RÉCLAMATION - C'est l'heure des comptes : des centaines d'étudiants estiment que la prestation assurée par leur école durant le confinement n'a pas été à la hauteur des frais de scolarité réglés en début d'année, et réclament un remboursement.
Ils ont payé leur année d'étude plusieurs milliers de dollars ou d'euros, pour se retrouver seuls au second semestre. Dès mars, en France comme aux Etats-Unis, de nombreux étudiants ont dû quitter les bancs de leur école et les bibliothèques de leur université pour se confiner chez eux. Techniquement, les cours devaient continuer. Mais dans les faits, depuis trois mois, rares sont les établissements à avoir proposé un enseignement à distance satisfaisant.
Sur les réseaux sociaux, étudiants et parents d'élèves mentionnent des cours se résumant à des PDF envoyés par mail, des dossiers à rédiger dans leur coin, sans interaction avec les professeurs ni réel retour sur leur travail. Lâchés derrière leurs ordinateurs, ils estiment que le contrat de confiance a été rompu et réclament aujourd'hui le remboursement de leur frais de scolarité. Surtout lorsqu'ils sont très élevés, comme aux Etats-Unis.
Une demande grandissante aux Etats-Unis
Déjà fin mai, plus de 50 écoles et universités américaines faisaient face à des attaques en justice d'étudiants. Ils exigent le remboursement des frais de scolarité ou des frais de pensionnat, étant donné que la plupart, venant d'un autre Etat, ont continué de payer leur chambre universitaire malgré la fermeture des campus. Les célèbres universités de Columbia à New York, de Brown ou d'Harvard font partie des concernées, selon un article d'ABC. A chaque fois, les plaignants justifient leur démarche juridique par le fait que la qualité de l'enseignement virtuel n'était pas à la hauteur des promesses - et des prix - de leur école.
L’avocat américain Steve Berman a été missionnée par des étudiants de plusieurs universités pour déposer leur plainte. Il y regrette que "des étudiants ayant payé pour une expérience académique globale se voient proposer une expérience en ligne sur Google ou Zoom", rapporte dans son enquête Stéphanie Le Bars, correspondante pour Le Monde à Washington. Au delà de payer bien trop cher pour des cours en ligne, des milliers d’étudiants ayant signé des pétitions en ce sens regrettent aussi d'avoir été privés de la vie sur le campus : les séminaires, activités sportives, soirées étudiantes qui font partie de l'expérience et justifient normalement les coûts faramineux. Pour lesquels la majorité ont contracté un prêt bancaire.
Des pétitions dans plusieurs écoles en France
En France, le mouvement est plus éparse, mais certains groupes d'étudiants n'ont pas hésité à monter des pétitions pour faire entendre leurs revendications. Plus de 250 étudiants de l’Université catholique de l’Ouest (UCO) réclament un dédommagement financier après avoir "constaté qu'en ce temps de crise, [ils n'étaient] pas du tout accompagné.s dans la suite de [leur] année". Depuis le confinement, "nous n'avons plus accès au matériel de l'université, la moitié de nos cours n'existe plus, nous n'avons que très peu de cours en visioconférence ni de suivi concret et correct de la part d'une grande partie de nos enseignants", écrivent-ils dans une pétition. Un réel problème, alors que "nous payons en moyenne minimum 2900e par an, 3600e en licence Information communication", rappellent-ils à l'UCO. "Ces chiffres ne doivent pas être pris à la légère. Pour beaucoup d'entre nous, ce montant représente un sacrifice".
Même demande de la part de 350 étudiants de l'Académie d'Art Dentaire Isabelle Dutel, à Paris. Bien que conscients de la situation sanitaire, ils attirent l'attention de leur école sur le fait que leur cursus comporte normalement "une grande partie de cours manuels, donc liés à de la pratique, si ce n'est quotidienne, tout du moins hebdomadaire". Or depuis le 17 mars et encore au moment de la rédaction de la pétition, début mai, les étudiant n'ont reçu "que des cours liés à la théorie et à l’économie", avec par ailleurs "très peu de documents, voire aucun". Ils regrettent que "les devoirs envoyés ne reçoivent pas de corrections, ni de commentaires" et qu'une "majorité des demandes et questions envoyées aux professeurs et directeurs de l’établissement restent sans réponse". Dans leur pétition, ils invoquent un article de leur contrat avec l'école privée pour réclamer un remboursement "des sommes payées au titre des prestations de formation non effectuée".
Aucune école n'y consent, pour l'instant
Aux Etats-Unis, les universités refusent pour l'instant toutes les demandes de remboursement des frais d'inscription, selon Le Monde et ABC, considérant que leurs diplômes conservent toute leur valeur malgré un enseignement virtuel. Certaines ont cependant accepté de leur reverser une partie des dépenses pour l'hébergement et la restauration.
Même réponse en France, lorsque les étudiants ou les familles arrivent à en avoir une. Selon les informations du Figaro Etudiant, l’Université catholique de l’Ouest, l'école de commerce Rennes School of Business ou encore l'école de management EM Strasbourg, principalement visées par des demandes de remboursement, ont refusé la requête de leurs élèves. "Le contrat moral qui nous relie à nos étudiants est basé sur la qualité du diplôme (...) Nous considérons que pendant la période du confinement, nous avons trouvé des solutions permettant de ne pas affecter la qualité des diplômes. C’est pourquoi nous avons donc rejeté ces demandes", s'est justifié Herbert Castéran, directeur général de l’EM Strasbourg.
Si vous êtes un/une étudiante en France, ou un/une parent d'élève, ayant entamé une démarche de demande de remboursement de frais de scolarité auprès de votre université ou école privée, votre témoignage nous intéresse : temoins@lci.fr
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