Que disent les chiffres de l'IGPN sur les violences policières ?

Publié le 29 novembre 2020 à 22h23
Intervention des forces de l'ordre durant une manifestation des Gilets jaunes, le 12 septembre 2020.

Intervention des forces de l'ordre durant une manifestation des Gilets jaunes, le 12 septembre 2020.

Source : GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

STATISTIQUES - Pour le directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, la "quasi-totalité" des policiers ont "un comportement irréprochable". Qu'en disent les chiffres de l'IGPN ?

Pour Gérald Darmanin "l'immense majorité" des forces de l'ordre font, "un travail admirable". Pour Frédéric Veaux, "la quasi-totalité" d'entre eux ont un comportement "irréprochable". Des propos qui apparaissent être en contradiction avec les violences policières notamment dénoncées lors des manifestations qui ont eu lieu en France ce samedi 28 novembre. Pourtant, comme l'a relevé le ministre de l'Intérieur ce jeudi 26 novembre, sur les "trois millions d'opérations de police" annuelles, seules "0,3% donnent lieu à un signalement".

9500 signalements en 2019

De fait, selon le dernier rapport de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) il y a eu 9564 signalements en 2019. Ce qui représente bien 0,32% de ces millions d’interventions citées par le locataire de la place Beauvau. Raison pour laquelle le directeur général de la Police national regrette dans un entretien accordé au JDD que les policiers qui "travaillent de manière professionnelle, honnête, responsable" vont devoir subir "les conséquences" du comportement de ces "délinquants" qui ont passé à tabac un producteur de musique à Paris.

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Il faut cependant noter que ces données sont issues des documents de la police des polices, régulièrement accusée de laxisme sur le sujet des violences policières. Comme le rappelait Sebastian Roché, chercheur au CNRS, si le "professionnalisme" des 285 agents de l'IGPN, choisis après "une sélection très forte", n'est pas en cause, la dépendance statutaire de cette instance vis-à-vis du pouvoir politique pose problème. Notamment car sa directrice est nommée par le ministre de l'Intérieur, "qui peut décider de la révoquer à tout moment"

Explosion des signalements

A noter également que si ces chiffres tendent à relativiser les violences policières, celles-ci apparaissent tout de même en nette hausse. En France, l'activité de l'institution créée en 1854 a en effet explosé en 2019, notamment avec le mouvement des Gilets jaunes débuté mi-novembre 2018. L'IGPN a en effet été saisie d'un nombre inédit d'enquêtes judiciaires (1460) en hausse de près de 24% par rapport à l'année précédente, et dont plus de la moitié ont porté sur des "violences volontaires" de la part des forces de l'ordre. Ces violences ont bondi d'ailleurs de 41% par rapport à 2018. Jusque-là assez méconnue, l'institution est désormais largement contactée. Le nombre de signalements par des particuliers ont aussi augmenté. Réalisés essentiellement par internet et téléphone, ils ont bondi de 26% en 2019.


Felicia SIDERIS

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