Radicalisation : assignés à résidence, ils entraînaient pourtant le club de foot de Lagny-sur-Marne

Anaïs Condomines
Publié le 17 novembre 2017 à 13h09, mis à jour le 17 novembre 2017 à 22h09
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Source : Sujet JT LCI

TROUBLANT - La mairie de Lagny-sur-Marne a découvert, au mois d'octobre, que deux entraîneurs au sein du club local de football étaient assignés à résidence dans le cadre de l'état d'urgence. L'un pour des faits en lien avec le terrorisme, l'autre pour des soupçons de liens avec la mouvance radicale.

La surprise était de taille. Mi-octobre 2017 : la mairie de Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne) découvre que deux entraîneurs auprès des seniors du club de foot local, l'union sportive Lagny Messagers, sont en fait, depuis plusieurs mois, assignés à résidence. Le premier pour des soupçons de liens avec le terrorisme, le second pour des faits en lien avec le terrorisme, dévoilent nos confrères du Figaro.

Keita Gaoussou, assigné à résidence depuis décembre 2016 dans le cadre de l'état d'urgence, a quitté ses fonctions au sein du club le 25 octobre dernier, date à laquelle il a été condamné à seize mois d'emprisonnement pour non-respect de son assignation à domicile. Nabil Aissaoui, quant à lui, a été remercié le 12 novembre dernier après que le club a été alerté par les services de la mairie. Le trentenaire avait notamment été condamné en juin 2017 à douze mois de prison avec sursis pour avoir organisé une école coranique clandestine. 

Expérience déradicalisation en milieu ouvert : présentation du dispositifSource : Sujet JT LCI
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À l'époque, l'AFP avait pu consulter des "notes blanches" des services de renseignement. On y apprenait que l'ancien fidèle d'une mosquée dite "radicale" et interdite à Lagny était soupçonné d'avoir aidé l'imam controversé Mohamed Hammoumi à prendre la fuite vers l'Egypte. 

Le club "ne connaissait ni leur passé, ni leurs activités"

Du côté de la mairie, Pierre Tebaldini, directeur du cabinet du maire UDI, confirme les faits à LCI : "On a détecté que deux entraîneurs du club de foot étaient connus des services de police pour des faits de radicalisation. On a gentiment dit au club que ce n'était pas possible, et les responsables ont décidé de se séparer de ces deux personnes. Mais il n'existe pas de mesures pour faire en sorte qu'ils ne reviennent pas, d'autant qu'apparemment, ils jouaient un rôle de pacificateur." Et notre interlocuteur de nous préciser : "L'Etat est en train d'évaluer la situation à cet égard." 

Quant au club, connaissait-il le passé des deux entraîneurs ? Le responsable de l'école de foot, contacté par LCI, nous assure que non : "Je les avais croisés une fois ou deux en assemblée générale, mais je ne connaissais ni leur passé, ni leurs activités. Par ailleurs, d'après les retours qu'on m'a faits, ils se comportaient de manière très correcte." Le reponsable, précisant que les deux hommes n'ont "jamais été en contact avec des jeunes", assure que le club a décidé de s'en séparer immédiatement après la réunion auprès de la mairie. 

S'il a bravé son assignation à résidence, c'est pour aller travailler
Me Raphaël Kempf

En attendant, Raphaël Kempf, avocat de Keita Gaoussou, nous confirme que son client dort actuellement derrière les barreaux. Mais il conteste formellement les "interprétations qui sont formulées dans la presse sur les faits reprochés" à son client. "Keita Gaoussou n'a jamais été inquiété pour une infraction pénale d'ordre terroriste", explique-t-il à LCI. "Il a été assigné à résidence parce que le ministère de l'Intérieur a estimé qu'il avait un comportement dangereux. Des recours pour contester cette décision sont en cours." Il ajoute : "S'il a bravé son assignation à résidence, c'est pour aller travailler en tant qu'instituteur dans une école privée musulmane à Clichy-sous-Bois. Il n'avait plus les moyens de subvenir à ses besoins en restant à Lagny."

Auprès du Figaro, l'un des deux ex-entraîneurs, Nabil Aissaoui réagit : "On a réécrit nos vies, et je n'ai rien à voir avec les attentats que je condamne. Si j'étais si dangereux, pourquoi ne pas me mettre en prison ?"


Anaïs Condomines

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