour". Celle de Paris s'engage quant à elle à "renforcer encore le nombre d'agents dans les bureaux les plus importants". Les autorités en appellent également au volontariat des citoyens pour venir prêter mains fortes dans les bureaux le dimanche 24 avril. Et conseillent aux électeurs d'éviter les heures d'affluence.

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Felicia SIDERIS

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