Le mystère persiste autour des quatre ballons abattus au-dessus des États-Unis et du Canada, ces derniers jours.Certains y voient déjà la première étape d'une invasion extraterrestre.Une piste qui nourrit une vieille théorie des années 90.
Ils croient dur comme fer à une invasion extraterrestre… Sauf si celle-ci est annoncée par "le système". Depuis plusieurs jours, une théorie particulièrement alambiquée se propage dans les sphères complotistes. Face à l'annonce de nouveaux ballons aux origines mystérieuses abattus dans les airs par les États-Unis et le Canada, certains affirment que tout cela fait partie d'un "plan" bien ficelé. À savoir, le "projet blue beam". Si bien que le sujet était parmi les plus discutés sur Twitter dans la soirée du 13 février.
Une théorie née dans les années 90
Derrière cette expression anglophone, on retrouve une théorie née dans les années 90 dans l'esprit d'un certain Serge Monast. Ce Canadien, amateur d'hypothèses sur les Illuminati, était alors persuadé qu'avec l'appui des médias et du cinéma, le "pouvoir" allait orchestrer une invasion extraterrestre dans le cadre d'un plan machiavélique. Une illusion terriblement sophistiquée rendue possible par une technologie de pointe capable de "simuler une invasion extraterrestre à travers des hologrammes à optique tridimensionnelle", comme le résume un compte désormais "certifié" sur Twitter. Objectif ultime ? "Éradiquer toutes les religions pour en faire une seule et unique."
Si la théorie reste encore marginale, elle a ses adeptes. À tel point que depuis le 12 février, le sujet a engendré près de 80.000 publications sur Twitter, d'après l'outil d'analyse Visibrain, et plus de 50.000 interactions sur Facebook.
Trente ans après, cette thèse ressurgit en réaction aux incertitudes qui entourent les aéronefs abattus depuis le 4 février sur le territoire américain. Car toutes les pistes, dont celle d'un engin espion, sont sur la table. Et aucune n'est écartée. Interrogé le dimanche 12 janvier au sujet de l'hypothèse d'une origine extra-terrestre, le chef du commandement de la Défense aérospatiale pour l'Amérique du Nord (Norad), Glen VanHerck, avait répondu ne "rien" exclure "à ce stade". Une précaution langagière détournée par les membres de certaines sphères complotistes qui en ont fait – à tort – le discours principal des autorités américaines. Les clarifications arrivées dès le lendemain par Washington, qui a tenu à assurer publiquement que les objets volants n'étaient pas d'origine extraterrestre, n'ont pas suffi à calmer l'agitation sur les réseaux sociaux.
La mécanique du complot à l'œuvre
Mais au lieu de voir dans les propos de Glen VanHerck la preuve d'une présence extra-terrestre sur notre planète, défendue par les "ufologues" depuis plusieurs années, le complotisme a atteint son paroxysme. Certains affirment que les aliens sont utilisés par "les élites" pour tenter de capter l'attention de la population. "Ils se nourrissent de cette précaution, qu'ils détournent pour inventer un propos qui devient le support de leurs fantasmes", analyse ainsi Tristan Mendès France. Une sorte de "complotisme au carré", ironise le maître de conférences associé à l'Université de Paris, spécialisé dans les cultures numériques.
Une manière de contrecarrer le narratif du prétendu "système" médiatique et politique très courante chez ceux qui s'auto-proclament "chercheurs de vérité". Et qui fait partie intégrante des mécaniques du complotisme à l'œuvre depuis le début de l'épidémie de Covid-19. "Ce sont les mêmes populations qui ont gagné en traction avec les vaccins, dont une partie de l'audience s'est cumulée sur l'Ukraine et qui désormais basculent sur cette histoire", explique auprès de TF1info Tristan Mendès France. Leur discours s'appuie sur un schéma supposant que "que tout est lié", selon l'expression consacrée, avec pour finalité "une soumission totale des peuples".
Cette actualité autour des objets volants non identifiés est donc instrumentalisée par certains membres de la sphère complotiste, dans le but de renforcer leur audience, voire de l'élargir. Ils deviennent dès lors les plus grands critiques de la thèse d'une présence extraterrestre sur notre planète. Eux qui la défendaient encore, il y a quelques semaines.
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