HISTOIRE - Proclamée en 1999 par l’ONU, cette journée était célébrée dès 1981 à la mémoire de trois sœurs caribéennes, opposantes politiques au dirigeant de la République dominicaine assassinées en 1960.
Depuis samedi 20 novembre, des rassemblements ont eu lieu ou sont prévus dans toute la France pour protester contre les violences sexuelles, un calendrier de mobilisation qui courra jusqu'au 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Samedi dernier à Paris, une manifestation lancée à l'appel du collectif féministe Nous Toutes a rassemblé 50.000 personnes selon les organisateurs, 18.000 selon la préfecture de police.
Depuis 1981, cette date du 25 novembre a été balisée comme journée de lutte contre la violence sexiste, avant qu’elle soit reconnue officiellement en 1999, détaille l’ONU sur son site. Un jour choisi à la mémoire de trois sœurs militantes, Patria, Minerva et María Tereza Mirabal, qui ont été brutalement assassinées en République dominicaine le 25 novembre 1960.
Trois sœurs symboles du combat pour la liberté
Un meurtre commandité par le dirigeant de l’époque, Rafael Trujillo, dictateur au pouvoir entre 1930 et 1961 et connu pour avoir traqué et réprimé dans le sang ses opposants politiques, par le biais d'une police militaire omniprésente. Cet hommage avait été décidé par des militants des droits des femmes en Colombie, relève Libération.
Les biens de la famille de ces trois sœurs, filles d'un commerçant aisé, avaient été confisqués par le dictateur, et deux d'entre elles, Minerva et María Teresa, mariées à des opposants, ont été emprisonnées, battues et violées à plusieurs reprises. Minerva aurait refusé les avances du dirigeant, s'attirant sa colère. Après avoir été condamnées en mai 1960 à trois ans d'emprisonnement pour atteinte à la sécurité de l’État, toutes deux sont libérées trois mois plus tard à la suite d'une grâce présidentielle.
Mais le répit sera de courte durée. "J'ai deux ennemis, l'Église catholique et les sœurs Mirabal", avait un jour déclaré Trujillo, rapporte Le Parisien. Le 25 novembre, rentrant chez elles en voiture après avoir rendu une courte visite à leurs maris dans la prison où ils sont détenus, Minerva et María Teresa, ainsi que leur sœur Patria et leur chauffeur, sont arrêtées sur une route de campagne et violemment assassinées à coups de machette par des militaires, sur ordre du dictateur.
Une seule sœur de la fratrie, qui n'était pas dans le véhicule, est épargnée : Belgica Adela Mirabal, surnommée doña Dédé, qui honore depuis leur mémoire chaque année à cette date et a élevé les enfants des défuntes.
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Une journée proclamée officiellement par l'ONU en 1999
C’est cet acte barbare qui provoque finalement la chute de Trujillo, qui perd le soutien des États-Unis et est abattu l’année suivante par un groupe de militaires dissidents, qui profite de l’appui de la CIA, poursuit le quotidien. Surnommées Las Mariposas, "les papillons", les trois sœurs sont quant à elles érigées en symboles du combat contre la dictature lors de la chute du régime.
Il faudra attendre 1999 pour que l’Assemblée générale de l’ONU proclame officiellement le 25 novembre comme Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. L’institut appelle depuis cette année-là chaque année les gouvernements, les organisations internationales et les ONG à se mobiliser à cette date pour sensibiliser l’opinion publique aux violences sexistes.
Cette décision se situe dans la lignée de l’adoption par l’ONU, en 1993, de la "Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes", qui détaille tous les visages que peut prendre cette violence : "Tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques". Le texte enjoint les pays à condamner et lutter contre ces sévices.