CIRCULATION - Au bout de sa phase d'expérimentation, la limitation à 80 km/h de la vitesse sur certaines routes, mesure qui a déchaîné les passions, affiche un bilan tronqué par les crises affrontées par l'exécutif.
Ce mercredi 1er juillet, cela fait deux ans, jour pour jour, qu'a été abaissée de 10 km/h la limitation de vitesse maximale sur les routes secondaires à double sens sans séparateur central, et ce n'est pas un joyeux anniversaire. Au bout de cette phase d'expérimentation censée établir un premier bilan, force est en effet de constater que la mesure, touchant 400.000 kilomètres, soit 40% du réseau routier, et qui a en partie déclenché la crise des Gilets jaunes, a beaucoup souffert des destructions de radars, des grèves dans les transports, puis du confinement.
Ces deux dernières années, le Premier ministre Edouard Philippe a porté contre vents et marées ce dispositif visant à sauver "300 à 400 vies par an". Mais la mesure devait prouver son efficacité dans ce laps de temps, puisqu'une clause de revoyure au 1er juillet 2020 avait été introduite. Pour l'heure, entre l'imminence d'un remaniement gouvernemental dont pourrait faire les frais Edouard Philippe, la crise socio-économique et sanitaire, et la possibilité récemment annoncée d'abaisser à 110 km/h la limitation de vitesse sur autoroute, Matignon indique juste à l'AFP que "le Premier ministre s'exprimera lorsqu'il disposera des travaux de conclusion des deux années d'expérimentation" des 80 km/h.
"Pragmatisme" ou "bon sens" ?
Ces travaux, confiés par la Sécurité routière au Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), sont toujours en cours, car ils doivent prendre en compte la brutale chute de la mortalité routière liée au confinement (-39,6% en mars, -55,8% en avril, -15,6% en mai). "Faut-il neutraliser les deux mois de confinement ? Si oui, comment ? Sinon, comment répercuter l'effet induit sur la mortalité ? C'est en réflexion, pour proposer le bilan le plus honnête possible, sachant que c'est un sujet de controverse", indique à l'AFP une source proche du dossier.
"Le pragmatisme voudrait qu'on prolonge l'expérimentation, alors que le bon sens pousse à dire que la mesure n'a pas marché puisque nous n'avons pas eu l'économie des 400 ou 450 vies promises par an", synthétise, pour sa part, Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes. De son côté, la Sécurité routière estime que les routes où la vitesse a été abaissée à 80 km/h contribuent pour 90% à la mortalité hors agglomération et hors autoroute. Et qu'elles avaient concentré, en 2017, 55% des accidents mortels.
Anne Lavaud, déléguée générale de la Prévention routière, considère, elle, que le seul bilan "qui a fait preuve de son efficacité est celui du deuxième semestre 2018". Pendant lequel 127 vies ont été épargnées en France métropolitaine, hors agglomération et hors autoroute, par rapport à la moyenne des deuxièmes semestres de 2013 à 2017. Pour elle, tout bilan après cette date "n'a aucun sens car tous les paramètres du dispositif" ont ensuite changé avec d'abord, à partir de décembre 2018, les destructions de radars liées à la crise des Gilets jaunes. Puis, face aux violentes réactions, les députés ont assoupli le dispositif, en juin 2019, en offrant possibilité aux départements de relever la vitesse maximale à 90 km/h.
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