REPORTAGE - Rassemblement contre l'antisémitisme à Paris : "On n'a rien entendu, mais au moins on est venu"

Publié le 19 février 2019 à 22h23, mis à jour le 19 février 2019 à 22h42
REPORTAGE - Rassemblement contre l'antisémitisme à Paris : "On n'a rien entendu, mais au moins on est venu"

MANIFESTATION – Plusieurs milliers de personnes, anonymes ou personnalités politiques, se sont réunies ce mardi place de la République à Paris à l'occasion d'une manifestation contre l'antisémitisme. Si certains jugeaient l'organisation de l'événement imparfaite, personne ne regrettait sa participation.

"Les tombes profanées aujourd'hui, ça a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. On se demande si ça va s'arrêter. Alors oui, pour nous c'était impossible de ne pas venir ce soir", commente Paul, venu avec femme et enfants au rassemblement organisé à Paris contre l'antisémitisme. Evelyne cite les événements récents pour expliquer elle aussi sa présence : "Les croix gammées sur le visage de Simone Veil, le tag 'Juden' sur la boutique de bagel, et les arbres d'Ilan Halimi… On va où là, c'est un monde de fous !"

Comme eux, le public est arrivé progressivement, dès 18 heures, jusqu'à remplir la place de la République. C'est là, à une des extrémités du site, qu'un petit podium avait été installé, ainsi qu'un périmètre de sécurité, pour que les responsables politiques annoncés puissent circuler.  

La maire de Paris, Anne Hidalgo (PS), son prédécesseur Bertrand Delanoë, le chef de file de Génération-s, Benoît Hamon, la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse (LR), le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, François Hollande, ancien président de la République, des députés LaREM et des représentants de la France insoumise ont notamment été aperçus, sans pour autant être entendus. 

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Des messages à faire passer

"C'est un rassemblement apolitique. Il ne s'agit pas d'une tribune pour qui que ce soit. Personne ne doit faire de la récupération, on est là pour dénoncer des actes et appeler au calme et à la paix. Les événements récents rappellent l'horreur d'un ancien temps. C'est inadmissible, il faut que cela cesse", insiste Simon. 

Mathilde, 22 ans, militante de SOS Racisme, tenait à être là. "Je fais de la prévention dans les collèges et les lycées. Je vois les préjugés chez certains enfants et adolescents, les fausses idées qui circulent… Non, les juifs n'ont pas plein d'argent, non, les juifs ne sont pas radins, il faut arrêter. Il faut que les jeunes comprennent cela."

Pierre a tenu à mettre son gilet jaune. "Moi, j'ai pas peur. Je mets mon gilet ici parce que beaucoup croient que nous sommes antisémites. Bah non, pas moi ! Ça n'est pas parce que certains dans le mouvement sont idiots que c'est le cas de tout le monde. Moi, je voulais être ici. Les croix gammées, les insultes contre Finkielkraut et toutes ces choses horribles, j'ai rien à voir avec tout cela."

"C'est déjà fini?"

Au pied de la statue, on échange les points de vue, on commente l'actualité, et on attend les prises de parole. Au micro, un homme lance : "Reculez, il faut que les enfants puissent commencer". Apparemment, trop de personnes sont massées contre les barrières de sécurité. On entendra, au milieu de la place, quelques mots des poèmes et des textes lus par des enfants, puis une "Marseillaise". 

Puis plusieurs personnes près de la scène commencent à braver la foule pour quitter les lieux. "C'est déjà fini ?", s'étonne une dame d'un certain âge. "On n'a rien entendu, on n'a rien vu, mais au moins on a fait acte de présence, on est venu. C'était cela le plus important". 

Il y aura eu des mots de Simone Veil, du Primo Levi et d'autres extraits de textes encore. Plusieurs sont déçus que le rassemblement n'ait pas duré plus longtemps, qu'il n'y ait pas eu des lectures de Sartre, par exemple, "Réflexions sur la question juive" notamment. Mais personne ne regrette d'être venu. "Il fallait le faire. Il y a trop d'enjeux", souffle Antoine avant de quitter les lieux comme tout le monde. 


Aurélie SARROT

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