Procès de Francis Heaulme : un coup de théâtre nommé Henri Leclaire

par Maud VALLEREAU
Publié le 31 mars 2014 à 14h21
Procès de Francis Heaulme : un coup de théâtre nommé Henri Leclaire

COMPTE-RENDU - Le nouveau procès de Francis Heaulme s'est ouvert ce lundi à Metz par une série de rebondissements. Le nom de Henri Leclaire, un temps soupçonné du double meurtre d’Alexandre Beckrich et Cyril Beining, a notamment perturbé l'audience.

A son arrivée dans le box des accusés, la salle se tait. Son regard fixe est toujours aussi noir mais ses cheveux ont viré poivre et sel. Le tueur en série a vieilli. Après avoir décliné son identité et son adresse, la prison d'"Ensisheim", Francis Heaulme, accusé du double meurtre de Montigny-lès-Metz en 1986, signe le premier rebondissement d'une journée digne d'une pièce de théâtre : il révoque son avocat. Me Gonzalez de Gaspard accuse le coup : "J'ai travaillé six mois sur ce dossier et on me le retire au dernier moment. Mon client est influençable. Du début à la fin, cette affaire est vraiment bizarre, c'est abracadabrantesque."

Mais ce changement de défense, assurée désormais par Me Liliane Glock, fait figure de détail comparé à la rumeur qui se propage dans la salle d'audience : le procès pourrait être renvoyé. En cause, le témoignage surprise d'une juriste dévoilée quelques minutes plus tôt par le Républicain Lorrain. Celle-ci aurait recueilli les confessions du vrai tueur : Henri Leclaire. Déjà connu du dossier de Montigny-lès-Metz l'homme, cité comme témoin assisté, avait à l'époque avoué les crimes des deux enfants. Avant de se rétracter en expliquant avoir "inventé une histoire au hasard". L'année dernière, il a bénéficié d'un non-lieu.

"Le procès de celui qui n’est pas dans le box"

"C'est de la diversion", s'agace l'avocat d'Henri Leclaire, Me Hellenbrand, dont les nerfs sont mis à rude épreuve. Il y a quelques jours, un autre témoin s'est également réveillé, 28 ans après les faits, accusant son client. Pour faire la lumière sur le cas de cet homme qui hante désormais le palais de justice de Metz, le président de la cour décide de remanier le planning des audiences. Henri Leclaire et les témoins qui l'accablent seront entendus dès mardi. "A Lyon (lors du procès de Patrick Dils en 2002), on a fait le procès de Francis Heaulme, qui n’était pas dans le box et aujourd’hui, on essaye de faire le procès de celui qui n’est toujours dans le box", relève de son côté l'avocate du routard du crime.

Il faudra en effet attendre l'après-midi pour que la pièce se recentre sur son principal acteur : Francis Heaulme. Qui, à l'image des jurés, écoute avec attention le président de la cour dérouler les faits reprochés, avec un certain sens de la mise en scène : "C'était un dimanche d'automne, un de ces dimanches ensoleillés (…) Puis le jour s'estompe (…) Les parents appellent en vain les enfants (…) les corps sans vie sont retrouvés sur le talus". La grand-mère d'Alexandre Beckrich, très éprouvée, quitte un moment la salle. S'ensuit le long déroulé du CV macabre du routard du crime. En fin de journée, François-Louis Coste, l'avocat général lors de l'acquittement de Patrick Dils, est appelé à la barre. L'ex-magistrat refait toute l'enquête pour "définitivement tourner" la page Dils. Mais une autre s'est déjà ouverte ce lundi. Elle porte le nom d'Henri Leclaire. Les témoignages de mardi pourraient conduire à "un supplément d'information", concèdent les avocats des différents parties. Avec, à la clef, un report de procès retentissant.


Maud VALLEREAU

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