La sortie d'une élue parisienne provoque des moqueries depuis jeudi.Douchka Markovic, du Parti animaliste, a proposé de remplacer le mot "rat" par "surmulot".Derrière ce terme "moins connoté négativement", le souhait de "changer de paradigme" sur ce rongeur.
Apprendre à "vivre avec". Réunis ce jeudi 7 juillet, les élus du Conseil de Paris ne parlaient pas du virus du Covid-19, mais d'une autre épidémie dans la capitale : les rats. Interpellée sur la prolifération des rongeurs dans la ville, une représentante du Parti animaliste au Conseil de Paris a eu une réaction particulièrement inattendue, suscitant de nombreuses réactions. Face à cette problématique, Douchka Markovic a invité à valoriser la place du rat dans la ville.
Conseil de Paris. Un conseiller d'opposition ( @Paul_Hatte ) s'alarme de la prolifération de rats dans les logements sociaux. On lui rétorque qu'on ne doit pas dire "rat", connoté négativement, mais "surmulot". Et il faut "boucher les trous" pour les empêcher de remonter des egouts pic.twitter.com/AJHJUJe1xt — Emmanuelle Ducros (@emma_ducros) July 7, 2022
"Oui, la présence de rats peut être une difficulté lorsqu'ils se retrouvent dans nos logements ou nos caves", a reconnu la déléguée chargée de la condition animale auprès du maire du 18ᵉ arrondissement en guise d'introduction. Avant de rapidement prendre la défense de l'animal. À ses yeux, il convient tout d'abord de les appeler "surmulots" et non "rats". Un changement lexical qui n'a rien d'anodin.
Éviter les clichés sur les rats
Tout d'abord, il convient de rappeler que "surmulot" est bel et bien le nom de l'animal qui slalome entre les poubelles parisiennes une fois la nuit tombée. Comme l'a souligné Corentin Freyssinier, médiateur scientifique du Muséum de Bordeaux, il existe "plusieurs espèces rats dans le monde". Or, celle qui occupe aujourd'hui Paris et les grandes métropoles, c'est le "rattus norvegicus", aussi appelé "rat brun" ou ... "surmulot" ! "C'est son nom, tout simplement."
Déjà: pourquoi "surmulot"? Parce qu'il y a plusieurs espèces de rats dans le monde, et il y en a eu plusieurs en France. Celui qui occupe aujourd'hui Paris et les grandes villes, c'est Rattus norvegicus, ou Rat brun, ou... Surmulot. C'est son nom, tout simplement. — Corentin Freyssinier (@CorentinFrey) July 8, 2022
Mais alors pourquoi l'élue animaliste souhaite-t-elle distinguer chaque espèce ? Le nom de surmulot serait "moins connoté négativement", a-t-elle fait valoir devant le Conseil de Paris. Premièrement, il permet d'éviter la confusion avec l'un des pires fléaux de l'humanité : le "rat noir". Celui même qui a colonisé les villes et diffusé la peste à travers l'Europe. Or, son cousin le surmulot n'est absolument pas porteur de cette maladie.
Il est en revanche l'un des principaux réservoirs de la leptospirose, une maladie bactérienne, également présente chez d'autres animaux de compagnie, comme le chien, le chat et les cochons d'Inde. Rapidement diagnostiquée, elle est traitée par antibiotique.
Chaque année, un rongeur nous débarrasse de neuf kilos de déchets
Pierre Falgayrac, spécialiste des rats
Un changement lexical pourrait aussi permettre de "changer de paradigme", plaide Douchka Markovic, appelant à prendre en compte les bénéfices que peuvent apporter les surmulots, qu'elle décrit comme des "auxiliaires de la maîtrise des déchets".
"[Il faut] constater le rôle important joué par les surmulots au quotidien dans les égouts avec l’évacuation de plusieurs centaines de tonnes de déchets et le débouchage de canalisations." De fait, les rats des villes consomment "10% de leur poids par jour", nous expliquait il y a quelques anénes Pierre Falgayrac, spécialiste de ces rongeurs. Soit une consommation journalière "de 25 grammes". "Chaque année, un rongeur nous débarrasse de neuf kilos de déchets", notait alors l'auteur de l'ouvrage Des rats & des hommes.
Si l'on rapporte ce chiffre à la population estimée de rats à Paris (1,75 rat par habitant, d'après le spécialiste, soit 3,8 millions au total), cela représenterait quelque 95 tonnes de déchets par jour. Autant de détritus qui disparaissent des rues parisiennes. Sans aucun effort des pouvoirs publics.
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