"13-Novembre, le retour à la vie" : quatre victimes au "courage surhumain" sur le chemin de la résilience

Propos recueillis par Matthieu DELACHARLERY
Publié le 5 novembre 2020 à 13h15, mis à jour le 9 novembre 2020 à 11h46
13 Novembre : le retour à la vie - Un reportage d’Emilie LançonImage : Francois Gagnant - Guillaume Viart - Julien NativelMontage : Jérôme Prouvost Production : Elephant & Cie
131 morts, 413 blessés. Les attentats du 13 novembre 2015 sont les plus meurtriers que la France ait connus. Lors de ces attaques terroristes coordonnées au stade de France, sur les terrasses des cafés de l’Est parisien et au Bataclan, le pays a connu l’horreur. Mais une fois l’émotion nationale passée, que deviennent les victimes ? Depuis 5 ans, dans l’ombre, toutes essaient de se reconstruire. Un travail long et douloureux à la hauteur du traumatisme qu’elles ont vécu.
13 Novembre : le retour à la vie - Un reportage d’Emilie LançonImage : Francois Gagnant - Guillaume Viart - Julien NativelMontage : Jérôme Prouvost Production : Elephant & Cie 131 morts, 413 blessés. Les attentats du 13 novembre 2015 sont les plus meurtriers que la France ait connus. Lors de ces attaques terroristes coordonnées au stade de France, sur les terrasses des cafés de l’Est parisien et au Bataclan, le pays a connu l’horreur. Mais une fois l’émotion nationale passée, que deviennent les victimes ? Depuis 5 ans, dans l’ombre, toutes essaient de se reconstruire. Un travail long et douloureux à la hauteur du traumatisme qu’elles ont vécu.

INTERVIEW - Ils s'appellent Pierre, Fanny, Patricia et Jean-Luc. Leur point commun : tous ont dû apprendre à vivre et trouver en eux-mêmes la force d’avancer après les attentats du 13-Novembre. Ce dimanche 8 novembre, à l'occasion du triste anniversaire de cette tragédie, TF1 diffuse un documentaire exceptionnel racontant ce que deviennent les victimes et comment elles se reconstruisent. Sa réalisatrice, Emilie Lançon, répond à nos questions.

131 morts, 413 blessés. Les attentats du 13-Novembre 2015 sont les plus meurtriers que la France ait connus. Lors de ces attaques terroristes coordonnées au stade de France, sur les terrasses des cafés de l’Est parisien et au Bataclan, le pays a connu l’horreur. Mais une fois l’émotion nationale passée, que deviennent les victimes ? 

Pierre, Fanny, Jean-Luc et Patricia sont tous liés indirectement par ces événements. Entre résilience et devoir de mémoire, quatre incroyables destins unis par une même tragédie. Depuis cinq ans, dans l’ombre, ils essaient de se reconstruire. Un travail long et douloureux, à la hauteur du traumatisme qu’ils ont vécu. Tous ont dû trouver en eux-mêmes la force d’avancer. Dans "13 novembre, le retour à la vie",  qui sera diffusé ce dimanche 8 novembre à 13H40 dans l'émission Grands Reportages de TF1, la réalisatrice Emilie Lançon les a suivis dans leur intimité et leur combat pour retrouver goût à la vie. Elle nous raconte les dessous de ce documentaire.

LCI : A-t-il été difficile de convaincre des victimes de témoigner ?

Emilie Lançon : J'ai fait appel à deux associations de victimes. 13onze15 Fraternité et vérité, qui regroupe des parents endeuillés, et une autre qui rassemble des rescapés du Bataclan, Life for Paris. Grâce à eux et par le bouche-à-oreille, j’ai pu échanger avec des dizaines de victimes. Même celles qui vont mieux aujourd'hui ne veulent pas forcément en parler. En participant au film, elles craignaient d'être exposées. Et pour celles qui ne vont pas bien, c'est encore plus difficile. La plupart ne m'ont pas donné leur accord tout de suite. On a beaucoup discuté avant le tournage. C'était important pour moi que cette aventure leur apporte quelque chose à elles-aussi.

Comment avez-vous sélectionné les quatre témoins Pierre, Fanny, Jean-Luc et Patricia ?

Même s'ils sont liés par ces événements, chacun d’entre eux a une histoire différente. Il me semblait indispensable d’avoir quelqu’un qui a perdu un proche. Et de la même manière, quelqu’un qui a été blessé lors de l’attaque. Je voulais aussi avoir quelqu’un qui a des blessures invisibles. Autrement dit, une personne qui s’en est sortie indemne mais pour qui cela n’est pas facile pour autant. Cela s’est fait au feeling. J’avais envie de raconter leur histoire. Quand on fait ce genre de film, il faut aimer les gens qu’on va suivre et filmer. 

Pouvez-vous nous les présenter en quelques mots ?

Patricia vit un deuil impossible. Elle a perdu sa fille unique, Précilia, au Bataclan. Pour que l'on n’oublie jamais les 131 disparus, Patricia s’est engagée dans une association de victimes qui est un peu devenue sa seconde famille. Comme beaucoup, elle attend encore de toucher la totalité des indemnités versées par le Fonds de garantie des victimes du terrorisme. 

Comme Fanny, Jean-Luc a des blessures invisibles, ce qu'on appelle le stress post-traumatique.
Emilie Lançon, journaliste et réalisatrice de "13-Novembre, le retour à la vie".

Atteint d’une balle de kalachnikov au Bataclan, Pierre a lui perdu l’usage de ses jambes alors qu’il avait 25 ans. Pour autant, il a décidé de se battre. Ce soir-là, il s’est vu mourir et il a pris le parti de continuer à vivre à 1000%. Avec sa compagne, il s’est même lancé dans une incroyable aventure : un tour du monde en fauteuil pour laisser les attentats derrière lui et se prouver que tout reste possible.

Cachée plusieurs heures dans les toilettes du Bataclan, Fanny n’a elle pas été touchée physiquement mais est très éprouvée psychologiquement, au point d’avoir un temps perdu goût à la vie. Petit à petit, grâce à des séances de plongée sous-marine thérapeutique et à son activité de clown dans les hôpitaux, Fanny, qui est comédienne, a repris le dessus. Grâce à la pièce de théâtre qu’elle a écrite sur les attentats, elle a trouvé le chemin de la résilience.

Le dernier témoin, Jean-Luc, a porté secours aux victimes de La Belle Equipe le soir des attentats. Il habite juste au-dessus de ce café-restaurant. Il est descendu pour porter secours aux victimes dès que les coups de feu ont cessé. Comme il avait son brevet de secourisme, il a pu effectuer les premiers gestes en attendant que les secours arrivent. Il a sauvé la vie à au moins une personne. Comme Fanny, Jean-Luc des blessures invisibles, ce qu'on appelle le stress post-traumatique.

Qu'est-ce qui est le plus dur pour eux aujourd’hui ?

Dans le film, Patricia dit cette phrase terrible : "Ma vie s'est arrêtée le 13-Novembre". Pour elle, ce sera toujours difficile de vivre sans sa fille. Elle sait que cette blessure sera présente en elle jusqu’à la fin de ses jours, ce qui ne l'empêche pas de se battre. Tous sont dotés d’un courage surhumain et font preuve de résilience même s'il est encore difficile, cinq ans après, de tourner la page. Fanny le résume ainsi à la fin du film : "J’ai essayé de transfigurer ce réel merdique en quelque chose de beau". Et c’est vraiment quelque chose dont chacun peut s’inspirer. 


Propos recueillis par Matthieu DELACHARLERY

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